Baptiste Beaulieu: “la littérature jeunesse, c’est un moyen de pacifier la société de demain”
Place maintenant à l’invité d’ cœur de l’info. La 41e édition du salon du livre et de la presse jeunesse se tient depuis mercredi et jusqu’à lundi à Montreuil en scène Saint-Ni près de Paris. 2000 auteurs et autrices présents 400 maisons d’édition. Un rendez-vous absolument incontournable de la littérature jeunesse pour le grand public. 200000 visiteurs chaque année. La manifestation est placée cette année sous le signe de l’altérité et de l’empathie. À cette occasion, nous recevons ce soir l’écrivain Baptiste Beulieu, par ailleurs médecin généraliste à Toulouse et véritable star des réseaux sociaux. 500000 abonnés rien que sur Instagram. Bonsoir Baptiste Bolieu, merci beaucoup d’être avec nous ce soir sur France 24. Merci beaucoup de m’accueillir. Je vous en prie. C’est un véritable plaisir. Vous êtes par ailleurs auteur de plusieurs livres jeunesse donc à succès. Dernière en date, les pansements invisibles aux éditions les arènes, illustré par King Lang qui évoque avec beaucoup de délicatesse la notion du consentement chez les enfants. Alors, les pensements invisibles, on va un peu donner la trame de l’histoire. C’est l’histoire d’une petite fille qui à chaque fois qu’elle se sent contrainte par les adultes de faire quelque chose ou d’être obligé d’avoir un contact physique avec un adulte ou avec un enfant, elle voit apparaître sur son corps un pensement comme autant de blessures que les adultes ne voient pas. C’est ça le plus terrible pour elle, c’est qu’elle s’aperçoit que elle subit ça et que personne ne s’en rend compte et que ses pensements personne ne ne les voit. Et ça ça me tenait vraiment à cœur de raconter ça et de raconter ça à hauteur d’enfant et aussi d’essayer de décaler un peu le regard, c’est-à-dire de se dire et nous en tant qu’adulte, comment est-ce qu’on réagirait si par exemple là je me levais, je venais vous voir et que je touchais vos cheveux par exemple, je prenais votre téléphone et je commençais à à regarder dedans, tout le monde trouverait ça inapproprié malaisant pour ses enfants bah pour ses enfants oui, ça va être par exemple une caresse sur la tête de quelqu’un qu’on connaît pas ou quand on va l’obliger à partager son jouet. Moi je pense que c’est très important d’apprendre la générosité à un enfant. Mais comment est-ce qu’on se sentirait nous si on nous obligé par exemple à partager notre jouet à notre téléphone par exemple à quelqu’un qu’on ne connaît pas ? On trouverait ça évidemment hyper intrusif et et je pense qu’il faut toujours essayer de se mettre à la place de l’enfant et de penser comme l’enfant et dire comment je réagirais moi si je devais subir ces ces situations là. Et c’est ce que j’essayie de de rendre compte dans cet album. et des pansements donc comme autant de blessures qui restent collé du coup à la peau pendant parfois très longtemps. Bien sûr et vous savez moi je suis aussi médecin généraliste comme vous l’avez dit je je je crois que c’est très important en tant que médecin en tant que romancier d’apprendre le consentement. Moi, il y a pas une seule fois au cabinet médical où je ne sais pas à chaque patient, les patients, les patientes, les adultes, je leur demande si ils sont d’accord pour que je les examine parce que évidemment en tant que médecin, c’est mon travail de toucher les gens, de les examiner, de les osculter. Mais je demande aussi aux enfants parce que ça me paraît hyper important l’enfant si je lui demande “Est-ce que tu es d’accord pour que je t’examine ?” Ce que je crée dans sa tête, c’est que il va se dire “Mais si même le médecin dont c’est le métier me demande si il a le droit de me toucher, de m’examiner, alors il y a aucune raison pour quelqu’un qui n’est pas médecin, que je ne connais pas ou peu ou même quelqu’un de mon entourage ne me demande pas à son tour.” Et donc on crée un précédent dans sa tête et c’est à ça aussi que servent les albums jeunesse et que sert aussi mon travail de médecin, je crois. Donc au cœur du lait, vous l’avez dit, la notion du consentement chez les enfants. Et euh peu à peu, on le voit dans ce livre, la petite fille prend conscience euh que son corps lui appartient à elle et qu’elle a le pouvoir de dire non aussi. Bien sûr, bien sûr. Et ça ça me tenait à cœur de de rendre cet enfant agissante, c’est-à-dire de de lui conférer une certaine agentivité parce que je crois qu’on n’est pas on n’est jamais autant capable de dire ça, je ne veux pas. Si on s’aperçoit que on est capable soi-même parfois bah de gêner les autres ou d’être malaisant avec les autres. Et je voulais vraiment rendre à à cette cette saance à cet enfant pour que les enfants qui lisent l’album disent “OK, moi aussi j’ai cette puissance de pouvoir dire non” et parfois il faut toute une vie pour apprendre à dire non. Moi j’ai 40 ans, j’ai encore du mal parfois parce qu’on a toujours peur que l’autre nous aime moins ou ou qu’on le blesse si on lui dit non. Alors que je me dis mais si on pouvait faire gagner des années de réflexion aux enfants sur ces sujets-là et leur permettre de faire de prendre conscience très tôt que non est une phrase complète et qui n’a pas besoin de de justification et d’explication et qui on a le droit parfois de dire non sans donner de justification parce que non est une phrase complète mais faisons gagner des années de réflexion aux enfants. Pourquoi est-ce que vous avez euh choisi d’aborder cette question du consentement qui est quand même assez difficile ? Euh je je je crois que c’est au au cœur des débats euh actuellement et souvent on a tendance à à restreindre le consentement à la sphère intime. Mais moi je crois que c’est beaucoup plus large que ça. Euh ça va être Oui, effectivement je parlais des espaces de jeu partagés du jouet qu’on va obliger euh à à l’enfant à à partager son son jouet. Et euh je je crois que c’est quelque chose qui qui doit s’apprendre dès l’enfance et qu’on peut désamorcer plus tard euh des situations qui seront bien plus douloureuses que de prêter son jouet ou pas. En fait, je vais être clair. Je pense que la littérature jeunesse, c’est un moyen de pacifier la société de demain. Parce que en tant que médecin et en tant que romancier, moi j’écris comme mon soigne. C’est-à-dire que je veux à la place de soigner des gens, je veux soigner la société avec des albums jeunesse. Parce que ce qu’on apprend aux enfants, c’est la manière dont ils seront des citoyens de demain. Et moi, j’ai pas de meilleure promesse à faire aux gens que j’écris les albums que je veux lire à mon fils qui n’a que 2 ans mais qui je les livrai plus tard pour qu’il devienne entre guillemets pas un boulet en société plus tard quoi. qu’il soit quelqu’un de bien, respectueux de lui-même, des autres et qu’il et oui et qu’il gagne des années de réflexion par rapport aux grandes questions existentielles, par rapport aux grandes douleurs intime qu’on qu’on se trimballe tous. H Et du coup, à qui vous vous adressez au final ? Aux enfants seulement ou à leurs parents aussi ? Je crois que c’est euh l’objet de ces livres et euh et ça c’est tellement merveilleux pour moi quand je vois des parents qui viennent me dire euh l’objet euh cet album, il il a été un outil euh qui nous a permis euh d’établir une sorte de dialogue intergénérationnel avec notre enfant, avec notre fils, avec notre fille parce que évidemment un enfant on peut pas être frontal avec les enfants. C’est on veut dire commencez passé ta journée, ils vont jamais nous répondre. Mais si on leur lit par exemple un un album et que dis ah tu as vu ce qui est arrivé à cet enfant dans cet album et toi par exemple est-ce que tu avais là il ils seront beaucoup plus enclin parce qu’on a été beaucoup moins frontal et euh et je crois que c’est à ça que servent les histoires permettre de créer des outils pédagogiques et d’ailleurs c’est c’est une un honneur pour moi de savoir que énormément d’enseignants utilisent mes albums dans les écoles. Je me dis mais bah je suis content d’être tené quoi. Je me dis voilà faciliter la communication. Bien sûr, bien sûr. C’est c’est vraiment ça. Quand je je reçois un message de de parents qui me disent “Mon enfant, notre enfant il n avec une femme palatine, il a été opéré très jeune et il a une cicatrice et premier jour de la rentrée, on avait lu tous vos albums. Il s’est présenté, tous les enfants devaient se présenter. Il s’est présenté, il a dit son nom, prénom et après il a dit “Et moi quand je suis né, j’avais une femme palatine, on m’a opéré, c’est pour ça que j’ai une cicatrice.” Et on à partir de ce moment-là, il a désamorcé toute possibilité de harcèlement. Bien sûr et surtout les autres ont vu qu’il y avait pas possibilité de prise sur lui ou d’emprise, c’est pas possibilité de se moquer puisque son histoire il en était fier et qu’il hésitait pas à la partager. C’est très courageux au final de mais bien sûr mais je vous savez je pense qu’il y a pas un seul spectateur ou téléspectatrice ici qui ne se débat pas silencieusement contre quelque chose qui le fait souffrir et dont on parle à personne. On est tous pareil. Le matin, on se regarde dans la glace, parfois on se dit des choses terribles et on on se débat tous contre un combat qui nous est propre et qu’on ne partage à personne. Mais euh et donc si quelqu’un euh nous avait parlé comme vous vous parlez vos enfants, vos livres, on sûr. Ben je je crois que si on arrivait à dire “OK, raconte-moi ton histoire, moi je vais te raconter la mienne.” Peut-être qu’on vous sa parce que je suis médecin, un corps ça vient jamais sans une histoire. On trembal toujours des bagages, des bagages parfois très lourds et et c’est ce que j’essaie d’apprendre à travers aux enfants à travers ces albums, c’est que quand on se moque d’un corps ou d’une personne, on se moque aussi de de son histoire dont on ne connaît rien. On n’a pas le droit de se moquer des histoires. Elles sont précieuses, elles sont uniques. Vous l’avez évoqué à plusieurs reprises. Vous êtes donc médecin généraliste si je me trompe pas dans la région de de Toulouse. Votre pratique, ça a été une source d’inspiration depuis des années. Bien sûr, pour les thèmes de vos livres. Bien sûr. Euh c’est vous savez, on est médecins, on voit 20 25 personnes par jour. Euh c’est 25 histoires de vie différentes qui sont posées devant nous. Et euh et je crois qu’il faut qu’on soit digne de ça. Comme moi, j’essaie d’être digne quand j’écris des albums euh digne de cette responsabilité là. C’est moi le soir je vais me coucher, je vais me souvenir peut-être d’un ou deux patients mais si je me suis mal occupé des patients, si je les ai maltraité, si je les ai pas écouté, le patient lui, il a vu qu’un médecin, c’était moi et il s’en souviendra peut-être toute sa vie. Et donc il faut être digne de cette responsabilité là comme il faut être digne bah des parents qui nous disent on prend vos albums, on les lit à nos enfants pour essayer de voilà de leur apprendre le respect de soi-même, des autres et euh on peut pas on peut pas tricher. H on n pas le droit. Et dans le casre de cette pratique médicale, au-delà des actes purement médicaux, j’imagine que vous écoutez du coup beaucoup les enfants à qui vous faites face par rapport à tout ce que vous êtes en train de nous dire. Bah, j’ai j’essaie en tout cas je je pense vous savez que c’est les c’est les meilleurs poètes les enfants. Ils ont une capacité à décentrer le regard, à faire un pas de côté et euh et à et à nous dire la vérité du monde. Moi mon fils là, il a 2 ans et euh pendant des mois et des mois, il s’est exté de la porte du garage électrique qui s’ouvrait et là depuis quelques jours, il arrête d’applaudir et d’ s’exté. Je me dis ça y est là on a basculé dans chose et heureusement il peut pas passer toute sa vie à s’extasier devant une porte de garage. Mais ce que je voudrais parfois c’est en nous en tant qu’adulte retrouver le regard de cet enfant qui s’exctait même devant une porte de garage électrique. Toujours pour revenir sur votre pratique médicale entre médecin généraliste, vous nous avez transmis une image d’archive personnelle à ma demande, c’est la carte blanche d’ cœur de l’info ce soir. On va voir donc cette photo apparaître d’ici quelques instants. Voici euh vous-même donc lors de votre prestation de serment en tant que médecin, qu’est-ce que vous vouliez nous raconter à travers cette image ? Pour moi, elle est forte parce que parce que c’est le couronnement aussi de plusieurs années d’études et surtout euh bah de véritables sacrifices qu’ on opéré mes parents. Mes parents viennent d’un milieu modeste. Ils se sont battu toute leur vie pour que leurs trois enfants euh aient un niveau de vie supérieur au leur se sont euh bah ils se sont euh oui, ils se sont saignés, ils ont fait tout ce qu’ils ont pu pour qu’on ait une vie plus facile que la leure. Et donc moi cette photo, c’était aussi une manière euh bah de dire à mes parents euh je vous aime, je suis fier de vous et euh et je vous remercie infiniment pour tout ce que vous avez apporté à mes sœurs, à moi et à tout ce que vous avez voulu pour nous que vous n’avez pas pu avoir. Et le message est est donc passé ce soir. Pour revenir sur le message principal de votre livre, donc votre objectif en gros, c’est que le l’enfant soit désormais vu comme un véritable sujet et comme un objet. Est-ce que vous pensez que les générations précédentes agissaient plutôt comme ça avec les enfants ? Je je suis content que vous me posiez cette question parce que c’est un véritable angle mort. Vous savez, moi ça fait 10 ans que je milite contre les maltraitances médicales. Je n’avais jamais parlé des maltraitances médicales faites aux enfants. J’ai parlé des femmes, des personnes en situation de surpoids, des personnes noires, des personnes LGBT. Et je me suis aperçu en disant “Je n’avais pas parlé des maltraitances milicales faites aux enfants.” C’est un véritable anglement. Je me dis “Mais pourquoi tu n’as jamais parlé de ça Il a fallu que je devienne père pour m’apercevoir que oui aussi ça existe. Et ce qui est terrible c’est de se dire les enfants représente à travers le monde, il y a des statistiques, c’est pas moi qui dit ça, c’est l’INC. Les enfants représentent dans le monde la première population minorisée victime de violence bah évidemment psychologique, physique, sexuel. Sauf que eux ne peuvent pas se regrouper en communauté. Ils peuvent pas se se regrouper de quelconque manière que ce soit. ils peuvent pas porter leur message. Et donc je crois que cette violence là, il faut la dénoncer, il faut en parler et nous en tant qu’adulte, il faut qu’on soit de leur côté et qu’on dise ce n’est plus possible, on ne peut pas faire comme si cette violence là n’existait pas et il a passé sous le le le tapis. Ce sont les premiè plus des enfants aujourd’hui qu’à la génération précédente. Et j’espère et j’espère que ça va continuer. Et c’est aussi à ça que à que sert la la la littérature, ça me paraît fondamental. La littérature, c’est donner des mots aux enfants et et ces mots, je parlais tout à l’heure de pacifier la société. Il y a des études qui montrent par exemple que plus euh le niveau de vocabulaire d’un enfant est développé, moins il va avoir tendance à développer des comportements hétéroagifs ou autoagressifs. C’estàdire soit se faire du mal, searifier ou avoir des comportements violents avec ses camarades. Tout simplement parce qu’il a les mots pour dire les émotions qui le traversent. Mais moi, en tant que romancier, je dirais quelle plus belle mission je peux avoir que de pacifier la société en offrant le plus de mots possibles aux enfants. Hm hm. Pour autant, est-ce que solliciter disons systématiquement la vie de l’enfant, est-ce que c’est réaliste ? Parce que beaucoup de détracteurs notamment de la parentalité positive diraient bon bah en pratique c’est pas vraiment ce que je vis quoi ? Bien sûr, bien sûr. Vous savez moi je suis je nee papa donc j’apprends aussi il y a pas de brevet de parentalité euh on apprend sur le terme moi je suis un universitaire j’espérais trouver dans les livres des solutions. Quand j’ai eu mon fils, je me dirais tiens je vais aller acheter des livres pour savoir comment je peux la lever au mieux et tout. Et euh on en gros ils aient tous la même chose. Faut les aimer, pas les frapper. Merci 17 € pour ça. Euh c’était mon côté universitaire. Je me dis je me rassure avec les livres et euh et non en fait c’est un une terre inconnue pour tout le monde. Pour tout le monde. Je suis pas sûr qu’il faille écouter quelqu’un où dit “Moi, j’ai la solution euh” surtout s’il a quelque chose à vous vendre. Après euh tout ce que je sais c’est qu’effectivement peut-être il faut les aimer, pas les frapper tout simplement. Ça c’est plutôt évident. De plus en plus de livres jeunesse en tout cas abordent ces questions difficiles sociétales comme donc en l’occurrence pour vous le consentement ou encore l’inceste, on l’a vu dans d’autres dans d’autres livres. Comment aborder ces notions quand même qui sont très très lourdes sans faire perdre aux enfants leur innocence. Bien sûr. Euh vous mettez le le doigt sur quelque chose d’important. Euh moi je je crois que on peut parler de tout avec les enfants. Après, il faut utiliser évidemment les bons mots, mais ne pas parler de certaines choses avec les enfants, ça ne règle pas le problème et surtout ça crée en une intranquillité parce qu’ils sentent que il y a là un sujet qui est tabou, dont on parle pas, qui est dans l’air comme ça et donc ça génère évidemment une angoisse ou en tout cas au mieux une intranquillité chez eux et il vaut mieux aborder tout simplement le sujet avec des mots d’enfants. Et c’est là que les la littérature, notamment la littérature jeunesse, elle a un rôle qui est fondamental, vraiment fondamental. C’est c’est à ça que servent les mots. Sinon, ils servent à quoi les mots ? L’an dernier, votre 3è livre jeunesse Je suis moi et personne d’autre. Autre ouvrage qui m’a particulièrement touché. Euh, ça raconte l’histoire de Francisco, un petit garçon qui n’aime pas le foot, qui préfère la corde à sauter et et la couleur rose, mais qui pour tenter de ressembler et de plaire. Donc aux autres et notamment aux autres garçons se force à dire oui. Euh c’est un livre autobiographique. Oui, un peu on peut le dire mais parce que je crois qu’on a tous et toutes été cette petite fille ou ce petit garçon qui euh pour plaire au groupe ben va accepter des choses qui ne lui plaisent pas parce qu’il veut quand même avoir des copains, des copines. Et au final, jour après jour, je voulais raconter l’histoire de cet enfant qu’on a peut-être été tous été un jour ou l’autre. cet enfant qui se perd qui s’est son prénom disparaît au-dessus du son porte-manteau là où sont accrochés les prénoms et chaque fois qu’il dit oui alors qu’il a envie de dire non il y a une lettre de son prénom qui disparaît à la fin de l’album il sait plus comment il s’appelle vous avez vécu en adolescent mais bien sûr et euh et je dans quelle mesure bah c’est peut-être évidemment moi ça a été un peu compliqué parce que mon chemin vers mon mon homosexualité aussi a été quelque chose de compliqué mais comme toutes les personnes qui sont soumis à la différence quelle qu’elle soit et c’est ça qui est terrible, c’est que je je crois qu’on est tous plus ou moins bah l’autre ou en tout cas le différent de quelqu’un et et donc pour se plaire, on peut s’oublier et je crois qu’il faut des années et même à 40 ans aujourd’hui et même pour les spectateurs et les spectatrices, je crois qu’il y en a beaucoup encore qui doivent parfois dire oui alors qu’ils ont envie de dire non et il faut peut-être toute une vie pour arriver à dire non et à s’en contenter, c’est-à-dire à ne pas justifier son nom. Et euh si on peut faire gagner encore une fois des années de réflexion gamins sur ces sujets-là, euh voilà, c’est notre rôle d’adulte aussi. Btisse Bolieu, les les jeunes aujourd’hui, on le sait, lise beaucoup moins la faute notamment euh aux écrans, on imagine que ça vous inquiète en tant que papa, en tant que auteur et en tant que médecin aussi. Bien sûr. Ça les études elles le montrent bien. Puis euh plus le temps d’écran augmente et plus le niveau de vocabulaire diminue. Je parlais tout à l’heure de pacifier la société, on l’a passifié avec des mots, pas avec des écrans. Et et moi ce qui me terrifie, c’est de voir aussi que c’est un outil de reproduction sociale. Les écrans qui est terrifiant. Je le vois au cabinet médical et je quand je lis les études qui montrent que les familles précaires ont plutôt effectivement un taux d’usage des écrans qui est supérieur aux familles CSP+. Mais du coup, quand je suis dans ma salle d’attente et que je vois le fils de prof qui est en train de lire son livre et à côté le fils d’artisan qui est sur l’écran, je me dis “Ça y est, dans 20 ans, en fait, la reproduction sociale, elle est déjà là.” Et nous, notre rôle en tant qu’adulte, c’est le même rôle que l’éducation nationale républicaine, c’est-à-dire d’essayer d’effacer les déterminismes. On n’efface pas les déterminismes si on reproduit socialement les inégalités à travers les écrans ou à travers les lieux. La littérature jeunesse, c’est 13,4 % du marché du livre. Pourtant, sa visibilité euh on le sait est bien moindre que la littérature générale. Comment est-ce que vous vous l’expliquez ? Euh alors, je dirais quelque chose de très désagréable pour les hommes qui nous écoutent, mais il suffit d’aller à Montreuil, de se promener dans les través et puis de s’apercevoir tout simplement que la littérature jeunesse n’intéresse pas les hommes, elle intéresse les mamans, les femmes. Quand on se promène dans une librairie, même les papas de la nouvelle génération, j’en ai eu trois aujourd’hui. Je suis content. J’ai dû signer de 200 livres en tout dans dans la journée. J’ai eu trois papas. Je je les remercie, j’étais très heureux de les voir. Mais où sont les hommes ? Moi, c’est une vraie question que je pose. Où sont les hommes dans les librairies jeunesse ? Où sont les hommes ? Bah, au salon du livre Jeunesse de Montreuil, je dire vous n’êtes donc pas concerné par ce qu’on met dans la tête de vos enfants. Pourquoi ? Quand il y a un homme, je j’en ai eu quelquesuns aujourd’hui, bah en gros, je sentais qu’ils accompagnaient leurs femmes. Ils étaient là un peu en mode “Ma femme fait ses courses quoi.” En gros, c’était ça. Mais j’ai mais en fait, elle achète des livres pour vos enfants. Mais alors, je je sais pas mais c’est un peu de la même manière que comment je ne sais pas comment expliquer pourquoi moi en tant que médecin, quand un enfant a un problème, c’est toujours la mère qui m’amène l’enfant au cabinet médical. ou quand le père m’amène l’enfant et que je lui pose une question sur la santé de son enfant euh par exemple la date des dernières varxin ou quoi, il me attendez, j’appelle ma femme. Voilà et c’est euh et ça c’est comme ça de pour l’enfant mais c’est aussi pour les pour pour les personnes plus âgées. Quand je demande à un homme qui a qui a une hypertension depuis 30 ans, quel est le le nom de son hyper antihypertenseur et qui me dit “Attendez, j’appelle j’appelle ma femme”, quoi. Ça change quand même un petit peu. Ah ben très lentement, très lentement quoi. Mais je vous assure qu’à Montreuil ça change mais lentement quoi. Bon, en tout cas, euh on peut s’y rendre à Montreuil jusqu’à euh demain. Merci infiniment Baptiste Beauieu d’être venu nous présenter donc votre euh dernier ouvrage, hein, je le rappelle, les Pensements invisibles. Un magnifique ouvrage donc pour les enfants euh sur la notion de consentement que vous avez donc écrit avec les les illustrations de Kinlang qui sont également magnifiques. Merci encore d’être venu sur France 24. C’est an
A l’occasion de la 41ème édition du salon du livre et de la presse jeunesse qui se tient à Montreuil en Seine-Saint-Denis, Au Cœur de l’Info reçoit l’écrivain Baptiste Beaulieu, auteur de livres jeunesse à succès, par ailleurs médecin généraliste à Toulouse, et phénomène des réseaux sociaux. Son dernier livre, “Les pansements invisibles” (éditions les Arènes, illustrations de Qin Leng) évoque avec délicatesse la notion du consentement chez les enfants.
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4 comments
Good
Très très bien, Bravo, tout dans la finesse et l'intelligence. L'éducation faire à mon fils, ce qui a provoqué beaucoup de jalousie de d'autre mère et me l'ont fait payé. Mais je valide à 100% cette éducation.
Lovely illustrations in th book. Who is the presenter – she is very beautiful.
Oui je suis laa
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