La religion, “un des seuls bastions purement masculins qu’il reste”, dénonce Anne Gruwez“Un autre modèle d’Église”

Être catholique relève de plus en plus d’un choix personnel que les parents laissent à leurs enfants. “On passe d’une religion largement partagée, d’un catholicisme social à un catholicisme de conviction”, analyse Caroline Sägesser.

Le Carême rencontre un succès grandissant auprès des ados et des jeunes adultes aussi. “On sent une quête d’identité, de repères et de sens chez les jeunes. Il y a une courbe hypothétique où de plus en plus de jeunes sont impliqués et redécouvrent la foi. Un autre modèle d’Église est en train de se construire”, note Catherine Chevalier, théologienne à l’UCLouvain.

Le Carême à nouveau tendance chez les jeunes : “C’est une façon de se rapprocher de la religion”

Au niveau du profil, Caroline Sägesser identifie une fracture générationnelle avec des fidèles plus âgés dans une vision de l’église très ouverte et des jeunes davantage séduits par une vision plus traditionnelle, un catholicisme fort identitaire.

Prêtres

Le nombre de prêtres chute aussi au point qu’on fait appel à un clergé étranger. “C’est une inversion de la logique missionnaire d’évangélisation. Ça amène à un clash culturel car les prêtres étrangers connaissent mal la culture belge mais arrivent avec une formation et des idées différentes, souvent plus traditionnelles (au niveau de la morale, du couple, de l’homosexualité) mais est plus dynamique en matière de liturgies”, Caroline Sägesser.

Le scandale des prêtres pédophiles a secoué l’Église et accéléré la baisse du nombre de fidèles et des prêtres ainsi que la hausse de débaptisations. “Il y a beaucoup de questionnements autour de la figure du prêtre. Ce n’est pas facile à porter pour quelqu’un qui décide de s’engager dans cette voie. Avec les abus sexuels, il y a une spécification de l’Église catholique qui questionne le mode de gouvernance”, estime Catherine Chevalier.

La liberté religieuse sous pression dans une soixantaine de pays à travers le monde

Malgré tout, “le monde catholique se porte bien”, affirme Caroline Sägesser : “La culture catholique reste vive. Le pèlerinage reste encore très populaire mais la fréquentation d’une institution de ce monde (mutualité, syndicats, école) ne veut plus dire quelque chose.”

Pour la théologienne, cette religion qui a traversé les siècles ne va pas disparaître de suite. “L’Église doit se renouveler tout en étant fidèle à ses racines. Avec le dynamisme qui vient des pays du Sud, il faut accepter que le centre de gravité évolue et se déplace”, conclut-elle