La beauté, une obsession humaine • FRANCE 24
[Musique] Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans cette édition d’actuel consacrée à la beauté. On ne prête corrige dit-on. On pourrait t’ajouter et au beau. Les études montrent que les personnes belles sont traitées avec davantage d’égard que les autres et qu’on leur fait davantage confiance. Mais la médaille de la beauté a aussi un ou plutôt des revers son coût notamment ou les risques auxquels certaines personnes s’expose pour atteindre leur idéal. Et puis il y a aussi cette idée parfois que beauté rime avec bêtises. On parle de tout cela avec mon invité Ellisabeth Azouet. Bonjour. Vous êtes anthropologue spécialiste de la beauté et vous avez dirigé cet ouvrage collectif 100000 ans de beauté aux éditions Gimar. Merci beaucoup pour votre présence sur ce plateau. Pour commencer cette émission, je voudrais savoir est-ce que c’est vaniteux de s’intéresser à la beauté ? Mais pas du tout. En fait, c’est même tellement évident. En fait, ce qu’il faut comprendre, c’est que les êtres humains, Homo sapiens, on sait qu’il a 300000 ans. On sait que dès le départ, Homo sapiens ne se contente jamais de son corps biologique. Il a toujours un corps transformé culturellement, volontairement. Et donc en quelque sorte notre corps, c’est d’ailleurs le travail sur notre apparence et bien c’est un des plus vieux travaux entrepris par l’homme et le corps c’est le premier médium culturel et donc c’est pas du tout du tout du tout superficiel. C’est un impératif humain. C’est la signature de l’humain. Et quand vous écrivez 100000 ans de beauté, ça veut dire que ça a toujours été une obsession des êtres humains. Ça remonte à quand ? Est-ce qu’on peut le dater dans l’histoire ? Oui, je pense que ça remonte au moment où on a eu à peu près la même taille de cerveau que nous aujourd’hui avec le même imaginaire. la même capacité d’une pensée symbolique, c’est au-delà de 300000 ans. C’est énorme. C’est une durée vertigineuse en fait. C’est à partir de ce moment-là que l’homme moderne arrive avec toute la construction dont il faut être capable, qu’on appelle construction culturelle et qui est une pensée symbolique. Quand vous dites culturel, ça veut dire que ça marque une appartenance à un clan, ça veut dire que ça marque une appartenance à une époque, à une région, à une un statut social. En fait, la beauté c’est tout ça à la fois. C’est une ce sont des signes qu’on pose sur son corps, son visage et cetera et à la fois ça traduit l’appartenance à un groupe social, euh à une culture, mais en même temps, ça permet de se construire soi-même en tant qu’individu. C’est-à-dire que le même geste peut avoir différentes motivations. On se déploie dans un espace avec des signes culturels communs dans une culture, mais aussi bien sûr, on reste des individus et on cherche à exister en tant que personne unique. Est-ce qu’il y a une définition de la beauté ? Non, il y a pas de définition de la beauté parce que sinon on serait pas capable de penser la diversité et on serait pas capable de penser que ça change tout le temps avec les époques. En revanche, on peut tenter quand même quelque chose, c’est de dire que la beauté, c’est tous les gestes qu’on entreprend volontairement sur soi-même pour transformer son apparence. Ça c’est une définition, mais moi je me garderais bien de définir le résultat auquel on veut parvenir parce que celui-là, il change partout. et tout le temps très beaux hommes et très belles femmes d’aujourd’hui seront peut-être les leddrons d’une autre époque. En tout cas, la beauté, ça n’est pas un domaine sans risque parce qu’il y a des opérations esthétique qui sont parfois dangereuses, des personnes qui s’engouffrent dans cette brèche sans formation adéquate. Je vous propose de regarder cette caméra cachée. Elle a été tournée par nos confrères et consœurs de l’œil de 20h pour En France Télévision. Regardez, ce business très lucratif continue de fleurir sur les réseaux. Nous avons fait le test à Lyon. En quelques minutes, nous trouvons des dizaines de comptes promettant un bain de jouvance. Sur celle-ci, cette soi-disant esthéticienne ne cherche même pas à cacher qu’elle pratique des injections. Un acte pourtant réservé aux médecins en France. Nous y prenons rendez-vous et nous nous y rendons en caméra cachée. Sur place, un simple immeuble d’habitation. Pas de plaque, aucun doute, ce n’est pas une médecin. Bonjour. Ah, bonjour. Cette femme nous reçoit en réalité chez elle dans son salon où une table de massage a été installée. Vous faites des injections à quel niveau du coup ? À ce niveau là. Ça s’appelle comment le produit ? C’est de l’acide. C’est de l’acide. D’accord. Et donc du coup si je fais ça, c’est pour il y en a pour combien ? 300. 300. D’accord. Mais quand nous posons des questions plus précises sur sa formation. Et vous êtes esthéticienne, c’est ça ? Un silence. Parce que vous aviez pris rendez-vous à quel moment ? Elle nous demande alors de partir. Nous insistons. Vous êtes pas esthéticienne en fait ou ? Non, je suis pas esthéticienne. Tout est norme non illégal. Pourtant, quelques minutes après notre départ, le compte a finalement disparu des réseaux sociaux. La fausse esthéticienne s’est volatilisée. Ellisabeth a voulé risquer sa vie, en tout cas sa santé pour devenir beau ou belle. Est-ce que c’est vraiment bien raisonnable dans le fond ? Pas du tout hein. Le le but c’est quand même de rester vivant et en bonne santé. Mais ce qu’il faut comprendre, c’est que tout au long de l’histoire, on a pris des risques insensés pour être beau et on s’est prêté à des transformation corporelle parfois pénalisante. Par exemple, les petits pieds des Chinoises, ça voulait dire le fait de pas pouvoir marcher normalement pendant toute une vie, par exemple, hein. Mais tout ça a été motivé par des croyances. l’idée que c’était très important ce canon de beauté là que quelque part ça renforçait le statut d’une femme suffisamment riche pour ne pas avoir à courir dans les champs et à travailler dans les champs. Et donc ça avait un sens. Là ce dont on vient de parler avec ce petit reportage c’est autre chose. C’est une escroquerie. Qu’est-ce que ça apporte concrètement d’avoir cette beauté physique ? Est-ce que ça quels sont les avantages qu’on peut en tirer en fait ? Bah ils sont de plusieurs ordres. D’abord, on veut tous essayer de se réaliser personnellement dans une vie amoureuse. Donc c’est un plaisir personnel avant tout. Oui, mais pas seulement, c’est aussi guidé par la nécessité de séduire. Euh c’est à la fois tourner vers soi et vers l’autre, hein, avec l’idée que on veut être au mieux de ce que l’on pense pouvoir être à la fois pour séduire, pour avoir une vie amoureuse, une vie professionnelle, une vie sociale. Donc c’est un c’est un mélange de toutes ces motivations là. Qu’est-ce que ça apporte professionnellement justement la beauté ? C’est vrai que il y a un petit biais cognitif qu’on est capable de d’évaluer dans des études, c’est que quand il y a les recruteurs sont sensibles à la beauté, en fait, très souvent pour eux, ils associent beauté avec performance, efficacité, bon comportement de la personne à recruter. Ça c’est une très très vieille histoire de l’humanité, c’est qu’on a souvent associé la beauté à la vertu. Euh et ça c’est depuis l’antiquité. Et c’est valable pour les hommes comme pour les femmes dans le monde professionnel. Oui. Oui, tout à fait. C’est pas forcément exactement les mêmes critères de beauté qui sont valorisés pour l’homme, mais par exemple le fait d’être plus grand, une plus grande taille, d’avoir un une démarche, des mouvements un peu athlétiques, ça montre que finalement c’est une forme de puissance, c’est une forme aussi de ça montre une personne qui s’entretient par le sport et cetera. Ça c’est très valorisé. Il y a aussi une nouvelle tendance qui apparaît très récemment. Peut-être qu’elle a apparu plutôt dans l’histoire, vous allez me le dire tout à l’heure. Mais en tout cas, il y a les cosmétiques pour enfants qui existent et qui maintenant cette presse a des cibles de plus en plus jeunes. Regardez, se maquiller pour faire comme maman. Derrière l’innocence de leur jeune âge, ces enfants sont aujourd’hui la cible d’un marché colossal. Massage de pieds, pose de vernis à ongles, gommage, parfum chocolisette. Les instituts de beauté réservés aux enfants se multiplient en France et la tendance inonde les réseaux sociaux ou des petites filles. Après, j’ai mets ma crème. Partage leur routine beauté, un phénomène qui divise ses parisiens. Un enfant veut le c’est un enfant c’est tout. On veut on le fait grandir avant l’âge alors que le mental n’est pas encore là. Déjà, ça altère la vision que l’enfant il a lui-même, enfin l’adolescent il a de lui-même et puis c’est aussi fausser une certaine réalité. Donc je pense que c’est une mauvaise chose. Chacun fait ce qu’il veut tant que ça démarre pas trop tôt non plus. C’est normal à son âge quand on se maquille un petit peu. Alors faut pas que ce soit trop excessif. J’aime bien avoir une petite touche de maquillage ou un petit peu de paillett ou quelque chose. Ouais voilà. Cette tendance n’a pas échappé aux marques de cosmétique. Visage juvénil sur des emballages colorés et fruités. Même l’actrice canadienne SH Mitchell vient de lancer une gamme de masques hydratants à partir de 3 ans déferlante de réactions négatives immédiates sur les réseaux sociaux. Horrifié. Désolé mais c’est une idée horrible. Ces pratiques sont-elles dangereuses pour les enfants ? Ben, la peau de l’enfant, on la considère comme une peau parfaite. C’est-à-dire qu’elle n’est pas trop sèche, elle n’est pas trop grasse. Donc si si on met des produits dont on n’ pas besoin, on s’expose inutilement à des éventuels effets secondaires. Le problème, c’est que la peau d’enfant se sensibilise à certains produits qui n’étaient pas utiles. Voilà. Déclenchement d’une allergie, allergie de contact, eczéma de contact. Rien d’illégal sur ce marché car il n’existe pas de réglementation spécifique définissant les cosmétiques pour enfants. Certains professionnel de santé appellent à légiférer sur le sujet. Ellisabeth Azouet, à travers l’histoire, il y a eu du maquillage, de la beauté des enfants qui étaient valorisé comme on a pu le voir dans ce reportage. Pas tant que ça, c’est rare. Ce qu’il faut pas croire, c’est que cette quête de beauté, elle concerne uniquement des adultes et des adultes jeunes. En fait, je pense que tout le monde, quel que soit l’âge, essaie de paraître au mieux et que les mères ont toujours tiré une certaine fierté de pouvoir montrer un enfant beau, bien habillé, bien coiffé et cetera. Là, c’est différent hein, mais c’est parce qu’il a marché. Absolument. C’est c’est une question d’argent. C’estd que oui, on a parlé des femmes, on a parlé des enfants. Est-ce que les hommes eux aussi ont cette espèce d’impératif de la beauté ? Est-ce que c’est quelque chose qui a évolué au fil de l’histoire ? Mais bien sûr, en fait, c’est un grand cach on cache les gestes masculins qui cherchent l’embellissement, hein. Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que pendant très longtemps, quand on pense par exemple à à l’Europe du 16e, 17e, 18e siècle, les aristocrates se maquillaient à peu près autant que leurs femmes. Maquillage, poudre, mouche, perruque, vêtements à dentelle, à jabot, ruban. Enfin bon, voilà. Ce qui a changé radicalement, il y a une sorte de coupure, c’est que à partir de de la Révolution française, notamment pour la France et d’autres révolution, on a voulu des sociétés un peu plus égalitaires et que c’est passé par une sorte d’injonction aux hommes qui est de porter un vêtement sobre, le noir de préférence, euh de ne pas avoir de maquillage euh et c’est une injonction qui a assez bien fonctionné, hein. Ce qui veut pas dire qu’il faisait rien pendant ce temps-là. C’est-à-dire qu’il y a des gestes de beauté masculins autour de la coiffure, autour de la barbe et de la moustache, autour aussi du vêtement et de la posture. Donc c’est vrai que on leur a interdit un certain nombre d’outils, mais pour autant quand on regarde une une portrait de quelqu’un du 18e 19e siècle, on est capable de dire à quelle époque a vécu cette personne. Pourquoi ? Parce qu’il y a une stylisation de l’image qui correspond à ses gestes de beauté. Et c’est ce qui fait qu’on est capable de dire bah lui il a vécu là et à telle époque et cetera. Merci beaucoup en tout cas Élisabeth Assouette d’être venu nous parler de la beauté à travers les âges et les régions du monde. Et puis merci à vous de nous avoir suivi. On se retrouve très bientôt sur Franon [Musique]
“On ne prête qu’aux riches”, dit-on, mais on pourrait ajouter : “et aux beaux”. De nombreuses études montrent que les personnes dotées d’un beau physique sont traitées avec davantage d’égards que les autres et qu’on leur fait davantage confiance. Mais la beauté aussi a un côté obscur, lorsque l’apparence devient une obsession. L’anthropologue Elisabeth Azoulay explore le rôle joué par la beauté en fonction des époques et des sociétés avec Laure Manent.
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1 comment
@8:12 Bizarre que des gens s'inquietent que des enfants se maquillent. L'année derniere les mêmes les encourager a se mutiler pour changer de genre. Ablation des seins ou du service trois piece, okay ! Du rouge à levre ? Oh ! Non ! Ils sont trop jeunes.
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