1/ Le choix de la baisse des dépenses plutôt que la hausse des impôts
En 2026, Sébastien Lecornu vise un déficit public à 4,7 % du produit intérieur brut (PIB) et une dette de 117,9 % du PIB. Pour atteindre ces objectifs, son budget prévoit un effort structurel primaire (c’est-à-dire sans prise en compte de la charge de la dette) supérieur à celui réalisé cette année : de 1,2 point de PIB, contre 0,9 point en 2025.
Du côté de la dépense primaire nette1, le principal indicateur que regarde l’Union européenne (UE) pour juger du respect des règles budgétaire européennes, le projet du gouvernement Lecornu y va plus fort que ce qui était envisagé par l’exécutif dans la trajectoire adressée à l’UE au printemps. Sa hausse sera limitée à 0,6 %, contre 0,7 % annoncée au printemps. Mais surtout, le Conseil UE n’en demandait pas autant puisqu’il recommande une croissance de la dépense primaire nette à 1,2 %.
Dans le détail, l’effort sera réalisé « majoritairement en dépenses », puisque les deux tiers reposent sur des coupes budgétaires. C’est « un marqueur » pour Bercy, qui feint d’oublier que l’essentiel du dérapage des comptes publics depuis 2017 est lié au détricotage des recettes fiscales. Si l’on met de côté les dépenses de défense et de charge de la dette, les crédits ministériels seront au global en baisse. Certaines missions voient leurs crédits légèrement augmenter, mais les enveloppes réelles vont baisser puisque les hausses sont inférieures à l’inflation (prévue à 1,3 % en 2026).
Finalement, sans prendre en compte l’inflation, les dépenses vont bien augmenter, mais de seulement 29 milliards d’euros, une trajectoire jugée « très ambitieuse » par le Haut conseil des finances publiques (HCFP), qui a rendu ce mardi 14 octobre son avis sur la copie du gouvernement. Cette croissance semble « très modérée » compte tenu de la hausse incompressible de certains postes de dépenses, à l’image de la charge de la dette (+ 8,1 milliards d’euros), les dépenses militaires (+ 6,7 milliards), les prélèvements de l’Union européenne (+ 5,7 milliards) ou encore l’augmentation du nombre de retraités qui va augmenter les dépenses de retraite de 6 milliards d’euros malgré le gel des pensions.
Sans prendre en compte l’inflation, les dépenses vont bien augmenter, mais de seulement 29 milliards d’euros, une trajectoire « très ambitieuse »
Il ne reste donc plus que 2,5 milliards d’euros à répartir pour tout le reste. Le Premier ministre a laissé la porte ouverte à un effort moins important, mais la ligne rouge de 5 % de déficit ne laisserait environ que 6 milliards de marge, d’après Bercy.
Les députés devront donc amender le projet pour augmenter les recettes publiques s’ils veulent limiter la casse. Pour l’instant, le projet mis sur la table du Parlement prévoit seulement une « légère augmentation » – c’est Bercy qui le reconnaît – des prélèvements obligatoires. Le gouvernement confirme donc sa légère inflexion de l’an dernier sur le tabou de la hausse des impôts, mais persiste dans sa préférence pour des coupes budgétaires plutôt que des augmentations de recettes.
Ce n’est pourtant pas la meilleure stratégie. En effet, l’effet récessif de l’effort budgétaire est plus important lorsqu’il passe par des réductions de dépenses qu’une augmentation des impôts progressifs, comme l’expliquait récemment à Alternatives Economiques l’économiste Philipp Heimberger. Or, cet impact négatif sur la croissance annule une partie de l’effort en entraînant une baisse des recettes publiques et une hausse de certaines dépenses (de chômage par exemple).
Juliette Le Chevallier
1. Les recettes de la taxe Zucman sont surestimés, et en réalité plus proche des 5 milliards (et non des 20 milliards) soit seulement 2x plus que les deux taxes introduites par le gouvernement (sachant que la reconduction de la taxe « exceptionnelle » sur les hauts revenus va encore rapporter 4 milliards). Croire que les personnes les plus riches de France vont se contenter de se laisser taxer sans fuir ailleurs, c’est ridicule.
2. Madame Martin, elle va payer l’IR sur 3 euros. Oulala. C’est inquiétant le nombre de gens qui ne savent pas comment marche l’IR.
3. Concernant la santé, fondamentalement le problème reste le même : le SÉGUR n’a jamais été compensé. Mais à la fin, c’est bien la volonté des politiques territoriales (maires, députés et sénateurs) de maintenir en vie des hôpitaux de campagne, qui creuse le déficit. Si l’état n’avait pas à renflouer ces établissements, moins sûr pour les patients (moins d’activité signifie que les praticiens pratiquent moins, et en cas de pépin pas de plateau technique), il pourrait augmenter les enveloppes aux CHU (qui pourraient probablement couper 10% des effectifs administratifs sans remarquer une différence tellement y’a des gens qui sont nuls).
4. Par contre diminuer la CVAE c’est vraiment une connerie. Le nombre d’entreprises qui font de l’optimisation fiscale pour finir avec un bénéfice proche de 0, c’est des milliards de perdu. On devrait à contrario diminuer l’IS pour garder que la CVAE à la fin, peut être avec une meilleure prise en compte des charges fixes.
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1/ Le choix de la baisse des dépenses plutôt que la hausse des impôts
En 2026, Sébastien Lecornu vise un déficit public à 4,7 % du produit intérieur brut (PIB) et une dette de 117,9 % du PIB. Pour atteindre ces objectifs, son budget prévoit un effort structurel primaire (c’est-à-dire sans prise en compte de la charge de la dette) supérieur à celui réalisé cette année : de 1,2 point de PIB, contre 0,9 point en 2025.
Du côté de la dépense primaire nette1, le principal indicateur que regarde l’Union européenne (UE) pour juger du respect des règles budgétaire européennes, le projet du gouvernement Lecornu y va plus fort que ce qui était envisagé par l’exécutif dans la trajectoire adressée à l’UE au printemps. Sa hausse sera limitée à 0,6 %, contre 0,7 % annoncée au printemps. Mais surtout, le Conseil UE n’en demandait pas autant puisqu’il recommande une croissance de la dépense primaire nette à 1,2 %.
Dans le détail, l’effort sera réalisé « majoritairement en dépenses », puisque les deux tiers reposent sur des coupes budgétaires. C’est « un marqueur » pour Bercy, qui feint d’oublier que l’essentiel du dérapage des comptes publics depuis 2017 est lié au détricotage des recettes fiscales. Si l’on met de côté les dépenses de défense et de charge de la dette, les crédits ministériels seront au global en baisse. Certaines missions voient leurs crédits légèrement augmenter, mais les enveloppes réelles vont baisser puisque les hausses sont inférieures à l’inflation (prévue à 1,3 % en 2026).
Finalement, sans prendre en compte l’inflation, les dépenses vont bien augmenter, mais de seulement 29 milliards d’euros, une trajectoire jugée « très ambitieuse » par le Haut conseil des finances publiques (HCFP), qui a rendu ce mardi 14 octobre son avis sur la copie du gouvernement. Cette croissance semble « très modérée » compte tenu de la hausse incompressible de certains postes de dépenses, à l’image de la charge de la dette (+ 8,1 milliards d’euros), les dépenses militaires (+ 6,7 milliards), les prélèvements de l’Union européenne (+ 5,7 milliards) ou encore l’augmentation du nombre de retraités qui va augmenter les dépenses de retraite de 6 milliards d’euros malgré le gel des pensions.
Sans prendre en compte l’inflation, les dépenses vont bien augmenter, mais de seulement 29 milliards d’euros, une trajectoire « très ambitieuse »
Il ne reste donc plus que 2,5 milliards d’euros à répartir pour tout le reste. Le Premier ministre a laissé la porte ouverte à un effort moins important, mais la ligne rouge de 5 % de déficit ne laisserait environ que 6 milliards de marge, d’après Bercy.
Les députés devront donc amender le projet pour augmenter les recettes publiques s’ils veulent limiter la casse. Pour l’instant, le projet mis sur la table du Parlement prévoit seulement une « légère augmentation » – c’est Bercy qui le reconnaît – des prélèvements obligatoires. Le gouvernement confirme donc sa légère inflexion de l’an dernier sur le tabou de la hausse des impôts, mais persiste dans sa préférence pour des coupes budgétaires plutôt que des augmentations de recettes.
Ce n’est pourtant pas la meilleure stratégie. En effet, l’effet récessif de l’effort budgétaire est plus important lorsqu’il passe par des réductions de dépenses qu’une augmentation des impôts progressifs, comme l’expliquait récemment à Alternatives Economiques l’économiste Philipp Heimberger. Or, cet impact négatif sur la croissance annule une partie de l’effort en entraînant une baisse des recettes publiques et une hausse de certaines dépenses (de chômage par exemple).
Juliette Le Chevallier
1. Les recettes de la taxe Zucman sont surestimés, et en réalité plus proche des 5 milliards (et non des 20 milliards) soit seulement 2x plus que les deux taxes introduites par le gouvernement (sachant que la reconduction de la taxe « exceptionnelle » sur les hauts revenus va encore rapporter 4 milliards). Croire que les personnes les plus riches de France vont se contenter de se laisser taxer sans fuir ailleurs, c’est ridicule.
2. Madame Martin, elle va payer l’IR sur 3 euros. Oulala. C’est inquiétant le nombre de gens qui ne savent pas comment marche l’IR.
3. Concernant la santé, fondamentalement le problème reste le même : le SÉGUR n’a jamais été compensé. Mais à la fin, c’est bien la volonté des politiques territoriales (maires, députés et sénateurs) de maintenir en vie des hôpitaux de campagne, qui creuse le déficit. Si l’état n’avait pas à renflouer ces établissements, moins sûr pour les patients (moins d’activité signifie que les praticiens pratiquent moins, et en cas de pépin pas de plateau technique), il pourrait augmenter les enveloppes aux CHU (qui pourraient probablement couper 10% des effectifs administratifs sans remarquer une différence tellement y’a des gens qui sont nuls).
4. Par contre diminuer la CVAE c’est vraiment une connerie. Le nombre d’entreprises qui font de l’optimisation fiscale pour finir avec un bénéfice proche de 0, c’est des milliards de perdu. On devrait à contrario diminuer l’IS pour garder que la CVAE à la fin, peut être avec une meilleure prise en compte des charges fixes.
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