Illustration montrant le vaisseau spatial DART se dirigeant vers l’astéroïde Didymos — © NASA / Johns Hopkins APL / Steve Gribben
Il y a trois ans, la mission Double Asteroid Redirection Test de la NASA avait posé un jalon majeur en matière de défense planétaire, en réussissant à modifier l’orbite d’un astéroïde. Une nouvelle hypothèse pourrait expliquer son intrigante évolution post-impact.
La mission DART
Le 26 septembre 2022, une sonde spatiale de près de 600 kilos frappait à plus de 22 000 km/h l’astéroïde Dimorphos, orbitant un corps plus massif nommé Didymos. Alors qu’il mettait initialement 11 heures et 55 minutes pour en réaliser le tour complet, l’impact a réduit sa période orbitale d’une trentaine de minutes. De façon surprenante, au cours des semaines et mois suivants, celle-ci a encore diminué de 30 secondes.
Il a au départ état proposé que cet effet résultait de l’évacuation progressive des fragments de Dimorphos n’ayant pas été directement éjectés lors de l’impact, ce qui se traduisait par une perte d’énergie globale du système binaire d’astéroïdes, et un raccourcissement de l’orbite du plus petit.
Dans le cadre de travaux pré-publiés sur le serveur arXiv, Harrison Agrusa et Camille Chatenet, de l’université Côte d’Azur à Nice, ont déterminé que la masse de Dimorphos était trop faible pour que ce phénomène se produise.
Selon le duo, ces éclats seraient initialement dispersés sur une orbite plus large, mais reviendraient invariablement dans le giron de Dimorphos, lui retransférant l’énergie momentanément « subtilisée ».
Dimorphos peu avant l’impact — © NASA
Une rotation complexe
La réduction post-impact de l’orbite de Dimorphos serait plus probablement liée à sa rotation complexe, favorisant la collision des fragments de roche dispersés à sa surface, qui entraîneraient une perte significative d’énergie sous forme de chaleur.
« Ce phénomène va modifier l’énergie potentielle gravitationnelle de l’astéroïde lui-même, ce qui expliquerait la lente diminution de la période orbitale de Dimorphos », estime Agrusa.
Si l’évolution inattendue de l’orbite de ce corps rocheux de 165 mètres de diamètre peut sembler inquiétante, les auteurs de la nouvelle étude rappellent que les systèmes binaires d’astéroïdes sont notoirement rares, et que l’effet observé serait peu susceptible de se produire pour une roche spatiale « solitaire » orbitant notre astre et constituant une menace potentielle pour notre planète.
Début octobre, un petit astéroïde avait littéralement frôlé la Terre.