À mesure que les ouvriers serrent les dernières vis, on devine déjà les allées où l’on flânera mains gantées, nez rougi, gobelet de vin chaud à la main. “Cette année, on a vraiment veillé à la qualité des exposants”, insiste Fabienne Demarcin, responsable communication de Maredsous. “On avait établi un cahier des charges très précis : nous voulions beaucoup d’artisans, avec une offre variée et cohérente. Tous ne sont pas locaux mais de nombreux artisans étrangers nous sont fidèles. Ils aiment venir ici, ils aiment l’ambiance.”
Dans les rangées, presque aucun chalet ne proposera la même chose que son voisin. Des bougies parfumées imaginées par une créatrice namuroise, des bonnets colorés venus de l’autre bout du monde, petites séries d’objets uniques, cadeaux qui sentent le fait-main et pas le “fabriqué à la chaîne”… Maredsous attire son lot de fidèles comme de curieux.
“Les exposants sont contents de venir, ils ont de très belles choses à proposer, poursuit-elle. Et pour les visiteurs qui reviennent chaque année, c’est important de ne pas avoir l’impression de revoir le même marché en boucle. On garde une continuité, mais on aime bien surprendre.”
L’abbaye de Maredsous donnera dès le 14 novembre le coup d’envoi du tout premier marché de Noël du pays. ©Arnaud Siquet
Glisser entre plaisir d’hiver et contraintes d’époque
Quand la nuit tombe sur l’abbaye, Maredsous ne s’éteint pas, elle s’allume. “On a vraiment soigné l’éclairage, confie Fabienne Demarcin. On veut un éclairage magique, presque unique, quelque chose de réellement féerique. Tous les points lumineux ont été pensés pour sublimer l’abbaye, les chalets, les chemins.”
Au pied des murs centenaires, une grande crèche extérieure prendra place, comme un rappel du sens premier de ces fêtes qu’on habille souvent de paillettes.
Juste à côté des chalets, les patins tracent leur propre histoire. Dès le 14 novembre, la patinoire de Maredsous entame sa 9ᵉ édition. Ici, la glace est bien réelle mais avec une attention particulière portée à l’impact énergétique. “Une patinoire, ça consomme mais on voit aussi à quel point elle rend les enfants heureux. Les patinoires deviennent rares, et beaucoup de familles nous disent que c’est une vraie chance de pouvoir encore patiner ici.” Ouverte jusqu’au 4 janvier, la piste accueillera aussi les écoles, qui en ont fait un rendez-vous immanquable du bulletin d’hiver.
L’abbaye de Maredsous donnera dès le 14 novembre le coup d’envoi du tout premier marché de Noël du pays. ©Arnaud Siquet
Quand le houblon retape les pierres
Mais Noël ne se savoure pas seulement à coups de chocolat chaud. Il se déguste aussi à la pression. Dans la microbrasserie de l’abbaye, une nouvelle bière a récemment vu le jour : la Basilique, née d’un partenariat avec Duvel Moortgat. “C’est un vrai produit maison, explique Fabienne Demarcin. Elle est brassée avec le houblon de notre propre houblonnière et une partie des plantes utilisées se retrouvent aussi dans le gin Invictus de la distillerie. Les bénéfices de cette bière sont entièrement destinés aux travaux de la basilique.” Un chalet sera d’ailleurs entièrement dédié à cette bière : verres collectors, packaging explicatif, tout est pensé pour que le public comprenne ce qu’il a dans son verre… et ce qu’il soutient, au passage.
Autre nouveauté de cette édition : un chalet tenu par la société qui fabrique le fromage de Maredsous, désireuse de mettre en avant ses produits, dont un nouveau fromage à tartiner aux fines herbes. De quoi rappeler que, dans ce marché de Noël, la gourmandise fait bon ménage avec la mise en valeur du terroir.
Maredsous attirera les habitués et les curieux mais les voisins sont cette année invités à rejoindre la fête. “Nous avons invités tous les résidents autour du site le 14 novembre. On leur offre à boire et à manger. On est bien conscient que le marché occasionne des nuisances donc c’est notre manière de les remercier.”
Le charme du marché de Noël de Maredsous ne tient pas seulement à ses chalets, mais aussi à ce qui se passe après le tour des allées. “Ce qui nous distingue, c’est cette convivialité très particulière, résume Fabienne Demarcin. On dispose d’un parking gratuit, de notre propre restaurant, de la microbrasserie… Dans beaucoup de marchés de Noël, on mange et on boit dans les chalets puis on repart. Ici, on peut s’asseoir, se poser.”
Un marché qui attire… et qui revoit sa mobilité
L’an dernier, le marché de Noël de Maredsous a attiré environ 120 000 personnes. Un succès qui a un revers : la mobilité.
“Nous savons que c’est un point sensible, reconnaît Fabienne Demarcin. On a mis en place un groupe de travail qui a planché pratiquement toute l’année sur cette question. Une société est venue analyser nos parkings, la circulation… Cette année, un sens giratoire sera imposé et le parking sauvage le long des routes sera interdit. C’est une question de sécurité : ambulances et pompiers doivent pouvoir arriver rapidement.”
Pourquoi ouvrir si tôt, alors que certaines communes n’ont même pas encore accroché leurs premières guirlandes ? “On est le premier marché de Noël de Belgique à ouvrir aussi tôt, rappelle Fabienne Demarcin. On l’avait déjà fait l’an passé et le premier week-end a été un véritable succès. En novembre, il fait souvent sombre, le mois est assez sinistre. Les gens ont envie de pivoter vers la lumière : la raclette, le petit feu de bois, le vin chaud, la musique, la patinoire… ce sont les plaisirs d’hiver. Oui, c’est tôt, mais on voit bien que les visiteurs sont demandeurs. Ils ont vraiment très envie de retrouver cette magie-là.”
À Maredsous, le marché ne fait pas que briller les guirlandes : il fait fondre le gris de novembre, patiner les enfants, pétiller le houblon et respirer le patrimoine. Un Noël qui, décidément, a plus d’une étoile dans sa manche.
L’abbaye de Maredsous donnera dès le 14 novembre le coup d’envoi du tout premier marché de Noël du pays. ©Arnaud Siquet