GIEC des inégalités : la proposition peut-elle aboutir ? • FRANCE 24

[Musique] Bonsoir Thomas Piquetti, merci d’être avec nous. Vous avez signé une lettre adressé au dirigeants du G20 qui a eu lieu ce weekend à Johannesbourg. 500 signataires, économistes, historiens, politologues de 70 pays différents pour demander la création d’un GC sur les inégalités. Le tout dirigé par le prix Nobel de l’économie Joseph Stiglis. Alors, un JC sur les inégalités Thomas Piquetti sur le modèle du JC du climat à quoi pourrait à quoi ça pourrait pourrait-il pardon à quoi servirait-il ? L’idée générale, c’est c’est de mettre au cœur du du débat public mondial cette question des inégalités en même temps que la question du climat. Parce que la la conviction qui est la nôtre et de de beaucoup de chercheurs mais surtout de beaucoup d’acteurs de la société civile et de plus en plus de de gouvernements dans notamment dans les pays du sud, c’est qu’on peut pas résoudre les défis climatiques environnementaux qui sont les nôtres sans mettre la question des inégalités au cœur de la discussion. des inégalités à la fois entre les pays. Donc avec évidemment un un retard de développement dans les pays du sud qui se retrouve à subir de plein fouet les conséquences du réchauffement causé historiquement par les pays du nord mais aussi des inégalités à l’intérieur des pays parce que tant qu’on en restera à ces oppositions entre pays entre le nord et le sud pour pour simplifier on va aussi on va avoir beaucoup de mal à trouver des solutions parce que à l’intérieur des pays du nord tous les tous les acteurs économiques, tous les citoyens n’ont pas la même responsabilité, n’ont pas la même capacité à à contribuer au financement de tout ça et de même à l’intérieur des pays du sud, vous avez des personnes qui ont tout à fait bien profité de la situation, d’autres beaucoup moins. Donc c’est pour ça que cette question des inégalités entre classe sociale, entre ceux qui détiennent des actifs énergétiques par exemple et ceux qui qui subissent les conséquences du réchauffement entre différents niveaux de de revenus de pouvoir d’achat doit être au centre. Et et c’est vrai que moi je regrette lors de ce G20 que les pays européens, les pays du NEUR n’aient pas davantage soutenu. Alors c’est cette initiative qui venait d’Afrique du Sud au départ, c’est c’est le gouvernement sud-africain qui avait fait ce choix de mettre cette question des inégalités au cœur du G20. Et c’est vrai que moi j’aurais aimé un soutien beaucoup plus clair de la part des gouvernements européens notamment français et allemands. Oui Thomas Piquetti. Alors, vous défendez cette instance multilatérale et comme vous le dites, elle n’a pas été adoptée à ce sommet du G20 de Johannesbourg alors que c’était une initiative sud-africaine. Quelle chance peut avoir une telle instance multilatérale dans un monde de plus en plus fragmenté et brutal ? Ben, c’est justement le moment d’avancer sur une construction d’un d’un multilatéralisme aux besoins sans les États-Unis. Je crois qu’il faut s’habituer au fait que les États-Unis, en particulier quand ils sont gouvernés par Trump ou par un autre une autre un autre Trumpiste dans l’avenir, alors on espère tous qu’il y aura aussi d’autres types de gouvernement des États-Unis, mais de toute évidence, le le moment Trump d’abord va durer encore un petit peu et puis n’est pas n’est pas forcément une anomalie malheureusement dans l’histoire des États-Unis. C’est qu’il y a un rédissement des États-Unis sur la question énergétique, sur la question climatique, sur la sur la question des inégalités. une forme de nationalisme, d’extractivisme qui prend une forme absolument extrême évidemment avec Donald Trump mais qui malheureusement on risque de l’avir encore. Alors plus ou moins avec des administrations démocrates ou républicaines, il y aura des changements à l’avenir et on espère évidemment que les les États-Unis un jour reviendront à une autre posture mais il faut que le reste du monde s’habitue au fait que il faut construire des alliances sans les États-Unis. Mais pourquoi, pardonnez-moi Thomas Piquetti, pourquoi une approche mondiale sur les inégalités alors que les pays sont tous très différents et donc les politiques publ seront différentes d’un pays à l’autre ? bien sûr, mais en même temps, on a construit un un cadre mondial pour permettre euh l’enrichissement de parfois de quelques acteurs des des de multinational de de milliardaires. On a construit un cadre légal mondial extrêmement sophistiqué permettant par exemple d’appuyer sur un bouton, de transférer vos actifs à l’autre bout du monde sans rien devoir payer en impôt dans le pays dans lequel vous avez quand même bénéficié des infrastructures publiques de du système légal et cetera. Donc on a construit un cadre international extrêmement sophistiqué au moment de de faire fortune et puis au moment de de construire une capacité collective à produire des biens publics dans l’éducation, dans la santé, dans les infrastructures énergétiques, dans la lutte contre le réchauffement climatique. Là par contre, on a on a juste oublié de de construire du multilatéralisme. Donc voilà, ça peut pas là, on est dans un monde où le multilatéralisme va à deux vitesses. Ouais d’avoir un système très multilatéral quand il s’agit d’appuyer sur un bouton d’aller d’aller planquer leurs actif quelque part ou de jouer entre les différents pays pour payer le moins d’impôts possible pour des multinationales. Et puis au moment où on veut un peu un principe de responsabilité d’obligation là on va dire “Ah mais c’est trop compliqué le multilatéralisme”. Bon la solution l’impôt l’impôt minimum de 15 % sur les multinationales il est entré en vigueur en Europe il y a 2 ans. Il a tout de suite été remis en cause par les États-Unis. Eux ont obtenu une exemption alors que c’était un projet de l’OCDE. Oui, mais il va falloir s’habituer à à l’avenir à à sanctionner euh des pays qui refusent de participer à la coopération internationale, y compris des États-Unis. C’estàd que je pensionn comment Thomas Piquetti ? Bah tout simplement bah vous voyez la la façon dont Trump sanctionne les autres pays, c’est en mettant des droits de douane, ça peut tout à fait marcher dans l’autre sens. simplement, il faut le faire non pas sur la base de principes euh nationalistes et extractivistes comme le fait Trump, mais sur la base de principes universel lié par exemple à l’empreinte carbone euh d’un pays. C’est-à-dire que si vous avez un pays comme les États-Unis qui a une émission carbone par habitant qui est complètement en dehors du tableau par rapport aux autres, est-ce que vous pouvez continuer de de commercer avec lui, d’avoir les les mêmes échanges exactement dans les mêmes conditions que s’il avait réduit son empreinte carbone ? Bah la voyez, je pense que la réponse est un peu dans la question. Si vous continuez d’échanger exactement de la même façon avec les États-Unis ou avec tous les pays du monde parce que c’est pas le problème des États-Unis en tant que tel, c’est c’est une question universelle. Mais si vous continuez d’avoir le même type d’échange commerciaux et financiers avec tous les pays indépendamment de la politique climatique par exemple qu’il mène, bah forcément à la fin des fins, vous allez avoir du mal à remplir vos objectifs climatiques. Donc à un moment, il faut il faut juste être être clair de quel est l’objectif poursuivi et quel moyen on se donne pour le pour pour les poursuivre. Mais la bonne nouvelle, moi je je veux d’abord insister sur les aspects euh euh positifs et et optimistes, c’est que la part euh des États-Unis, en l’occurrence dans la richesse mondiale est en train de euh tomber en chute libre. C’est-à-dire que on était à 40 45 % du PIB mondial en 1950, on est aujourd’hui à 15 % en parité de pouvoir d’achat. Entre 15 et 20 %, on s’approche de 15. Euh d’ailleurs, les États-Unis sont en train de bientôt perdre leurs droits de véu au FMI à la Banque mondiale, ce qui explique une grande partie de la nervosité actuelle du du gouvernement à Washington. Et cette part à 10 % à 5 % dans les décennies qui viennent et tous les énervements ou de Trump n’y changeront rien. Donc de toute façon, des coalitions vont se mettre en place avec ou sans les États-Unis. avec ou s les États-Unis.

Stéphanie Antoine revient sur une proposition majeure soutenue par plus de 500 signataires, économistes, historiens et politologues, issus de 70 pays : la création d’un GIEC sur les inégalités, instance mondiale inspirée du modèle du GIEC pour le climat. Dirigée par le prix Nobel Joseph Stiglitz, cette initiative vise à analyser les inégalités et à proposer des solutions pour les combattre. Les explications de l’économiste Thomas Piketty dans cette interview. 
#économie #GIEC #inégalités

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2 comments
  1. Oh oui, un GIEC des inégalités ! Ça sera le grand fou rire annuel des 7 milliards de pauvres en train de mater trois cents racailles débattre de comment ne pas réduire ces inégalités.

  2. C'est dans vos sociétés qu'il faut voir cela, rien que pour le salaire des Footballeurs des grandes équipes, vous avez de quoi vous scandaliser…

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