Pesticides : comment nourrir la population sans les utiliser ? • FRANCE 24

14h30 à Paris. Place à votre rendez-vous derrière l’image. On prend le temps de décrypter l’info à partir d’une photo qui fait sens et on va la décrypter aujourd’hui avec vous Gabriel Marchud. Bonjour journaliste environnement à Z conversation France. Alors le cliché que vous avez retenu aujourd’hui est pas forcément évocateur au premier coup d’œil, on va le voir à l’écran. Vous venez nous parler du bio. Est-ce qu’on peut nourrir des populations sans utiliser de de pesticides ? Ça c’est une question qui est régulièrement relancée dans nos dans nos sociétés alors qu’on s’inquiète beaucoup. euh vis-à-vis des des effets de la sur la santé des récentes études scientifiques, on trouvait effectivement des des pesticides jusque dans les nuages et donc forcément dans la terre. Donc expliquez-nous ce cliché qui pourrait être mignon, répugnant à première vue d’œil. Moi, je trouve mignon. Mais racontez-nous ce qui se passe dans la terre et et chez ces verrs de terre. Tout à fait. Bonjour Ellisabeth. Bonjour à tous et à toutes. J’ai choisi aujourd’hui de partir du verre de terre. Alors, c’est un verre de terre qui a été pris en photo par un journaliste de la FP au Venezuela. Et ce verre de terre, il est dans la main d’un agriculteur qui produit du café sans pesticide. Et j’ai voulu vous montrer ça parce que littéralement cet agriculteur et ce verre de terre, il travaille en quelque sorte main dans la main parce que d’un côté les verrs de terre rendent d’immenses services à l’agriculture. Ils vont notamment aérer les sols, ce qui va permettre une meilleure circulation de l’eau, ce qui va être profitable au développement des racines des plantes. Les verres de terre vont aussi transformer la matière organique, donc les feuilles mortes, les déjections animales en un humus fertile pour la croissance des plantes. Donc cet agriculteur, il a d’immenses bénéfices à retirer de la présence de verre de terre sur son champ et il leur rend bien puisqu’il produit sans pesticides qui eux peuvent être dangereux pour la santé des lombriques. On nous dit quand il y en a beaucoup dans la terre, c’est bon signe. Tout à fait. Oui. Et les bienfaits de l’absence de pesticides s’arrêtent pas qu’au verre de terre. En fait, on les retrouve à tous les maillons de la chaîne alimentaire. Déjà, s’il y a beaucoup de verr de terre, ça va être profitable aux oiseaux qui se nourrissent de verr de terre. Il y a des études qui ont montré aussi que des poules qui étaient alimentées avec des produits bio faisaient des œufs en moyenne plus gros. D’autres études ont montré que pareil des perdr qui étaient alimentées avec des céréales produits sans pesticides avaient un meilleur système alimentaire. Et quand on remonte jusqu’à nous l’humain, on voit que les gens qui mangent régulièrement bio ont un baisse du risque d’obésité, de diabète de type 2 aussi de certains cancers comme le cancer du sein chez la femme ménopaée ou des lymphomes. On sait aussi que les pesticides peuvent aggraver le risque de cancer. Oui, l’inverse c’est aussi vrai, voire même criant dans certains cas, comme je vous propose de le voir avec ce sujet du média en ligne Hunter consacré aux antilles et aux pesticides du chlorécone. Aux Antill, le cancer de la prostate va enfin être connu comme une maladie professionnelle et ça c’est une bonne nouvelle. C’est aux Antilles qu’on identifie le plus fort taux de cancer de la prostate d’Europe et même du monde. Là-bas, 90 % de la population est contaminée à un pesticide dangereux, le chlore déconne. Cet insecticide interdit en France en 1990 a été utilisé de 1972 à 1993 pour traiter le charançon, un parasite des bananiers. Pour cultiver et exporter les bananes, la France a continué à appliquer le produit et longtemps repoussé son interdiction. Et pendant ce temps, l’Europe qui le reconnaît comme polluant environnemental depuis 2020 a toujours subventionné ses cultures. Pourtant, des centaines d’études ont montré la dangerosité de ce pesticide qui contamine tout, l’eau, les plantes, les animaux à travers les sols. Aux Antill, on n’hésite pas à parler de scandale d’État et ça fait des années que les militants se battent pour la reconnaissance des maladies professionnelles liées à l’exposition au clur d’éconnes. Et toi, tu trouves que c’est une bonne nouvelle demander ? Voilà. Alors, c’est vrai quand on voit tout ça, on peut se demander Gabriel pourquoi est-ce qu’on cultive encore avec des pesticides ? Bah, c’est la grande question, Elisabeth. Alors, d’abord, on peut rappeler que changer de pratique, c’est jamais anodin. Euh, ça peut faire peur. Euh, ça peut demander de se former à des nouvelles pratiques, des investissements financiers qui peuvent être coûteux, surtout si les agriculteurs sont pas euh soutenus et aidés dans cette démarche. Mais il y a un autre argument qui revient souvent quand on pose la question que vous me posez, c’est celui des rendements. En France, on entend souvent dire que une agriculture 100 % bio, ça pourrait être dangereux parce qu’on produirait moins et du coup, on devrait importer plus pour se nourrir. Est-ce que c’est vrai ? Alors, c’est compliqué euh à voir selon les cultures euh les exploitations, mais en moyenne, on peut dire que c’est notamment vrai euh et assez assez net sur les céréales, mais que oui, en moyenne aujourd’hui, pour l’instant, le bio a des rendements plus faibles, qu’il faudra donc plus de terre pour produire la même quantité de nourriture. Il y a un mai. Si on a toujours comme but ultime une alimentation saine pour l’humain et pour les écosystèmes, il y a quelque chose qu’on pourrait changer et qui pourrait libérer des terres qui permettrait de compenser ces rendements plus faibles du bio. Et qu’est-ce que c’est du coup ? Et bien Ellisabeth, c’est notre consommation de viande. C’est c’est ce qu’explique Michel Dur, un agronome de Linray dans un article de The Conversation. Il rappelle plusieurs choses. Déjà que en France, on consomme beaucoup de viande en moyenne, deux fois plus qu’il y a 100 ans. Euh, on en consomme aussi en excès par rapport aux recommandations et à nos besoins réels. Et cet excès de viande, il est délétaire pour la santé puisque il est lié à une augmentation de maladies chroniques de certains types de cancer. Donc déjà, pour rester en bonne santé, il faudrait manger moins de viande. Si on mange moins de viande, il y aurait moins d’élevage. L’élevage qui a lui aussi des effets délétaires sur l’environnement, vu que il aim beaucoup de gaz à effet de serre, que il peut polluer les sols, les eaux. S’il y a moins d’élevage, il y a des terres qui se libèrent et qui pourraient elles être converties en agriculture et donc permettre de généraliser une agriculture et une alimentation bio sans importer davantage que qu’on le fait actuellement. Et puis enfin, ça pourrait aussi avoir des bienfaits sur le plan économique que de généraliser l’agriculture et l’alimentation bio. Comment c’est possible si les rendements sont diminués ? Eh bien déjà parce que il y a une dépense qui baisserait euh c’est celle liée justement euh à cette hausse de maladie chronique et de certains cancers qu’on note. Et puis il y a une ligne de dépense qui elle disparaîtrait totalement, c’est l’achat d’engrais de pesticides euh qui viennent souvent de loin. Et cette dépense à elle seule, elle peut motiver certains agriculteurs à passer en bio. C’est le cas d’une agricultrice en Inde dans l’Andraprad, une région une région très sèche du sud de l’Inde que je vous propose d’écouter dans cet extrait de reportage de France 24. Il y a quelques années, la famille de Parvati était endettée jusqu’au coup. Comme beaucoup d’autres dans la région, elle empruntait et dépensait les gains de ses récoltes dans l’achat d’engrais de pesticides. En fonctionnant comme ça, nous dépensions plus que ce que nous gagnons. Donc, on n’ pas eu le choix. On a dû abandonner l’agriculture pendant 5 ans. Désormais, Parati et son mari consacrent une journée par semaine à la fabrication d’une centaine de kilos d’engrais naturel. On mélange 2 L de jus de feuilles de margousier, de la bou et de l’urine de vache et un petit peu d’eau et on laisse reposer 24 heures. Cet engrais naturel est entièrement fabriqué à base de ressources que Parvati possède déjà dans ces champs. Il faut bien remuer. Cette concoction fournit aussi à Parvati un revenu supplémentaire. Depuis 6 mois, je vends du fertilisant. Une fois la préparation prête, il n’y a plus qu’à la disperser dans les champs et attendre que la magie opère. Les techniques de base acquises Par Vati peut maintenant montrer l’exemple au reste de la communauté. Depuis un an, elle cultive un potager avec d’autres agricultrices de sa localité pour fournir des légumes à l’école du village et à d’autres habitants. La recette la mérite qu’on s’y arrête quelques instants parce qu’on a vu cette dame mélanger à la main quoi au juste ? Alors 2 L de jus de margousier, de la bouse et de l’urine de vache et un peu d’eau. En fait, il faut savoir que traditionnellement, c’est pas pour rien que souvent l’élevage et l’agriculture était couplé parce que en fait le fumier, c’est plein d’azote et l’azote, c’est nécessaire pour la croissance des plantes. Donc en fait, elle l’agriculture bio souvent revient à des méthodes connues depuis des millénaires qui permettent Ouais. Voilà. Mais donc en tout cas, on peut voir que cette agricultrice d’une part, elle a vu ses dépenses baisser, qu’elle a vu des nouveaux bénéfices émergés en pouvant vendre son propre engrais et ses rendements aussi, c’est dit plus loin dans ce même reportage de de France 24, ces rendements eux ont augmenté parce que tout simplement ces champs sont devenus plus résilients. Sans doute peut-être parce que en arrêtant d’utiliser les pesticides, beaucoup de verrs de terre ont peut-être dû revenir. Et donc du coup dans cette région très sèche de l’Inde, ces rendements sont plus grands. Autre bénéfice qu’on peut noter dans cet exemple et qui moi me semble particulièrement intéressant, c’est que on voit que en changeant son travail, elle permet d’avoir une action bénéfique pour sa propre communauté en pouvant également libérer du temps et un peu de place pour pouvoir nourrir une partie de son village elle-même. Et ça c’est quelque chose de crucial parce que changer de méthode c’est une chose. Mais encore faut-il que ça ait des bénéfices directs pour les premiers concernés à l’échelle locale. Hm. C’est pourtant ce qui se passe dans un autre état de de l’Inde. Oui, tout à fait. Alors, c’est un état qui s’appelle le Sikim qui lui est situé au nord de l’Inde. C’est un petit état dans les contreforts de l’Himalaya. Et euh cet état aujourd’hui est le sujet de beaucoup de d’attention à travers le monde parce que c’est un état 100 % bio. Alors, il est vrai que voilà, maintenant dans sa législation, il est interdit d’utiliser des pesticides. Euh c’est un coup de pub qui a été euh considéré comme un succès par beaucoup. Euh mais il y a un mai, il y a des zones d’ombre à ce succès que nous explique l’agronome Sébastien Mainville dans un autre article sur The Conversation. Cet agronome en fait nous explique que pour chercher la meilleure rentabilité avec cette contrainte de ne pas pouvoir utiliser des pesticides, beaucoup d’agriculteur du sikim se sont tournés vers la culture de la cardamom, une épice très prisée qui nécessite des conditions climatiques qu’on retrouve au sikim. Et en se spécialisant dans la cardamum, ils ont arrêté de produire certaines cultures vivrières comme le riz. On a vu comme ça voilà des chanderies ou des hectares consacrés au riz devenir euh des cultures de la Cardamom, sauf que la cardamom ça nourrit pas notre homme et que donc du coup pour leur propre population au sikim, ils se retrouvent obligés d’importer euh du riz et d’autres choses d’autres régions de l’Inde où euh où on utilise beaucoup de pesticides. Donc c’est une première zone d’ombre et une autre que note Sébastien Mainville dans son article, c’est que et bien ce coup de pub sur cette petite région indienne que il faut dire peu de personnes connaissaient avant qui est 100 % bio, ça a tiré des curieux. Donc le tourisme a augmenté, ce qui fait qu’aujourd’hui au SIKIM, on voit que certaines personnes quittent les champs pour aller trouver un emploi qui sera plus rémunérateur dans l’industrie par exemple hôtelière, ce qui nuit également à l’agriculture locale et à l’autosuffisance alimentaire de cette région. Donc le cas du SKIM est en réalité plus mitigé. On pourrait en conclure que changer de méthode c’est bien, mais qu’il faut voir pour quel objectif. Si ça permet pas une meilleure autonomie à l’échelle locale sur le plan alimentaire, c’est peut-être assez dommageable. Voilà, le bio aguise évidemment les les appétits parce que quand on vend bio, on vend forcément plus cher. Donc faut faire attention aussi aux étiquettes. Quand on achète du bio, on n’est pas forcément en train d’acheter meilleur pour notre santé, hein. Faut faire attention à des indicateurs comme des produits de saison, enfin des choses qui qui sont évidemment essentielles et primaires. Tout à fait. Il y a d’abord savoir peut-être pour quelle raison on mange bio. Est-ce que c’est pour favoriser sa propre santé, celle de l’environnement, si effectivement c’est pour importer des légumes qui ont enfin qui ont parcouru des kilomètres, c’est peut-être plus dommageable. Et puis vous me faites une transition toute toute faite, Ellisabeth, avec le sujet qu’on va publier demain qui va aussi faire le point sur les différences entre les labels bio d’un pays à l’autre. On voit que c’est pas toujours les mêmes et ce sera à retrouver donc sur The Conversation et dans notre newsletter environnement qui je le dis est gratuite et tout le monde peut s’abonner. Merci beaucoup Gelmarchud, merci d’avoir fait ce ce crochet par nos plateaux l’équipe de ZSation qu’on retrouve chaque mercredi sur notre plateau.

L’image du jour : un ver de terre dans la main d’un agriculteur qui produit du café sans pesticides. “J’ai voulu vous montrer ce cliché, parce que ce ver de terre et cet agriculteur travaillent en quelque sorte main dans la main”, explique Gabrielle Maréchaux, journaliste chez The Conversation France.
#pesticides #agriculture #photo

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2 comments
  1. en introduisant les pesticides dans l agriculture, vous avez créé une sur-abondance de nourriture ce qui a entrainer une augmentation artificiel de la population mondiale. et maintenant vous etes enfermé dans un cycle sans fin, piégé par votre propre cupidité sans limite.

  2. En RDC, surtout à l'est, nous produisons de la nourriture 100% bio. Cacao, café, mais, haricots, patete douce, pomme de terre, manioc, légumes de toute sorte à l'exception des tomates sur lesquelles on perveruse certains produits chimiques. Vraiment nous n'y mettons aucun produit chimique. Et ça pousse très bien. Nous mangeons donc 100% bio. Entre manger peu et vivre longtemps, et manger plus et mourir vite, mieux choisir manger peu et vivre longtemps.

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