« Un pour tous, tous pour un » : c’est le principe même sur lequel repose l’Otan. Cette solidarité reste en vigueur dans les textes qui régissent l’Alliance atlantique mais, en cas de réelle attaque contre l’un d’entre eux, ses membres seraient-ils en mesure, politiquement et militairement, de la mettre en œuvre ? L’imprévisibilité de Donald Trump, son caractère bouillonnant, ses menaces plus ou moins immédiates de lâcher les Européens ont semé le doute. Mais à vrai dire, la fin de la guerre froide avait depuis longtemps laissé croire qu’il était moins indispensable de faire bloc, l’ennemi s’étant effondré. Barack Obama, déjà, tournait davantage son regard vers l’Asie que vers le Vieux Continent… « L’Otan est en état de mort cérébrale », avançait même Emmanuel Macron il y a six ans.

« Chacun pour soi », alors ? L’agression russe en Ukraine est venue montrer à quel point cela serait suicidaire, face à un Poutine qui, comme tous les autocrates, connaît pour seule loi le rapport de force. Que pèserait, individuellement, chaque État européen, après des décennies de repli du budget de la défense, de négligence des hommes et des armes chargés de protéger son territoire (même si cette tendance est en train de s’inverser) ?