Une fois par semestre, c’est la même rengaine. L’espace d’un instant, au réveil, le doute nous envahit : sommes-nous à la bonne heure ? Ce matin, rebelote : il faut veiller à se caler sur le bon tempo. Pourtant, cela fait bien longtemps que le rituel datant du choc pétrolier des années 1970 aurait dû cesser. Sur le tapis depuis 2018, la suppression du changement d’heure était prévue, mordicus, pour mars 2019. Tout le monde était d’accord pour en finir, mais chacun voulait imposer son choix. Pour les pays du nord du continent, la préférence allait nettement à la formule d’hiver, plus en phase avec le soleil et – supposément – le rythme biologique humain. Dans le sud, c’est différent. La France, l’Italie et l’Espagne préféraient l’option estivale et les longues soirées sur la terrasse.
Bref, face à ce désaccord philosophique de fond, tous ont décidé sagement de placer la mesure en sommeil. Jusqu’à quand ? Eh bien jeudi dernier. Le 23 octobre, l’hibernation s’est terminée par une décision de la Commission : la commande d’une nouvelle analyse sur l’abolition du changement d’heure. Diantre ! Quelle audace ! Il y a fort à parier que le résultat de cette étude pointue ira rejoindre les tonnes de paperasse qui dorment déjà dans les archives. Sans être devin, les conclusions exprimeront, sans doute, la nécessité d’en finir avec une gymnastique qui fatigue les citoyens – au propre comme au figuré -, et dont l’efficacité en termes d’économies d’énergie est sujette à caution. Grâce à cet avis scientifique, les vingt-sept pourront ainsi démontrer leur sagacité en supprimant un dispositif que plus personne ne souhaite depuis des lustres. L’heure de synchroniser nos pendules une fois pour toutes est venue : c’est le sens de l’histoire européenne. Mais alors, juste pour bien comprendre, on avance ou on recule la petite aiguille ?