Le vent a tourné à Vertolaye. Ce village de 800 âmes dans le Puy-de-Dôme, niché au creux des montagnes du Livradois-Forez, retrouve le goût des grandes ambitions industrielles. Longtemps fragilisé, le site Euroapi, ex-Sanofi, reprend des couleurs grâce au lancement de « Med4Cure », un programme industriel ambitieux soutenu par la Commission européenne et France 2030. Objectif : produire à nouveau en Europe des molécules essentielles à la fabrication des médicaments, après des années de dépendance vis-à-vis de l’Asie.

La pandémie de Covid-19 l’avait cruellement mis en évidence : 90 % des principes actifs utilisés dans les médicaments européens sont fabriqués hors du continent. Avec Med4Cure, l’Europe veut regagner en indépendance. Porté par le dispositif des Projets importants d’intérêt européen commun (PIIEC), le programme mobilise près d’un milliard d’euros à l’échelle du continent, dont 140 millions pour Euroapi en France qui repartira ses investissements sur deux de ses sites en France.

Un employeur majeur du bassin d’Ambert

Au cœur de cette stratégie, il y a Vertolaye. Son usine implantée ici depuis 1939, compte 630 salariés et devient le symbole de la production pharmaceutique européenne retrouvée. « Les corticostéroïdes, utilisés dans de nombreux traitements anti-inflammatoires et immunitaires, sont l’un des piliers du projet », précise Euroapi. Les équipes auvergnates travaillent aussi sur les nanocristaux, ces particules minuscules qui améliorent la biodisponibilité des médicaments. « En dehors de l’Asie, il n’existe que deux sites capables de produire des corticostéroïdes : un aux États-Unis et le nôtre, ici, à Vertolaye », souligne David Seignolle, directeur général.

Côté innovation, Euroapi mise sur un écosystème unique mêlant start-up (Abolis, Alysophil, Crysttal), industriels (De Dietrich) et grandes écoles (Chimie ParisTech, INSA Rouen, Nantes Université, Toulouse INP) pour inviter les molécules de demain. « Ensemble, ils expérimentent les technologies du futur : chimie en flux, biotechnologies, intelligence artificielle », assure le géant du médicament.

Après des années d’incertitude, l’usine consolide son rôle d’employeur majeur du bassin d’Ambert. « Chaque poste préservé ici est une victoire pour le territoire », souligne Joël Mathurin, préfet du Puy-de-Dôme. Même si Europapi n’a pas préciser si cette relocalisation générera de nouveaux emplois à Vertolaye.