Emmanuel Macron n’est pas le seul à partager son quotidien entre la crise politique hexagonale et les grands enjeux militaires à l’international. David Habib et sa comparse Michèle Tabarot, également. Le député LIOT de la 3e circonscription des Pyrénées-Atlantiques et la députée LR sont missionnés par l’Assemblée nationale pour préparer le futur de la question militaire en France et en Europe.

Vous étiez à Bruxelles il y a quelques jours, au siège de l’OTAN. En quoi consistent vos entretiens ?

Nous préparons un rapport piloté conjointement par la Commission des finances et des affaires étrangères de l’Assemblée nationale. L’objectif est de voir comment coordonner une Europe de la Défense et l’OTAN. Nous observons également ce qui a pu changer depuis le retour de Donald Trump et le niveau de défiance entre les pays de l’organisation, notamment vis-à-vis de la France et de sa dissuasion nucléaire.

Le regard de nos partenaires européens n’est pas positif ?

Il n’est pas très bon en ce moment, il faut être honnête. L’Allemagne elle-même s’interroge sur la fiabilité de la France à assurer sa protection, davantage que si elle devait se reposer sur les Américains. L’idée est de préparer un nouveau leadership à l’OTAN. La France doit prendre davantage de responsabilités mais il faut pour cela s’assurer que l’OTAN elle-même joue réellement son rôle, au titre de l’article 5 du Traité de l’Atlantique Nord. Dès lors qu’un pays signataire est attaqué, les autres se coalisent. C’est ce qui s’est passé récemment au Danemark ou en Pologne. Cela nous oblige à nous poser des questions clés du type : « La France doit-elle détruire des drones russes qui voleraient au-dessus de l’Italie ? » À mon avis, oui.

Le débat est forcément marqué par la menace russe aux portes de l’Europe…

Oui, il y a tout un débat sur la nature du conflit tous azimuts avec la Russie, avec la désinformation d’un côté et les drones de l’autre. Pour nous, les Français, c’est un vrai défi culturel. Nous savons construire des drones très sophistiqués mais aujourd’hui, vous devez envoyer des drones par centaines pour occuper l’espace. Il faut une autre technologie.

Un peu comme ces drones fabriqués par la population ukrainienne en regardant les tutoriels qui disent quelles pièces acheter sur Temu ?

C’est ça, le drone hard discount en somme. Le problème, c’est qu’en France, les responsables de l’industrie de l’armement sont des polytechniciens qui n’ont toujours juré que par de la haute technologie type Dassault. Les drones Leader Price, ce n’est pas vraiment leur méthode mais c’est l’avenir. Cela implique beaucoup de questions sur le format des armées, le poids de l’artillerie, etc. C’est passionnant.

L’Europe doit-elle se préparer à un conflit ?

En tout cas, s’il y a un vrai défi aujourd’hui, ce serait une attaque concomitante de la Chine sur Taïwan et de la Russie sur l’Europe. Parce que les Américains choisiront le Pacifique et qu’il faudra se défendre tout seuls.