MeToo Police : les violences sexuelles policières, endémiques et peu punies • FRANCE 24

[Musique] Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans cette édition d’actuel consacrée au mouvement Mitou Polilis. Ceux qui sont supposés protéger la population sont aussi parfois ceux qui agressent. Des policiers ou gendarmes auraient abusé de personnes venu porter plainte au commissariat, des gardés à vue ou encore des personnes qui ont été contrôlées par la police. Le média indépendant disclose a mené l’enquête au côté de l’œil du 20h de France Télévision. Le collectif féministe Nous a également sondé la population pour recueillir des données. Leurs conclusions sont sans appel. Les violences sexistes et sexuelles commises par les forces de l’ordre ne sont pas d’une rareté mais surtout elles reste bien souvent impunies. On va en parler avec mes invités. Lea Mignano, bonjour, vous êtes journaliste pour le média indépendant disclose. Vous avez travaillé pendant fort longtemps, pendant des mois sur cette enquête. Merci d’être avec nous. Emmanuel Anchou, bonjour. Vous êtes membre du collectif Nous tout pris le relais de cette enquête avec ce sondage sur internet qui vous a permis de recueillir pas mal de données complémentaires. Merci à toutes les deux pour votre présence. Léla, vous avez travaillé plus d’un an sur ces violences sexuelles policières. Qu’est-ce que vous avez appris au cours de cette enquête notamment sur le profil des agresseurs et des victimes ? Alors le profil des agresseurs, il y en a pas. On est sur tous les grades du gendarme volontaire, donc base, policiers de base à commissaire, capitaine, brigadier, chef. Sur les victimes, en revanche, on est sur un public de toute façon qui est en général très vulnérable avec des plaignantes par exemple qui viennent déposer plaines pour violence intrafamiliale, pour viol par exemple. On est sur des personnes qui sont gardées à vue, qui sont détenues, euh sur des personnes qui sont aussi fouillées, donc des personnes qui sont aux mains de la police, donc de leur de ce fait-là vulnérable. Il y a également des collègues, donc la majorité des des cas, ce sont des femmes collègues qui sont victimes de viol d’agression sexuelle, de harcèlement sexuel. 70 % des cas, ce sont des supérieurs hiérarchiques qui agressent leurs inférieurs. Emmanuel Anchou, vous avez travaillé avec votre collectif nous tout sur ces questions. Vous aviez notamment lancé prend ma plainte sur la victimisation secondaire des personnes qui viennent porter plainte, qui sont malmenées par les policiers qui les reçoivent, qui ne sont pas cru. Quand vous avez mené cette enquête cette fois-ci sur le Mou police, est-ce que vous avez été surprise parce que vous avez découvert ? En réalité, on n’a pas été surprise parce qu’on a été découvert. Euh c’est vrai que cette enquête mit police, on a eu 3500 réponses. Euh et sur ces 3500 réponses, 1/3 euh des répondantes euh expriment avoir euh enfin subir déjà des discriminations. Donc il s’agit de personnes racisées, il s’agit de personnes vulnérabilisées, précaire, handie, grosse, TDS et c’est des personnes sur lesquelles il est facile d’utiliser une domination, une autorité dont dispose les forces de police. Les Mignano, il y a quand même une grande dichotomie pour pour les personnes qui agressent, qui font partie de ces forces de l’ordre parce que normalement leur mission c’est de protéger la population. Or là, ce sont des personnes qu’elles agressent. Comment vous expliquez ce paradoxe ? Les profils d’agresseur qu’on a pu observer, on se trouve envers des personnes qui ont énormément de pouvoir dans leurs mains. C’est-à-dire qu’ c’est des personnes qui sont armées, c’est des personnes qui ont accès au fichiers d’identité, sont des personnes qui ont le réseau policier, le réseau judiciaire pour se protéger. Donc c’est des agresseurs mais dotés de super pouvoir et donc du coup ils vont passer pendant des années et des années entre les entre les mailles du filet bénéficier d’une tolérance et d’une impunité évidemment de la part de leur hiérarchie. Et donc du coup ça euh ça va ça va produire euh un nombre d’agressions aussi important qu’on a pu observer que ce soit nous ou le collectif nous toutes. Il y a eu cette histoire là très récemment. Une femme au dépôt du tribunal de Bobini donc qui attend son tour qui porte plainte pour viol contre deux policiers de respectivement 23 et 35 ans. Donc 23 sorties d’école. A priori eux ils affirment que c’était des rapports conscientis. Euh l’affaire s’affire une énorme tolé euh et depuis une décision a été prise qui devrait assurer davantage la sécurité des femmes écrouées. Je vous propose d’écouter cette décision. Euh actuellement, il y a six policiers au au dépôt. En principe, il y avait normalement toujours une femme. En principe, c’est voilà. En en réalité euh c’est c’est c’était l’organisation qui qui existait. Euh le soir des faits, il n’y avait pas de femme. Voilà. Donc désormais désormais le DTSP s’est effectivement engagé à ce que il y ait systématiquement toujours au moins au moins une femme dans l’effectif de nuit. Les améano, c’est la bonne solution mettre des femmes policières pour surveiller les hommes. Moi, je pense que la solution idéale, ce serait d’inscrire dans le code de déontologie que une personne sous la garde à vue euh d’un policier ou d’un gendarme ne peut être sollicité sexuellement. Aujourd’hui, ça n’existe pas. dans le code de déontologie, ça n’existe pas dans le code de la police. Après, maître des femmes, tout dépend si la femme va fermer les yeux comme nous, on a pu malheureusement l’observer. C’est pas toujours le cas. Il y a des femmes qui s’opposent. C’est arrivé une fois d’ailleurs au dépôt de Toulon, donc exactement la même situation mais à Toulon où une femme a dénoncé euh sans succès malheureusement puisque la personne a été maintenue. Mais il peut arriver malheureusement que des femmes policières ferment les yeux. Moi ce qui me choque et ce que on ne cesse de répéter à nous toutes, c’est que finalement euh toutes les solutions qui sont trouvées euh euh font peser la charge et la responsabilité de la surveillance aux femmes qui subissent elles-mêmes les violences. Et donc ça c’est pas possible. On peut pas fonctionner comme ça dans une société. Est-ce que vous pensez que parmi les personnes qui rejoignent les forces de l’ordre, il y en a qui sont des prédateurs qui vont précisément vers cette profession pour en profiter ? C’est une question très difficile. Euh on considère que euh en chaque homme, il existe un agresseur parce que euh la société euh est empreinte de stéréotype de genre, empreinte de la culture du viol euh et que aujourd’hui on a encore du mal à entendre, à comprendre que le corps de l’autre n’est pas à disposition. Et donc euh je ne sais pas dire si euh une une personne euh va faire ce métier pour pouvoir assouvir euh une envie particulière. Nous, on part du principe que la culture du viol, c’est le fait de permettre des comportements sexistes qui vont qui sont tolérés, qui sont acceptés, banalisés et qui vont permettre en fait une escalade dans le la violence et permettre à chaque fois le degré du dessus, les agressions sexuelles, les viols et ça va jusqu’au féminicides. Euh est-ce que euh on a une idée de la propension de de la à quel point s’est répandu en fait ces violences policières ? parce que là on parle de quelques cas qui nous sont parvenus. Mais est-ce que c’est quelque chose qui est très répandu ou ce sont quelques brebis galeuses qui jette l’eau propre sur toute la profession ? Il n’y a pas de réel recensement aujourd’hui euh par le ministère de l’intérieur, par le ministère des armées. En revanche, qu’on peut donner comme chiffre, c’est les chiffres de la défenseur des droits qui aujourd’hui a saisi à plusieurs reprises le ministre de l’intérieur pour lui dire qu’il fallait faire quelque chose euh par rapport aux violences sexuelles commises contre les policiers et gendarmes parce que c’est 3/4 des plaintes dont elle est saisie dans la fonction publique. Mais malheureusement, le ministère de l’intérieur n’a pas donné suite aux plaintes aux appels de la défenseur des draps et ça ça fait quelques années. Est-ce que il y a d’autres pays qui ont des chiffres et qui auraient des idées plus précises que nous en France ? Exactement. Les meilleurs euh chiffres qu’on ait, c’est la police britannique qui a mené une véritable enquête auprès de ces hommes et qui révèle que chaque semaine un viol est commis par un policier dans les forces britanniques. Vous mentionniez tout à l’heure les outils qui sont à la disposition de ces policiers et des gendarmes pour justement obtenir des faveurs sexuelles. Vous aviez raconté dans ce discla en tout cas que vous surnommez Carole et qui raconte qu’elle vient porter plainte pour des violences conjugale et que elle tombe sur un policier qui est a priori très bienveillant mais en fait ça va un peu dégénérer. Exactement. Carole, en fait, c’est une femme qui aujourd’hui à la cinquantaine. Ce jour-là, le conjoint brise le poignet de son fils et pour elle, c’est la ligne rouge. Donc, elle décide d’aller sauver la vie de son fils, d’aller aussi sauver la sienne et de traverser la porte du commissariat. elle trouve une oreille bienveillante, elle se dit qu’elle va être écoutée et qu’elle n’est pas sa surprise quand le soir même, elle reçoit quelques textos euh de la part de ce gendarme-là qui lui dit qu’il a été touché par son récit, qui lui dit qu’ qu’il a envie de boire un verre avec elle, qui lui dit qu’il peut l’aider, euh qui se fait appeler son ange gardien et au fil du temps, elle va finir par lui faire confiance euh et par céder à ses avances jusqu’à ce que elle dénonce un viol plusieurs mois plus tard. Il faut savoir donc celui qu’on appelle l’ange gardien Olivier P va faire plus d’une dizaine de victimes connues. Euh donc il y a 12 femmes he qui vont se retrouver au moment de de son procès. Il va faire la même chose auprès d’autres femmes qui seront aussi des femmes vulnérables victimes de vif donc de violence intrafamiliale, victime de violet d’enlèvement rescapé de féminicides qui à un moment donné vont voir dans cette situation une bouée de sauvetage. Il y a aussi un autre type de violence sexuelle policière qui existe mais avec une logique totalement différente. Emmanuel Lanchou, c’est par exemple pour les personnes qui sont malmenées lors de contrôle d’identité lorsqu’elles sont écrouées. Est-ce que vous pouvez nous parler de l’origine de ces violences ? Je pense par exemple au cas de Théo Louaka qui avait été malmené, qui s’était retrouvé violé lors de son arrestation. Ça est-ce que c’est fréquent et et quelle est l’origine pour le coup de ces violences chez les policiers et les gendarmes ? C’est la partie immergée de l’iceberg en réalité. Et la logique dans les violences sexuelles, c’est toujours euh de la domination, c’est toujours s’approprier le corps de l’autre, c’est l’humilier euh pour le soumettre. C’est la même logique quelle que soit la victime. Évidemment, les enfants et les femmes minorités de genre sont les victimes les plus nombreuses. Mais les hommes racisés euh le sont également parce que on est au croisement de système d’oppression et effectivement les forces de l’ordre vont user des mêmes techniques, des mêmes mécanismes de violence pour pouvoir soumettre l’autre. D’un mot pour conclure quand même sur une note un peu plus positive. Quelles sont vos solutions pour que ces personnes qui se retrouvent en contact avec la police ou la gendarmerie n’en aient pas peur et puissent malgré tout porter plainte et avoir confiance dans les forces de l’ordre qui sont censées les protéger. Ce qui est absolument indispensable, c’est de prendre conscience de ces phénomènes là, de l’ampleur des violences policières, de l’ampleur des violences sexuelles policielles en particulier. Euh et euh comme solution, il nous paraît indispensable de former euh toute la chaîne, toutes les forces de l’ordre, euh tous les corps de métier, police nationale, police municipale et gendarmerie. Formation à quoi ? Au stéréotype de genre euh à la culture du viol pour instaurer une culture du consentement. Léamo, votre solution ? Moi, je pense que là euh dans un premier temps, il faut qu’il y ait une réaction du ministère de l’intérieur. Peut-être expliquer euh dans le code desontologies qu’on ne peut pas euh solliciter des faveurs sexuelles avec des personnes en garde à vue, qu’on ne peut pas solliciter des plaignantes qui passent le l’apport du commissariat. Je pense que ce serait une réaction basique. Donc je pense que le premier pas, c’est celui-là. Je rappelle aussi euh votre enquête sur disclose. On peut envoyer à votre email mitopoli@disclose. Et puis bien sûr le site de votre média, également sur le site de nous tout où vous aviez mené ce sondage. Merci Leila Minano, merci Emmanuel Anchou d’être venu sur le plateau d’actuel et puis merci à vous de nous avoir suivi. À très bientôt sur France 24. [Musique]

Entre accusations de viols, d’agressions ou de sollicitations déplacées visant des personnes vulnérables, les scandales impliquant des violences sexuelles commises par des policiers ou gendarmes se sont multipliés ces dernières années. Malgré les mises en garde, le ministère de l’Intérieur tarde à réagir.
#MeTooPolice #VSS #Police

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5 comments
  1. Les flics Tunisiens utilisent le GHB pour manipuler les filles. Ils leurs tendent ensuite des pièges et les arrêtent pour prostitution illégale, ce qui vaut une année de prison en moyenne.
    Ils leurs proposent ensuite de fermer les yeux sur leur délit et les font travailler pour leur propre compte.

  2. Bah en France la police peut agir en toute impunité !!
    Regardez l'histoire de Myriam Sakhri ! Ça pose beaucoup de questions… 😥😥😥

  3. la tendance mondiale est à la victoire du masculinisme cishétéronormatif et c'est pas prêt de s'arrêter (en occident avec le capitalisme et ailleurs avec les conflits armés )

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    les dispositions politiques sont déterminées par la position et la trajectoire sociales , donc il faut expliquer que c'est la situation du capitalisme et du patriarcat cisheteronormatif qui détermine cette tendance politique

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    cette histoire idéaliste de "consentement " est une élucubration des bourgeoises blanches diplômées

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    le but de mon mémoire est d'anticiper l'avenir de différents rapports de domination , et pour la question genrée, je fais des prédictions: en appliquant le modèle que j'ai développé dans mon mémoire , compte tenu de la baisse de la natalité des blanc,he,s en occident et de la (future ) hausse des frais d'inscription dans les études supérieures , on peut prédire une baisse future du niveau de diplôme moyen , une victoire brutale et durable des mouvements patriarcaux cishétéronormatiifs, et les politiques qui vont avec (anti avortement , anti lgbt, anti services publics ) une hausse de l'immigration (choix allemand ) ou un vieillissement de la population (choix japonais ) , un rétablissement violent et durable du patriarcat paysan et féodal dans les sociétés sédentaires après l'effondrement de l'industrie , l'impossibilité de futures victoires féministes et lgbt sans une alliance complète des 2

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