Faite par les équipes de la série Homeland, The Beast in Me est le nouveau thriller événement de Netflix. Avec Claire Danes et Matthew Rhys engagés dans un duel sous haute tension, cette nouvelle fiction n’a cependant pas eu l’effet escompté.

Quand il n’y en a plus, il y en a encore. Sur Netflix, le thriller est l’un des genres les plus proposés par la plateforme de streaming. Qu’il soit scandinave, issu des romans de Viveca Sten et Camilla Läckberg, ou placé sous le sceau de la grande tradition des polars britanniques, comme ça récemment été le cas de Hostage ou des Dossiers oubliés, le thriller se décline à l’infini et souvent avec succès, faisant régulièrement partie du haut du top des programmes les plus regardés. Alors rien d’étonnant à ce que, lorsque l’équipe de la série à succès Homeland se réunit en la personne du showrunner Howard Gordon et de l’actrice Claire Danes pour proposer une nouvelle fiction dans cette catégorie, Netflix n’hésite pas une seconde. Mais un générique, aussi prestigieux soit-il, n’est pas toujours synonyme de carton reproduit.

The Beast in Me : face à face sous haute tension entre Claire Danes (Homeland) et Matthew Rhys (The Americans) sur Netflix

Dévastée par la mort de son fils, Aggie Wiggs (Claire Danes) est une écrivaine à succès tombée en panne d’inspiration depuis le drame et sa séparation avec sa femme. Son deuil est bousculé par l’arrivée de Nile Jarvis (Matthew Rhys), un richissime voisin soupçonné du meurtre de sa femme dont le procès a été ultra-médiatisé. Tentant de réhabiliter son image et persuadé d’avoir trouvé en Aggie un égal dans son rapport violent au monde, il lui propose d’écrire un livre sur lui, jackpot pour son éditeur. S’engage alors un face-à-face où la tension et le rapport de force entre les deux acteurs sont palpables à chaque instant. Si la personnalité sociopathique de Nile fait peu de doute dès le premier épisode, la série parvient à nous surprendre via des plot twists intelligemment installés qui nous entraînent dans les affres de la noirceur de vivre des deux personnages.

The Beast in Me : notre réaction face à la série n’était pas celle que l’on attendait

Malgré une écriture du suspense plutôt bien ficelée, la série se donne une couleur trop psychologique pour être honnête. Si Matthew Rhys est effrayant à quasiment chacun des plans où il apparaît, l’écriture de son personnage manque trop de nuances pour nous laisser la place de douter, de s’interroger sur sa nature profonde. Face à lui, Claire Danes retombe dans les travers qui lui ont souvent été reprochés pour Homeland : son sur-jeu plaintif permanent envahit tout l’écran et l’espace. Difficile de croire à la relation de confiance qu’Aggie parviendrait à instaurer avec Jarvis, cet être si méfiant, tant la peur est marquée à chaque instant sur son visage et tant son personnage semble en permanence sur le fil du rasoir, prêt à craquer.

Une caractéristique qui a pour but d’augmenter la tension lisible entre les deux personnages mais qui fait perdre en crédibilité à ce thriller, et donc en intensité. S’il y avait pourtant tant à dire sur l’égomanie des hommes puissants et psychopathes de ce monde, de la bête qui sommeille en eux, le portrait final manque trop de reliefs pour être qualifié de mémorable.