Le président israélien Isaac Herzog a effectué une visite de 24h dans deux pays africains ce lundi (10.11.25). D’abord à Lusaka, en Zambie, où il a discuté avec son homologue Hakainde Hichilema, avant de se rendre à Kinshasa pour rencontrer le président de la RDC, Félix Tshisekedi.
Les questions internationales du moment, le renforcement de la position d’Israël sur la scène internationale, l’approfondissement des relations diplomatiques bilatérales et la promotion de la coopération régionale et mondiale étaient au centre des discussions en RDC, selon le programme communiqué par le cabinet d’Isaac Herzog.
Le professeur des relations internationales Alain Edinkom, spécialiste de politique étrangère, y voit des bénéfices pour les deux parties.
“Sur le plan diplomatique, la visite du président Israélien constitue un soutien pour la République démocratique du Congo. Et les deux Etats doivent en principe se sentir heureux. Israël attend un soutien du Congo et le Congo vice-versa par rapport à certains comportements israéliens sur la scène internationale. La visite du président israélien chez nous, c’est pour venir tout simplement consolider et raffermir ce lien de coopération qui existe entre les deux Etats.”
Le président israélien joue un rôle honorifique dans son pays Image : Nicolas Messyasz/abaca/picture alliance
Prises de position controversées de la RDC
Israël désire intensifier ses efforts pour se rapprocher d’un maximum de nations sur le continent africain. Cependant, les prises de position de la RDC en faveur d’Israël, notamment la promesse de déplacer son ambassade à Jérusalem, sont parfois source de polémique au sein de l’UA, traditionnellement plus alignée sur la cause palestinienne.
Pour Stéphane Kankanga, chef des travaux en relations internationales à l’Université de Kinshasa, c’est une question d’intérêt national de chaque Etat.
“Toute action étatique est rationnelle, c’est un principe clé en relation internationale”, tient à rappeler Stéphane Kankanga.
“Lorsqu’un Etat agit ainsi, c’est par rapport à ses intérêts. La position de l’Union africaine, oui, elle existe. Mais quel serait l’impact de cette position par rapport à l’intérêt de la RDC ? Si la visite d’Israël a plus d’impact que la position de l’Union africaine, nous applaudissons la visite d’un partenaire important. Ce qui nous intéresse, c’est de garantir l’intérêt de la République démocratique du Congo.”
La RDC, un pays ami d’Israël
En septembre 2023, Félix Tshisekedi et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou avaient annoncé une coopération dans les domaines des infrastructures, de l’agriculture, de la sécurité et de la cybersécurité Image : Giscard Kusema, Presse- und Kommunikationsdienst des Präsidenten
Depuis son arrivée au pouvoir, le Président congolais Félix Tshisekedi a clairement exprimé son intérêt pour Israël, positionnant son pays comme un ami de l’Etat hébreu. Sur le plan étatique, la RDC vise à approfondir ses liens avec Israël, en particulier dans le domaine de la cybersécurité.
Pour Germain Kuna, professeur de Sciences politiques à l’Université de Kinshasa, la RDC, avec ses richesses, devrait construire son propre destin économique.
“Nous avons un pays de loin plus riche qu’Israël. Je ne pense pas que nous devons tendre la sébile face à Israël. Moi, je suis de ceux-là qui pensent que nous pouvons être capables d’être des acteurs de notre propre développement. La RDC doit sortir de ce carcan dans lequel il faut toujours attendre un appui, un soutien, un bénéfice des pays étrangers.”
Il y a deux ans, le président Félix Tshisekedi avait manifesté son désir de transférer l’ambassade congolaise de Tel Aviv à Jérusalem, un projet qui aurait constitué un changement significatif sur le plan diplomatique, mais qui a suscité de vives oppositions au sein de la communauté internationale.
Pour l’heure, ce transfert n’a pas eu lieu, et l’ambassade israélienne à Luanda, en Angola, continue d’assurer les services diplomatiques pour la RDC, le Mozambique et São Tomé-et-Príncipe.