LJUBLJANA – Des législateurs des pays de l’Alliance de l’Atlantique Nord ont, samedi, soutenu l’engagement des dirigeants alliés de porter à 5 %, pour 2035, la part du produit intérieur brut (PIB) consacrée chaque année au financement des besoins ayant trait à la défense proprement dite et aux autres dépenses liées à la défense et à la sécurité. 

« [L]es Alliés doivent coordonner leur force militaire et économique pour générer un élément de dissuasion puissant à l’encontre de tout ce qui présente une menace à la paix, à l’indépendance et à la stabilité des membres de l’OTAN », indique un projet de résolution approuvé par la commission de l’économie et de la sécurité (ESC) de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN (AP-OTAN). 

« [L]a coopération économique demeure une composante essentielle du partenariat transatlantique », ajoute le projet de résolution, qui devrait être avalisé par un vote de l’Assemblée, lundi, en séance plénière. « [D]es instruments de sécurité économique solides peuvent jouer un rôle clé en complétant les moyens militaires et politiques qui permettent traditionnellement d’atteindre les objectifs de sécurité des Alliés. » 

L’AP-OTAN tient sa session annuelle 2025 à Ljubljana, une session de quatre jours portant sur le renforcement de l’Alliance conformément aux décisions prises par les dirigeants des pays de l’OTAN lors de leur sommet du mois de juin à La Haye. 

Les parlementaires de l’Assemblée devraient rappeler la nécessité d’un soutien indéfectible en faveur d’une paix juste et durable en Ukraine, insister sur la menace autoritaire grandissante que représentent, pour la démocratie, la Russie et la Chine, et encourager les efforts entrepris par l’OTAN pour renforcer la sécurité dans les régions qui revêtent une importance stratégique, telles que la mer Noire, l’Arctique et les Balkans occidentaux. 

Établi par le sénateur néerlandais Bart Kroon, le projet de résolution de l’ESC formule une série de recommandations de politique générale invitant instamment les gouvernements des pays membres de l’OTAN à étendre la coopération industrielle transatlantique dans le domaine de la défense et à œuvrer à l’élimination des obstacles au commerce de matériel militaire entre les Alliés, à mobiliser des fonds privés au profit du secteur de la défense, à accroître la coopération aux fins d’appliquer les sanctions à l’encontre de la Russie, et à s’efforcer de ne pas mener de politiques qui portent atteinte au système multilatéral de commerce et d’investissement. 

Dans un autre rapport adopté par l’ESC, Neal Patrick Dunn, membre du Congrès des ÉtatsUnis, rappelle que la guerre illégale menée par la Russie contre l’Ukraine a révélé des vulnérabilités au niveau des bases industrielles de défense de l’Europe comme de l’Amérique du Nord. 

« Des deux côtés de l’Atlantique, [les Alliés] doivent moderniser leurs procédures de passation de marché en la matière, prioriser l’innovation et renforcer la coordination entre leurs industries de défense respectives », indique le rapport. À l’heure où la Russie augmente rapidement sa production de défense, « [l]es Alliés doivent augmenter considérablement leurs forces conventionnelles pour maintenir une défense crédible » et investir dans l’infrastructure de base pour « renforcer […] la préparation globale à la défense et garantir […] le déploiement efficace des ressources ». 

Les gouvernements alliés devraient garantir une « mise en œuvre rapide et coordonnée » des engagements de dépenses afin d’accélérer les achats dans le domaine de la défense, de stimuler l’innovation et d’augmenter la production industrielle, a déclaré Liam Benham, président de Boeing pour l’Union européenne, l’OTAN et les affaires gouvernementales en Europe, et président de la chambre de commerce étatsunienne auprès de l’Union européenne (AmCham EU), qui représente les entreprises américaines en Europe. 

« Seule une base industrielle militaire transatlantique solide permettra d’atteindre la rapidité, l’ampleur et l’innovation qu’aucun pays ni aucun petit groupe de pays ne peut générer à lui seul », a déclaré M. Benham à l’ESC. « La force de l’OTAN repose autant sur l’interopérabilité industrielle que sur le nombre de troupes. La coopération transatlantique est donc essentielle à la mission, et non facultative. » 

Parmi les menaces qui pèsent sur la sécurité des pays membres de l’OTAN, la sénatrice belge Viviane Teitelbaum épingle les campagnes de désinformation menées par la Chine pour déstabiliser, discréditer et affaiblir les pays alliés, campagnes qui se sont intensifiées. 

« Entre innovations technologiques rapides, infiltration des écosystèmes médiatiques locaux et synergies croissantes avec la Russie, la désinformation émanant de la R[épublique] [populaire de] C[hine] se propage de plus en plus loin et de plus en plus rapidement », prévient-elle dans un rapport adopté par la commission sur la démocratie et la sécurité (CDS). 

Pour y faire face, les Alliés devraient bloquer et sanctionner les entités et les individus chinois impliqués dans la diffusion de fausses informations, renforcer les campagnes d’éducation aux médias à destination des citoyens des pays de l’Alliance, investir dans la résilience de leurs institutions et coopérer avec les pays partenaires confrontés à la même menace. 

Les pays membres de l’OTAN doivent aussi se concentrer davantage sur les menaces émanant de l’Iran au Moyen-Orient et sur les défis pour la sécurité euro-atlantique, comme l’indique un rapport du parlementaire turc Utku Cakirözer

Ce rapport, présenté devant les membres de la commission de la défense et de la sécurité (DSC), examine comment les menaces que constituent le programme nucléaire iranien, le soutien de Téhéran au terrorisme, sa coopération dans le domaine militaire avec la Russie dans le cadre de la guerre d’agression que cette dernière mène contre l’Ukraine, et les liens étroits que l’Iran entretient avec la Corée du Nord et la Chine, pèsent directement sur la sécurité euro-atlantique. 

Le rapport préconise une réponse diplomatique unifiée et ferme. « Les Alliés doivent donner la priorité aux mesures susceptibles de contrer les agissements des membres de cet axe révisionniste en atténuant les répercussions des perturbations causées par leur coopération et en les empêchant de déstabiliser le système mondial », écrit M. Cakirözer. 

Ces défis planétaires qui menacent l’ordre international fondé sur des règles soulignent l’importance stratégique croissante des partenariats que l’OTAN a forgés ou forge avec les acteurs clés de la région, et la nécessité de déployer des efforts en faveur de la stabilité du voisinage méridional de l’Alliance. 

Alors que la Chine et la Corée du Nord appuient la Russie dans la guerre qu’elle mène contre l’Ukraine, un rapport du parlementaire grec Spyridon Kyriakis invite instamment les gouvernements des pays membres de l’Alliance à renforcer leur coopération industrielle de défense avec l’Australie, le Japon, la Nouvelle-Zélande et la Corée du Sud et à étendre la coopération en matière de sécurité à la région indo-pacifique dans son ensemble. 

« [Nous devons être] conscients de l’imbrication croissante entre sécurité européenne et sécurité dans l’Indo-Pacifique », écrit M. Kyriakis dans ce rapport rédigé pour la DSC. « Les membres de l’OTAN sont bien conscients des coûts économiques et sécuritaires communs élevés qu’entraînerait une dégradation soudaine de la sécurité dans la péninsule coréenne, sans parler de la question de l’indépendance de Taïwan. » 

Si l’Assemblée est, sur le plan institutionnel, distincte de l’OTAN, elle constitue un trait d’union essentiel entre cette dernière et les parlements de ses pays membres. Elle assure une plus grande transparence des politiques de l’OTAN et permet aux législateurs et aux citoyens de l’Alliance de mieux en percevoir les objectifs et les missions. En 2025, l’Assemblée célèbre 70 ans de diplomatie parlementaire

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