Capitaine du XV de France lors des deux derniers Tournois des VI Nations (2024, 2025), Grégory Alldritt (56 sélections) pourrait bien ne pas affronter l’Afrique du Sud samedi prochain (21h10), pour ce qui ressemble au match de l’année pour les Bleus. Libéré par Fabien Galthié pour jouer avec son club de La Rochelle ce dimanche soir (21h05) en Top 14, le numéro 8 international reste en quête de sa forme internationale pour prétendre à retrouver son statut de cadre.
Beaucoup de projecteurs seront braqués sur lui, ce dimanche soir, sur la pelouse de Marcel-Deflandre, à La Rochelle. Remis à disposition de son club mercredi soir par le staff du XV de France, Grégory Alldritt y retrouve ses galons d’emblématique capitaine maritime, pour la réception du Racing, affiche de clôture de la 9e journée de Top 14. Et dire qu’il y a encore quelques jours, il était question pour lui du capitanat en Bleu, un brassard qu’il étrenne habituellement en l’absence d’Antoine Dupont.
Oui mais voilà, tout cadre qu’il est sous l’ère Galthié, le troisième ligne rochelais (28 ans, 56 sélections) vient de vivre une semaine toute particulière à Marcoussis, pour préparer le choc face à l’Afrique du Sud, deux ans après la défaite d’un point en quart de finale du Mondial (28-29). Ménagé mercredi pour des douleurs aux cervicales, il portait la veille la chasuble de remplaçant, celle de titulaire au poste revenant au Lyonnais Mickaël Guillard (24 ans, 12 sél.), révélation de la tournée estivale en Nouvelle-Zélande. Une première tendance, déjà, jusqu’à ce choix fort de l’encadrement tricolore.
Loin de ses propres standards
La question se pose. Grégory Alldritt sera-t-il vraiment sur le terrain, samedi prochain, au Stade de France? Ne pas voir son nom figurer sur la liste des ‘joueurs protégés’, et donc exemptés de Top 14 ce week-end, sonne comme une forme de déclassement, un semestre après avoir guidé les Bleus vers un sacre aux VI Nations. Toutefois pas illogique, au regard de son rendement en club depuis la rentrée de septembre. Fait rarissime, sur la première quinzaine d’octobre, le Gersois a débuté deux rencontres de suite sur le banc de touche maritime. Une première depuis l’été 2018.
Apparu très affûté à l’intersaison, le Rochelais peine pour l’instant à donner la pleine mesure de son talent en compétition. Moins tranchant, moins influent offensivement sur le jeu de son équipe, captain’ Alldritt émarge aussi à ‘seulement’ 77% de réussite au plaquage selon le site officiel du Top 14, un ratio fort loin de ses standards. Globalement, il porte aussi moins le ballon qu’à ses plus belles heures, bat moins de défenseurs, davantage focalisé sur le jeu au sol, en témoignent ses cinq ballons grattés. Changement de registre.
Le précédent de novembre 2024
“Les meilleurs joueront, les autres se battront pour jouer.” Avait-il dès lors vu venir cette possible rétrogradation? Dans un entretien accordé à Sud Ouest la veille de l’annonce de la liste des 42 Bleus retenus pour la tournée d’automne, Grégory Alldritt semblait en tout cas bien conscient de la fragilité de son statut: “Si tu ne veux pas de concurrence, il faut aller faire du touch rugby le dimanche (sourire). J’adore les challenges et une belle saison se profile avec beaucoup de challenges, en club et en équipe de France. Je n’ai jamais cru que j’avais une place assurée en équipe de France, je me suis toujours battu pour et je continuerai. Je serai bien sûr challengé, comme tous les autres.”
“On n’est pas sur un joueur fini”
Ce fût le cas pas plus tard qu’il y a un an. Non retenu par le XV de France pour le dernier test match de novembre 2024 face à l’Argentine, le troisième ligne international s’était déjà retrouvé au cœur des interrogations. “Les commentaires à mon égard? Ce qui est un peu frustrant, par moments, c’est qu’il y a des gens qui pensent te connaître mieux que toi-même! Je pense que je me connais, je suis quelqu’un de quand même assez lucide, donc je suis conscient de mon niveau, mais pas inquiet, avait-il livré quelques jours plus tard. On est début décembre, la saison est longue, et je sais où je veux aller et je sais à peu près comment y aller, donc là-dessus je ne suis pas inquiet.” La suite lui avait donné raison.
Interrogé sur le cas Alldritt vendredi midi, un joueur dont il a lancé la carrière en pro en 2017 et qu’il retrouvera ce soir à Deflandre, Patrice Collazo a donné son regard sur ce déclassement automnal. “Ça fait aussi partie d’une carrière. On est sur des profils de joueurs restés très longtemps à très haut niveau, à très haute performance, sur des critères très élevés, dans un jeu très contraignant. On n’est pas sur une chute de température, on n’est pas sur un joueur fini. On est sur un joueur qui va se régénérer. Quand ces joueurs-là se fixent des objectifs, pour aller les chercher, ils ont ce qu’il faut.”
Le Racing comme tremplin?
Ne jamais enterrer le “top mondial” Alldritt. C’est en substance le message de l’actuel manager du Racing, sur ses gardes avant cette 9e journée de Top 14. “S’il joue, il a dû cocher le match. Si on ajoute à ça un peu de déception, on peut s’attendre à ce qu’il rebondisse très vite.” Même son de cloche chez Antoine Hastoy, son coéquipier rochelais. “Ça va le booster encore plus. Greg a à cœur de faire un gros match dimanche et de passer à autre chose, il n’a pas envie de s’étendre là-dessus.”
De retour dès lundi à Marcoussis, Grégory Alldritt peut-il renverser la table sur ce match de clôture et rebattre les cartes pour le choc face à l’Afrique du Sud? Le staff du XV de France, par la voix de son entraîneur des avants William Servat, ne fermait de toute façon aucune porte cette semaine. “Il a beaucoup travaillé cet été, avec une grosse préparation dans son club. Donc Greg est en forme. Après, la confiance du moment, parfois, elle n’est pas toujours facile. On a eu par le passé des joueurs qui venaient de clubs où ils ne performaient pas normalement et qui, avec nous, étaient très performants.”