On aurait tant voulu une finale à quatre. Elle le sera à trois. Et peut-être à deux lundi soir si l’Irlande du Nord ne bat pas la Slovaquie ce vendredi. Le Luxembourg, lui, est exclu du jeu. Ce n’est pas une raison pour prendre à la légère deux confrontations, dont une première prestigieuse face à un adversaire pour le moins rare sur le sol grand-ducal. Oui, il y aura bien des raisons de ne pas louper une miette de ce duel entre voisins.
1) Une sortie à soigner
«On veut jouer le rôle d’arbitre.» L’intention de Jeff Strasser est louable. Elle montre que son équipe n’a pas le droit de terminer en roule libre une campagne qui ne lui a pas permis de se qualifier pour la Coupe du monde. Ce n’est d’ailleurs pas dans l’ADN du Mondorfois d’imaginer ses protégés se préserver pour mieux envisager la suite.
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Trop rapidement réduits à dix à Sinsheim il y a un mois, les Lions Rouges n’ont pas eu voix au chapitre, passant leur temps à défendre. Il y a donc une petite revanche à prendre sur ce plan-là, même si l’Allemagne peut se montrer sans pitié à 11 contre 11 également. Branchée sur courant alternatif depuis le début de ces éliminatoires, la sélection grand-ducale doit soigner sa sortie avec ce double affrontement contre la Mannschaft puis en Irlande du Nord avant de seulement penser au mois de mars 2026 et ce fameux barrage contre Malte en aller-retour pour le maintien en Ligue C de la Ligue des Nations.
Au-delà d’un bilan comptable qui pourrait se solder par un zéro pointé, il y a la manière qui a parfois accompagné l’équipe comme face à la Slovaquie au Stade de Luxembourg, mais qui a aussi parfois fait défaut, comme épisodiquement face à l’Irlande du Nord ici au pays ou sporadiquement aussi à Trnava. Les supporters ne demandent pas le prix de beauté, mais une sortie de terrain sans regret.
2) La plus belle vitrine de la campagne
Il n’y aura pas plus belle occasion que celle qui se présente ce vendredi soir pour soigner son image de marque. Bien sûr que chaque joueur aspire à débuter pour se montrer. Mais face à un tel adversaire, être propre sur soi passera automatiquement par un toilettage collectif. Peut-être que certains internationaux ont des envies de changement d’air cet hiver. C’est le meilleur moment pour se signaler.
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Vincent Thill et Mica Pinto, eux, ne bénéficieront pas de cette visibilité pour trouver un nouveau point de chute. Mais l’enchaînement Allemagne-Irlande du Nord peut profiter à certains pour se relancer ou simplement se remettre en selle après des dernières semaines plus difficiles. On pense notamment à Seid Korac, renvoyé sur le banc à Venise, et à Danel Sinani, qui a perdu (provisoirement) sa place dans le 11 de base du FC St. Pauli.
3) Des stars sous pression
Biberonnés à la Bundesliga, les jeunes et moins jeunes amateurs de football au pays ne manqueraient pour rien au monde la présence de la sélection européenne la plus titrée en Europe. On pense en premier lieu aux fans du Bayern Munich, principal pourvoyeur de joueurs de la Mannschaft. Jonathan Tah, Joshua Kimmich, Leon Goretzka, Serge Gnabry, Aleksandar Pavlović, soit la colonne vertébrale du Rekordmeister en action. Rien que ça!
Et s’il faut plus qu’un court déplacement pour mettre en émoi cette brochette de stars, une certaine pression pèsera tout de même sur leurs épaules, car l’Allemagne doit gagner pour consolider la première place du groupe avant de recevoir la Slovaquie pour une potentielle finale du Groupe A. On n’imagine pas une seule seconde la Mannschaft manquer le rendez-vous de 2026 aux États-Unis, Mexique et Canada après des années de vache maigre dans les tournois majeurs.
4) Un adversaire si rare
Qui peut prétendre avoir vu la Mannschaft sur le sol luxembourgeois? Les chanceux qui étaient au stade Josy-Barthel en 1990… et c’est quasiment tout puisque la seconde présence de l’équipe allemande remonte à 1952, soit seulement deux matchs post-Seconde Guerre mondiale. C’est deux fois moins que l’Italie et trois fois moins que la France, deux autres géants du football européen qui n’ont guère, non plus, fréquenté le territoire grand-ducal.
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La réforme sur laquelle planche actuellement l’UEFA ne présage pas d’un avenir radieux pour les petites nations terriblement excitées à l’idée de défier, au moins une fois tous les deux ans, un ogre du continent. En effet, le format repensé pour l’après-Euro 2028 devrait voir s’affronter des pays de niveau sensiblement égal et donc laisser les «grands» s’expliquer entre eux. Il faudrait alors compter sur des potentiels matchs amicaux devenus de plus en plus rares depuis l’apparition de la Ligue des Nations pour voir débarquer des stars planétaires au pays.
5) 30 ans du M-Block
Le hasard fait bien les choses puisque les 30 ans du M-Block correspondent à cette affiche prestigieuse qui pourrait se prêter, notamment, à un tifo de gala pour l’occasion. On n’en saura guère plus puisque le noyau «dur» des supporters de la sélection préfère limiter sa communication à l’attention de la presse.
Sollicité pour évoquer 30 ans d’encouragements, de joie et parfois de peine, il n’a pas souhaité donner suite à notre demande. Peut-être faut-il voir dans ce boycott une réponse aux interrogations nées chez certains de nos confrères, indignés de voir les fréquentations douteuses de certains membres dudit M-Block.