Malgré les fuites dans la presse d’une pré-version polémique et exagérément inquiétante, le rapport définitif du COR montre que le système des retraites est soutenable, quel que soit le scénario suivi.
Tous les ans, le rapport très attendu du Conseil d’orientation des retraites (COR) fuite dans la presse. C’est la tradition, un rituel auquel sacrifient experts et médias. Chacun se précipite alors sur tel scénario de croissance, interroge les prévisions aux horizons trop lointains, et se focalise généralement surtout sur la soutenabilité financière du régime.
Mais cette année, petit changement de programme. Les 198 pages de la pré-version du rapport semblent avoir été livrées à la presse avec en prime des éléments de langage très en phase avec les convictions de son président, l’économiste libéral Gilbert Cette, ex-président du groupe d’experts sur le Smic.
Le COR est un organisme indépendant, longtemps loué pour sa capacité à définir un diagnostic partagé. Mais avec cette fuite, il a rompu avec la neutralité qui le caractérisait jusque-là. Le 6 juin, avant même l’adoption du rapport par les 42 membres du COR en séance plénière prévue six jours plus tard, une « préconisation » a particulièrement fait les gros titres : le report de l’âge légal à 64,3 ans en 2030, 65,9 ans en 2045 et 66,5 ans en 2070.
« Je ne comprends pas que l’on puisse dire que le COR préconise ceci ou cela. Jamais le COR ne préconise quoi que ce soit », se désole l’économiste spécialiste de la protection sociale Anne Lavigne, qui a fait partie de l’institution jusqu’en 2022.
Présentation tendancieuse
Certes, chaque année, le rapport met sur la table les effets macroéconomiques de différents âges de départ. Mais la formulation, très appuyée dans sa première mouture, graphique à l’appui, laisse entendre qu’il n’y a qu’une seule option qui vaille si la France ne veut pas plomber sa croissance : le report de l’âge de la retraite.
Les autres pistes étaient en effet qualifiées de « récessives ». L’augmentation des cotisations patronales ? Jugée mauvaise pour la compétitivité des entreprises. La hausse des cotisations salariales et la modération du niveau de pension ? Considérées comme néfastes pour le pouvoir d’achat des salariés et des retraités. Le tout conduisant à un « appauvrissement » du pays.
La présentation orientée des faits et son timing n’ont pas manqué de faire réagir les partenaires sociaux qui siègent dans l’institution aux côtés de parlementaires, de représentants d’administrations et d’associations, et de personnalités qualifiées. Même si le COR est légalement tenu de rendre son rapport avant le 15 juin, la ficelle est un peu grosse pour Denis Gravouil, secrétaire confédéral en charge de la protection sociale à la CGT :
« Ça ressemblait fort à une opération en service commandé. Le rapport fuite le lendemain du vote par une majorité de députés d’une résolution pour abroger la réforme des retraites et avant le résultat du conclave sur ce sujet prévu le 17 juin. Nous ne participons plus à ce dernier mais cela reste un torpillage de la mission lancée par François Bayrou et animée par Jean-Jacques Marette [l’ancien directeur général de l’Agirc-Arcco, NDLR]. »
La « fuite » a largement été perçue comme une énième tentative de fermer le ban des 64 ans. A l’heure où le gouvernement n’en finit plus de courir après les économies pour boucler son budget, les discours alarmistes se succèdent pour converger vers un point : pas touche à la réforme de 2023. Si l’on veut « sauver » le régime par répartition, il faudrait même aller un cran plus loin.
Le tableau de la pré-version qui mentionnait les effets à terme sur le Produit intérieur brut (PIB) et les finances publiques des différents leviers mobilisables, a disparu de la version finale
Lors de la plénière, le jeudi 12 juin dans la matinée, les organisations syndicales ont su faire entendre leur mécontentement. Pour calmer les esprits, le tableau de la pré-version qui mentionnait, avec des « + » et des « – » sommaires, les effets à terme sur le Produit intérieur brut (PIB) et les finances publiques des différents leviers mobilisables, a disparu de la version finale. Même destin pour les formulations litigieuses comme « appauvrissement ». Nettoyé de ces scories, le rapport a donc pu être adopté.
Une adoption qui se fait par consensus et non pas via un vote. Depuis la création du COR en 2000, jamais les membres n’ont refusé d’entériner le texte. Lors de la réforme des retraites de 2010, des simulations sur l’âge, réalisées sans que les membres ne le demandent et qu’ils jugeaient problématiques, avaient été renvoyées en annexe. Une façon de trouver une voie de passage pour publier le rapport
Effets incertains du report de l’âge
Plus de 400Md de dépense pour 260Md de recette, donc non seulement ça dérape mais ça dérape sévère et depuis longtemps. Faut arrêter de mentir aux gens.
Le titre :
> ne dérape pas
L’article :
> 6,6 milliards d’euros en 2030, cela constitue certes une somme loin d’être négligeable, d’autant qu’elle pourrait augmenter si la croissance est faible.
Sachant que en douce, l’état surcotise entre 30 et 45 milliards pour équilibrer le régime de la fonction publique.
Alternative Eco, l’orchestre qui joue sur le pont du Titanic.
Ah bah bien sûr que la CGT veut augmenter les cotisations patronales et salariales, c’est vrai qu’il y a déjà plus de la moitié d’un salaire qui part pour payer le système, un peu plus ou un peu moins au final, qu’est-ce que ça représente ?
Ensuite ça me fait un peu rire le passage concernant le niveau de vie des retraités… par rapport aux actifs. C’est bien de choisir sa comparaison, car il ne faudrait surtout pas le faire par rapport à l’ensemble de la population, ou même plus simple, par rapports aux jeunes étudiants et salariés, ou plus simplement les enfants : 10% de taux de pauvreté pour les retraités, 20% pour les moins de 18 ans.
Il y a ensuite la majoration des cotisations que paye l’état pour supporter le régime de retraites des fonctionnaires, qui alourdit toute la dépense publique (sachant que typiquement les RH représentent environ 65% des dépenses d’un CHU, et le pourcentage ne fait qu’augmenter plus l’établissement est petit), ce qui permet de déplacer le déficit des retraites vers les ministères de la santé, de l’intérieur ou de l’éducation nationale.
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L’article :
Malgré les fuites dans la presse d’une pré-version polémique et exagérément inquiétante, le rapport définitif du COR montre que le système des retraites est soutenable, quel que soit le scénario suivi.
Tous les ans, le rapport très attendu du Conseil d’orientation des retraites (COR) fuite dans la presse. C’est la tradition, un rituel auquel sacrifient experts et médias. Chacun se précipite alors sur tel scénario de croissance, interroge les prévisions aux horizons trop lointains, et se focalise généralement surtout sur la soutenabilité financière du régime.
Mais cette année, petit changement de programme. Les 198 pages de la pré-version du rapport semblent avoir été livrées à la presse avec en prime des éléments de langage très en phase avec les convictions de son président, l’économiste libéral Gilbert Cette, ex-président du groupe d’experts sur le Smic.
Le COR est un organisme indépendant, longtemps loué pour sa capacité à définir un diagnostic partagé. Mais avec cette fuite, il a rompu avec la neutralité qui le caractérisait jusque-là. Le 6 juin, avant même l’adoption du rapport par les 42 membres du COR en séance plénière prévue six jours plus tard, une « préconisation » a particulièrement fait les gros titres : le report de l’âge légal à 64,3 ans en 2030, 65,9 ans en 2045 et 66,5 ans en 2070.
« Je ne comprends pas que l’on puisse dire que le COR préconise ceci ou cela. Jamais le COR ne préconise quoi que ce soit », se désole l’économiste spécialiste de la protection sociale Anne Lavigne, qui a fait partie de l’institution jusqu’en 2022.
Présentation tendancieuse
Certes, chaque année, le rapport met sur la table les effets macroéconomiques de différents âges de départ. Mais la formulation, très appuyée dans sa première mouture, graphique à l’appui, laisse entendre qu’il n’y a qu’une seule option qui vaille si la France ne veut pas plomber sa croissance : le report de l’âge de la retraite.
Les autres pistes étaient en effet qualifiées de « récessives ». L’augmentation des cotisations patronales ? Jugée mauvaise pour la compétitivité des entreprises. La hausse des cotisations salariales et la modération du niveau de pension ? Considérées comme néfastes pour le pouvoir d’achat des salariés et des retraités. Le tout conduisant à un « appauvrissement » du pays.
La présentation orientée des faits et son timing n’ont pas manqué de faire réagir les partenaires sociaux qui siègent dans l’institution aux côtés de parlementaires, de représentants d’administrations et d’associations, et de personnalités qualifiées. Même si le COR est légalement tenu de rendre son rapport avant le 15 juin, la ficelle est un peu grosse pour Denis Gravouil, secrétaire confédéral en charge de la protection sociale à la CGT :
« Ça ressemblait fort à une opération en service commandé. Le rapport fuite le lendemain du vote par une majorité de députés d’une résolution pour abroger la réforme des retraites et avant le résultat du conclave sur ce sujet prévu le 17 juin. Nous ne participons plus à ce dernier mais cela reste un torpillage de la mission lancée par François Bayrou et animée par Jean-Jacques Marette [l’ancien directeur général de l’Agirc-Arcco, NDLR]. »
La « fuite » a largement été perçue comme une énième tentative de fermer le ban des 64 ans. A l’heure où le gouvernement n’en finit plus de courir après les économies pour boucler son budget, les discours alarmistes se succèdent pour converger vers un point : pas touche à la réforme de 2023. Si l’on veut « sauver » le régime par répartition, il faudrait même aller un cran plus loin.
Le tableau de la pré-version qui mentionnait les effets à terme sur le Produit intérieur brut (PIB) et les finances publiques des différents leviers mobilisables, a disparu de la version finale
Lors de la plénière, le jeudi 12 juin dans la matinée, les organisations syndicales ont su faire entendre leur mécontentement. Pour calmer les esprits, le tableau de la pré-version qui mentionnait, avec des « + » et des « – » sommaires, les effets à terme sur le Produit intérieur brut (PIB) et les finances publiques des différents leviers mobilisables, a disparu de la version finale. Même destin pour les formulations litigieuses comme « appauvrissement ». Nettoyé de ces scories, le rapport a donc pu être adopté.
Une adoption qui se fait par consensus et non pas via un vote. Depuis la création du COR en 2000, jamais les membres n’ont refusé d’entériner le texte. Lors de la réforme des retraites de 2010, des simulations sur l’âge, réalisées sans que les membres ne le demandent et qu’ils jugeaient problématiques, avaient été renvoyées en annexe. Une façon de trouver une voie de passage pour publier le rapport
Effets incertains du report de l’âge
Plus de 400Md de dépense pour 260Md de recette, donc non seulement ça dérape mais ça dérape sévère et depuis longtemps. Faut arrêter de mentir aux gens.
Le titre :
> ne dérape pas
L’article :
> 6,6 milliards d’euros en 2030, cela constitue certes une somme loin d’être négligeable, d’autant qu’elle pourrait augmenter si la croissance est faible.
Sachant que en douce, l’état surcotise entre 30 et 45 milliards pour équilibrer le régime de la fonction publique.
Alternative Eco, l’orchestre qui joue sur le pont du Titanic.
Ah bah bien sûr que la CGT veut augmenter les cotisations patronales et salariales, c’est vrai qu’il y a déjà plus de la moitié d’un salaire qui part pour payer le système, un peu plus ou un peu moins au final, qu’est-ce que ça représente ?
Ensuite ça me fait un peu rire le passage concernant le niveau de vie des retraités… par rapport aux actifs. C’est bien de choisir sa comparaison, car il ne faudrait surtout pas le faire par rapport à l’ensemble de la population, ou même plus simple, par rapports aux jeunes étudiants et salariés, ou plus simplement les enfants : 10% de taux de pauvreté pour les retraités, 20% pour les moins de 18 ans.
Il y a ensuite la majoration des cotisations que paye l’état pour supporter le régime de retraites des fonctionnaires, qui alourdit toute la dépense publique (sachant que typiquement les RH représentent environ 65% des dépenses d’un CHU, et le pourcentage ne fait qu’augmenter plus l’établissement est petit), ce qui permet de déplacer le déficit des retraites vers les ministères de la santé, de l’intérieur ou de l’éducation nationale.
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