Publié14. octobre 2025, 21:44
Au Luxembourg: «Continuer à travailler et toucher une pension partielle à côté»
La Caisse nationale d’assurance pension s’est déplacée ce mardi dans le nord du pays pour permettre aux salariés de s’informer sur leur demande de pension.
«En Colombie, je ne devrais toucher une retraite que de 15 à 20 euros par mois, juste de quoi me payer un café», rit Myriam, qui est arrivée au Luxembourg en 1989 pour travailler dans l’hôtellerie. Cette habitante de Berlé (commune de Winseler, dans le nord du Luxembourg) a pris rendez-vous ce mardi pour un entretien au premier «Pensiounsdag» organisé à Marnach, afin de se renseigner pour faire sa demande de pension, dans le cadre d’une carrière mixte (carrière professionnelle effectuée dans plusieurs pays).
«Beaucoup de personnes de l’entourage (famille, amis) donnent des mauvaises infos», constate la femme de 60 ans, qui travaille actuellement dans un magasin de vêtements. Je me demande si le montant de ma pension sera calculé en fonction de mon dernier salaire ou en fonction de la période où j’étais au chômage (80% du salaire)».
«Il ne s’agit pas seulement de lire des informations générales sur MyGuichet.lu»
Au total, la Caisse nationale d’assurance pension (CNAP), dont le siège est situé à Luxembourg, va recevoir ce mardi, en entretien individuel de quinze minutes, près de 260 personnes au Cube 521. «La CNAP veut venir dans les régions du pays pour informer les gens sur les généralités sur l’assurance pension et pour les aider à agencer leur dossier de la meilleure manière pour leur demande de pension», explique Alain Reuter, président de la CNAP. L’établissement public luxembourgeois a eu l’idée d’organiser cette journée après la période du Covid, où les guichets étaient fermés.
«De nombreuses personnes n’arrivent pas à joindre la CNAP ou n’arrivent pas à s’informer convenablement sur comment préparer leur dossier», admet Alain Reuter. D’autant que la thématique des pensions a été très répandue ces derniers mois. Et comme il s’agit d’une démarche qui «dure un certain temps», les gens «veulent avoir des informations individuelles». «Il ne s’agit pas seulement de lire des informations générales sur MyGuichet.lu, souligne le responsable. Et on ne peut pas mettre à disposition tout le personnel de la CNAP pour répondre à toutes les questions ou à tous les appels téléphoniques».
«J’aimerais avoir du temps pour m’occuper de mes parents»
À ce titre, l’établissement public compte 226 équivalents temps plein. «Au total, 240 personnes travaillent à la CNAP, précise Alain Reuter. On prévoit d’augmenter notre effectif pour pouvoir servir les gens un peu mieux encore dans le futur».
Parmi les personnes croisées au «Pensiounsdag», la plupart ont fait des carrières mixtes. «C’est aussi le cas de trois quarts des personnes qui se présentent à notre guichet ou qui présentent leur demande de pension, note Alain Reuter. La procédure est beaucoup plus chronophage, car il faut attendre les réponses officielles auprès des caisses étrangères, avant de pouvoir définir la date précise de départ en retraite». Mais nous tombons aussi sur Elisabeth, 55 ans, qui a effectué toute sa carrière au Luxembourg. «Il me reste normalement trois ans de travail, explique l’habitante d’Erpeldange-sur-Sûre, qui a pris rendez-vous pour un entretien, mais qui se renseigne au guichet. Je veux voir quelles seront les conséquences financières si je prends ma retraite dès maintenant. J’aimerais en effet avoir du temps pour m’occuper de mes parents».
Vers la mise en place d’une retraite progressive
Martine Deprez, ministre CSV de la Sécurité sociale, qui a officiellement ouvert la journée, note justement que la transition entre la vie professionnelle et la retraite est «parfois difficile». «C’est ce qu’on a détecté lors de la consultation publique sur le système de pension, indique-t-elle. Voilà pourquoi on va mettre en place une retraite progressive qui n’est pas encore possible aujourd’hui. Aujourd’hui, quand on part en pension, on peut gagner quelque chose à côté, mais il y a des dispositions anti-cumul qui jouent. Alors que si on met en place la retraite progressive, on a l’assurance de pouvoir continuer à travailler et de pouvoir toucher une pension partielle à côté».
Alain Reuter précise de son côté que la logique est de pouvoir continuer à travailler à mi-temps et de toucher en parallèle une «demi-pension». La ministre indique que le texte a été déposé et que le processus législatif va être engagé, avec un vote espéré avant le 1er janvier 2026. Le projet de loi prévoit une entrée en vigueur le 1er juillet prochain.
Pour rappel, une préretraite progressive existe déjà dans le code du travail. Le salarié âgé d’au moins 57 ans, occupé depuis cinq ans minimum à 75% d’un temps plein, au moins, peut solliciter le bénéfice de la préretraite progressive. Mais il faut que le salarié ait droit à une pension légale au plus tard trois ans après le début de l’indemnisation en préretraite. De plus, elle est réservée aux salariés d’une entreprise rendue éligible à la préretraite progressive en vertu d’une stipulation expresse d’une convention collective de travail ou d’une convention spéciale conclue avec le ministère du Travail.
(ol)