«Nous ne parlons pas d’un retrait des forces américaines, mais de la cessation de la rotation d’une brigade qui avait des éléments dans plusieurs pays de l’Otan, y compris la Bulgarie, la Roumanie, la Slovaquie et la Hongrie», a précisé le ministre de la Défense roumain, Ionut Mosteanu.

Trump l’avait promis. Les États-Unis vont réduire progressivement leur présence militaire en Europe, significativement augmentée depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février 2022. Ceux-ci vont donc «suspendre la rotation en Europe d’une brigade qui avait des éléments dans plusieurs pays de l’Otan », a annoncé aujourd’hui le ministère roumain de la Défense dans un communiqué. Seul un millier de soldats américains resteront déployés en Roumanie. «Nous ne parlons pas d’un retrait des forces américaines, mais de la cessation de la rotation d’une brigade qui avait des éléments dans plusieurs pays de l’Otan, y compris la Bulgarie, la Roumanie, la Slovaquie et la Hongrie», a précisé le ministre de la Défense, Ionut Mosteanu, lors d’une conférence de presse, tenue peu après la publication du communiqué de son ministère.

«Les capacités stratégiques restent inchangées», a assuré le ministre. «Le système de défense antimissile à Deveselu rest[era] pleinement opérationnel. La base aérienne de Campia Turzii continue d’être un point essentiel pour les opérations aériennes et la coopération alliée, la base de Mihail Kogalniceanu continue d’être développée, et le drapeau américain restera présent sur ces trois sites». Par ailleurs, «un groupe de combat aérien restera à la base de Kogzlniceanu, comme c’était le cas avant le déclenchement du conflit en Ukraine». Pour le ministère, «la décision était attendue» et est «le résultat des nouvelles priorités de l’administration présidentielle (américaine), annoncées en février».


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«Nouvelles priorités» de l’administration Trump

Ces «nouvelles priorités» avaient été annoncées par Pete Hegseth, secrétaire américain à la Guerre, le 12 février en ouverture d’un sommet de l’Otan. «Les États-Unis restent engagés dans l’Alliance et en faveur du partenariat de défense avec l’Europe. Mais les États-Unis ne toléreront plus une relation déséquilibrée qui encourage la dépendance», avait-il dit, plaidant pour «un partage du fardeau», une demande ancienne des États-Unis. Donald Trump avait allié le geste à la parole en cessant le financement de la «section 333», un programme de formation et d’équipement des armées d’Europe de l’Est. Les derniers fonds alloués sont valables jusqu’à septembre 2026. Les pays Baltes, Estonie, Lettonie et Lituanie, en sont les principaux bénéficiaires. Ils abritent une importante communauté russophone, qui pourrait être instrumentalisée par le Kremlin pour justifier une éventuelle intervention militaire.

La Roumanie joue un rôle clé dans la stratégie de défense du « flanc est » de l’Alliance. L’OTAN y a déployé, sur la base aérienne de Deveselu, une station Aegis Ashore, l’un des deux systèmes de défense antimissiles balistiques en Europe, destiné à intercepter des projectiles provenant de la Russie ou de l’Iran. Près de la ville portuaire de Constanta, la base Mihail Kogălniceanu est en cours d’extension et devrait accueillir 10.000 militaires d’ici 2030, devenant ainsi la plus grande base de l’OTAN. Enfin, le passage de Focani, proche de la Moldavie et de l’Ukraine, constitue l’une des zones militaires les plus vulnérables de l’Alliance.

Mais les États-Unis ne sont pas la seule nation à envoyer des troupes en Roumanie. La France a déclenché la mission Aigle quelques jours après l’invasion à grande échelle de l’Ukraine et stationne près de 1500 militaires, où elle est nation-cadre d’un bataillon multinational. Depuis le 20 octobre, elle participe à une exercice inédit «Dacian Fall» qui inclut 5000 soldats. Il doit montrer la solidité de l’Alliance en Roumanie, à l’heure où les Américains exigent une plus grande autonomie militaire des Européens.