Publié12. octobre 2025, 10:43
Au Luxembourg: «Idéologie impitoyable»: Schockmel crée un tollé sur le féminisme
Le docteur et député DP Gérard Schockmel a publié samedi une tribune intitulé «Comment le féminisme domine le débat sur l’avortement», suscitant de vives réactions.

La présidente du DP, Carole Hartmann (à droite), a souligné que Gérard Schockmel (au centre) n’avait pas écrit cette tribune au nom du parti.
Foto: Editpress/Julien Garroy
«Triste et pathétique» pour Francine Closener, présidente du LSAP, «choquant» pour Colette Mart, conseillère communale DP. Le docteur et député DP Gérard Schockmel a publié samedi dans le Wort une tribune intitulé «Comment le féminisme domine le débat sur l’avortement», qui a suscité de vives réactions, dans les rangs de son parti et au-delà. Gérard Schockmel s’oppose ainsi à l’amendement proposant une liberté d’avorter, qui a été voté lundi en commission.
Le député soutient que le débat est dominé dans ce pays par «l’idéologie du féminisme: une idéologie impitoyable qui monte la moitié de la population (les femmes) contre l’autre moitié (les hommes), polarise et radicalise notre société, mettant ainsi en péril la cohésion sociale. Un féminisme qui réagit avec une haine et une intolérance profondes lorsque ses revendications sont remises en question. Un féminisme pour qui le droit à la vie de l’embryon humain est un chiffon rouge. Un féminisme pour qui le droit à l’avortement n’ira jamais assez loin». La présidente du DP, Carole Hartmann, a réagi auprès de RTL Luxembourg en soulignant que Gérard Schockmel n’avait pas écrit cette tribune au nom du parti. Elle précise qu’il existe des divergences d’opinions au sein du parti et que la liberté d’expression individuelle doit être respectée.
«L’égalité n’est pas négociable, jamais, par personne»
Yuriko Backes, ministre DP de l’égalité des genres et de la Diversité, estime de son côté que le féminisme est un mouvement «historiquement pertinent», mais «absolument nécessaire», qui lutte contre un «déséquilibre social: l’inégalité entre les sexes», qui, «il n’y a pas si longtemps», se manifestait également légalement ici au Luxembourg, que ce soit avec le droit de vote ou, par exemple, avec l’interdiction pour les femmes d’aller travailler sans l’autorisation de leur père ou de leur mari.
Pour sa part, la député DP Corinne Cahen, a partagé la publication de Yuriko Backes, en souligant que «l’égalité n’est pas négociable, jamais, par personne».
Francine Closener s’est dit elle stupéfaite qu’un député DP qui se dit social-libéral puisse tenir des propos «aussi misogynes». «À quel point la peur de l’égalité doit-elle être profonde?, lui demande-t-elle. De quoi parlez-vous lorsque vous qualifiez le féminisme d’idéologie radicale? À quel point devez-vous être inquiet lorsque vous remettez en question les droits des femmes et, par conséquent, les droits humains?»
De son côté, la députée LSAP Taina Bofferding a proposé avec ironie à Gérard Schockmel de lui prêter un livre sur le féminisme, en soulignant que «notre société a évolué depuis les années 1960».
Pour sa part, le député déi Lénk Marc Baum , qui met en avant le hashtag #Jesuisfeministe, écrit que Gérard Schockmel «démontre pourquoi nous devons absolument inscrire le droit à l’avortement dans notre Constitution: dans un article empreint d’un mépris flagrant pour les femmes et de fantasmes patriarcaux de domination, il montre que nous avons encore un long chemin à parcourir pour vivre dans une société égalitaire…».
Stéphanie Empain, présidente de déi Gréng, juge elle que le féminisme n’est pas une «dictature». «Le féminisme est une attitude qui nous libère tous, femmes ET hommes, relève-t-elle. Il ne s’agit pas de division, mais d’égalité des chances et d’égalité des droits».
(ol)