En Syrie, la dure réintégration des femmes du groupe État islamique • FRANCE 24

Dans le camp fermé d’Alha, les familles de Daesh détenues depuis près de 7 ans vivent sous surveillance militaire et dépendent intégralement de l’aide humanitaire. Mais il y a 6 mois, quelques dizaines d’entre elles ont pu sortir et rentrer dans leur province d’origine des résorts dans le nord-est syrien. Une famille de 15 personnes habite aujourd’hui ce village et réapprend progressivement à affronter le quotidien seul. L’eau est un problème ici. Cette femme de 28 ans qui vit avec ses sœurs et leurs enfants veut témoigner de leur condition de vie précaire mais demande à rester anonyme. L’eau n’arrive pas souvent ici, c’est toujours le jour. La maison n’est pas bien équipée en général. On ne peut pas toujours acheter du gaz parce que les prix sont trop élevés. Le gaz coûte environ 13 ou 14 dollars. Le foyer dépend du maigre salaire de l’homme le plus âgé de la maison. un adolescent de 14 ans. Car le mari de cette femme, partisan de l’État islamique, non combattant selon elle, a été tuée dans un bombardement en 2018. Elle n’a quitté le Khalifat autoproclamé qu’après l’ultime bataille de Barous un an plus tard. Alors, rentrer dans la province où Daesh a tenu son dernier bastion signifie se confronter à nouveau au monde extérieur et à un climat de méfiance. Cette année humiliante de nos vies se sont envolé. J’ai un enfant qui est sorti sans même savoir ce qu’est un arbre. Encore maintenant, les enfants ne se sont pas réadaptés. Ils appellent encore une chambre, une tente. Ils ont peur de tout et les gens ont peur de nous comme si nous faisions encore partie de la police religieuse. Comme si on était là pour surveiller et punir les gens. Ils se sont fait une idée que nous allions vers eux l’épée à la main. Et c’est vrai ou pas ? Je ne peux pas te répondre. Son rapport au groupe été islamique aujourd’hui est difficile à cerner. Elle soupçonne à raison que les autorités kurdes continuent de surveiller les familles après leur sortie du camp. Décidé à retrouver une certaine autonomie, elle suit une formation au centre de l’administration locale pour monter un projet professionnel. Nous ne sommes pas autorisés à filmer l’atelier, mais elle en sort ravie. Je veux travailler comme couturière. Par exemple, j’ai cette robe. À combien je peux la vendre ? Où est-ce que je vais la vendre ? Comment tirer profit du projet ? Le responsable des centres de soins profitent de leur venue pour sensibiliser ces femmes au problème de santé dans la région. Le pourcentage de maladie a augmenté à cause de l’eau et du manque de propreté. Alors, d’après vous, qu’est-ce qu’on devrait faire ? L’époque de Daesh a été très difficile pour la communauté. Les mentalités, les comportements ont changé. Mais dans l’ensemble, la société va faire preuve d’ouverture et c’est même cette société qui peut influencer ces familles qui se sont isolées ou qui reviennent du Candalol pour corriger leur comportement. Le retour de Daesh dans la région est source d’inquiétude. Depuis la chute du régime Assad, les attaques contre les forces armées du nord-est syrien se multiplient et sont souvent attribuées à l’État islamique. Pour garder le contrôle, les autorités curdes ont imposé des gardes fous. Personne ne quitte le candal sans le soutien d’un cafil, un garant, souvent un proche ou un chef de tribu. Dans la province voisine de Raka, l’un d’eux a accepté d’expliquer ce système dit de Cafala. Il fallait trouver un mécanisme pour faire sortir les gens, les femmes et les enfants en priorité, pas les hommes. Donc, on signe une garantie disant que ces personnes sont par exemple de ma région ou un de mes proches. On se porte garantissance personnelle et on a toutes les informations à leur sujet. Bien sûr, tu dois assumer cette responsabilité. Par exemple, s’il y a un problème ou si quelqu’un essaie d’en créer un, alors j’aide les forces de sécurité à l’arrêter. Ce système comporte des failles. De nombreux chefs de tribu sont menacés pour leur collaboration avec les autorités kurdes. Certaines familles disparaissent sans laisser de traces. Quant aux garants, ils n’ont aucune obligation légale d’assister les personnes placées sous leur responsabilité à leur sortie. Alors, certaines femmes et leurs enfants, en particulier celles rejetées par leur famille, se retrouvent dans une grande précarité. C’est un abri pour animaux, mais on a été obligé d’y vivre et en plus, il faut payer un loyer. Le propriétaire sait que je n’ai pour subvenir à nos besoins. Je suis obligé d’aller demander au cher de l’argent pour ne pas être expulsé. Parfois, il m’en donne, mais j’ai honte de devoir aller voir le cher tout le temps. Cette femme de 35 ans s’était mariée contre la vie de sa famille avec un combattant étranger de l’État islamique. Depuis son retour, il y a un an, toutes les portes se ferment devant elle et ses enfants. Je veux m’intégrer dans la communauté. On m’a dit qu’un propriétaire de restaurant cherchait quelqu’un pour éplucher des pommes de terre. Je lui ai dit, “J’ai entendu que tu cherchais quelqu’un.” Il a dit “Non, il n’y a pas de travail.” J’ai demandé pourquoi. Il a dit personne ne viendra acheter chez moi si une femme de Da risque de mettre quelque chose dans la nourriture. Sans solution les jours sans pain, elle envisage de retourner à Alhol. Comme elle, beaucoup de ces femmes qui réintègrent la société syrienne n’avaient pas réalisé que l’ombre de l’État islamique continuerait de planer au-dessus de leur tête après plus de 6 ans de détention dans le camp.

À la chute de l’État islamique en 2019, plus de 40 000 hommes, femmes et enfants ont été regroupés dans le camp fermé d’al-Hol, au nord-est de la Syrie. Mêlées aux civils fuyant les combats, des familles de combattants de l’État islamique y ont été enfermées. Face aux difficultés de gestion de ce vaste camp, une politique de rapatriement à grande échelle a été mise en place. La plupart des résidents irakiens ont regagné leur pays, tandis que les Syriens sont autorisés à partir au compte-gouttes. Certaines familles ont choisi de retourner dans la province syrienne de Deir ez-Zor. Ces femmes tentent aujourd’hui de retrouver leur place dans la Syrie d’aujourd’hui, comme le raconte Marie-Charlotte Roupie pour France 24.
#Syrie #ÉtatIslamique #Femmes

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18 comments
  1. Elles ont sans doute applaudi aux massacres de Yazidis ou de Charlie Hebdo, et profité du labeur de quelques esclaves. Mais hey, tout le monde peut se tromper.😢

  2. Bien sur que les gens peuvent leur en vouloir. Mais, même si c'est difficile, il faut réapprendre à vivre ensemble. Sans, évidemment, laisser les crimes impunis.

  3. Elles sont devenues prisonnières de leurs propres choix, sans mesurer les conséquences. Tristes pour elles mais surtout pour les enfants en étant déconnectés des réalités… J'espère qu'elles trouveront des personnes suffisamment bienveillantes pour qu'elles puissent faire des nouveaux choix pour améliorer leurs vies et celles de leurs enfants

  4. poutine a humilie julani lors de sa visite au kremlin en lui faisant monter de nombreux etages au lieu qu il prenne l assenceur pour lui montrer qu il n est pas son egal, il a fait de meme avec erdogan, il l a laisse attendre lorsqu il s est reuini avec lui apres que les turcs ont abattu un avion russe qui bombardait des turcomans rebelles au regime de bachar assad et signe des excuses dans une antichambre avec une toile dessus sa tete dans laquelle le tsar qui a inflige une cinglante defaite aux turcs en 1878 jc

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