ScannBI, une société de Saint-Pétersbourg, est le partenaire privilégié de la place Beauvau pour les expertises judiciaires de données balistiques, la maintenance du système et la formation des utilisateurs. Les chefs policiers sont si satisfaits du contrat qu’ils jouent les VRP dans toute l’Europe pour leurs amis russes !
Les Russes ont leur entrée au ministère de l’Intérieur. « Le Canard » a découvert que la Place Beauvau se payait les services de ScannBI, une boîte dont le siège social se situe à Saint-Pétersbourg. Ça doit être ça, l’« économie de guerre » chère à Emmanuel Macron…
La société aux capitaux russes fournit au ministère de l’Intérieur toutes ses expertises balistiques automatisées, rien que ça ! C’est en 2015 qu’elle a remporté ce marché face à deux concurrents. Depuis, son contrat est renouvelé de gré à gré, c’est-à-dire sans publicité préalable ni mise en concurrence. En dix ans, l’Etat français a déboursé plus de 5 millions d’euros. Peau de balles !
En douilles à Beauvau
Sollicité par le Volatile, le ministère de l’Intérieur n’a pas donné suite. Un ponte de la Direction générale de la police nationale fait le malin : « Nous sommes parfaitement au courant. Mais ce n’est pas du tout un problème. » Même si, pour assurer la maintenance du système – mais aussi la formation des utilisateurs français –, des experts de la maison mère sont régulièrement dépêchés sur le territoire national ?
Evofinder, le petit nom de la quincaillerie russe, est utilisé dans les six labos de balistique de l’Hexagone par les limiers de la police technique et scientifique (PTS) comme par les experts de l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN). Tout le monde a fait russe première langue ?
Les machines fournies par ScannBI ressemblent au croisement entre un PC et un four à micro-ondes (en fait, il s’agit de scanners 3D). L’opérateur « enfourne » une balle et l’ordinateur fait apparaître les traces laissées par l’arme sur le projectile. Après une recherche d’antériorité dans le Fichier national d’identification balistique (Fnib), les services enquêteurs peuvent savoir si le flingue a déjà servi, et dans quelles circonstances. Le tout en moins d’un quart d’heure. Il ne reste plus qu’à trouver qui a tiré.
Mais la France ne se contente pas d’utiliser les produits ScannBI : elle en assure aussi la promotion ! Le 9 juillet 2020 (la guerre avec l’Ukraine n’avait pas débuté), elle a fait don à la Bosnie-Herzégovine d’un Evofinder. Le 12 août 2024, l’ambassadeur de France annonçait le don d’une bécane russe aux autorités moldaves. Membre de l’UE depuis juin 2022, la Moldavie partage près d’un millier de kilomètres de frontière avec l’Ukraine…
La France est si active dans sa promotion qu’elle a presque achevé de convaincre le reste de l’Europe de recourir à la quincaillerie de Poutine. Selon un expert européen, « 80 % de l’Union utilise Evofinder ». Beauvau VRP de Poutine, ça relève de la balle perdue ?
Didier Hassoux
Publié par
Didier Hassoux
Faire don d’une machine c’est pas vraiment faire le VRP. Incapable de donner la date du dernier renouvellement, ça peut faire une très très grande différence.
Je ne comprends pas pourquoi le Canard exagère si souvent les affaires ou les caviarde malhonnêtement alors qu’un article plus factuel permettrait un vrai débat sans l’opportunité au Ministère de répondre sur les points inutiles de l’article.
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ScannBI, une société de Saint-Pétersbourg, est le partenaire privilégié de la place Beauvau pour les expertises judiciaires de données balistiques, la maintenance du système et la formation des utilisateurs. Les chefs policiers sont si satisfaits du contrat qu’ils jouent les VRP dans toute l’Europe pour leurs amis russes !
Les Russes ont leur entrée au ministère de l’Intérieur. « Le Canard » a découvert que la Place Beauvau se payait les services de ScannBI, une boîte dont le siège social se situe à Saint-Pétersbourg. Ça doit être ça, l’« économie de guerre » chère à Emmanuel Macron…
La société aux capitaux russes fournit au ministère de l’Intérieur toutes ses expertises balistiques automatisées, rien que ça ! C’est en 2015 qu’elle a remporté ce marché face à deux concurrents. Depuis, son contrat est renouvelé de gré à gré, c’est-à-dire sans publicité préalable ni mise en concurrence. En dix ans, l’Etat français a déboursé plus de 5 millions d’euros. Peau de balles !
En douilles à Beauvau
Sollicité par le Volatile, le ministère de l’Intérieur n’a pas donné suite. Un ponte de la Direction générale de la police nationale fait le malin : « Nous sommes parfaitement au courant. Mais ce n’est pas du tout un problème. » Même si, pour assurer la maintenance du système – mais aussi la formation des utilisateurs français –, des experts de la maison mère sont régulièrement dépêchés sur le territoire national ?
Evofinder, le petit nom de la quincaillerie russe, est utilisé dans les six labos de balistique de l’Hexagone par les limiers de la police technique et scientifique (PTS) comme par les experts de l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN). Tout le monde a fait russe première langue ?
Les machines fournies par ScannBI ressemblent au croisement entre un PC et un four à micro-ondes (en fait, il s’agit de scanners 3D). L’opérateur « enfourne » une balle et l’ordinateur fait apparaître les traces laissées par l’arme sur le projectile. Après une recherche d’antériorité dans le Fichier national d’identification balistique (Fnib), les services enquêteurs peuvent savoir si le flingue a déjà servi, et dans quelles circonstances. Le tout en moins d’un quart d’heure. Il ne reste plus qu’à trouver qui a tiré.
Mais la France ne se contente pas d’utiliser les produits ScannBI : elle en assure aussi la promotion ! Le 9 juillet 2020 (la guerre avec l’Ukraine n’avait pas débuté), elle a fait don à la Bosnie-Herzégovine d’un Evofinder. Le 12 août 2024, l’ambassadeur de France annonçait le don d’une bécane russe aux autorités moldaves. Membre de l’UE depuis juin 2022, la Moldavie partage près d’un millier de kilomètres de frontière avec l’Ukraine…
La France est si active dans sa promotion qu’elle a presque achevé de convaincre le reste de l’Europe de recourir à la quincaillerie de Poutine. Selon un expert européen, « 80 % de l’Union utilise Evofinder ». Beauvau VRP de Poutine, ça relève de la balle perdue ?
Didier Hassoux
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Didier Hassoux
Faire don d’une machine c’est pas vraiment faire le VRP. Incapable de donner la date du dernier renouvellement, ça peut faire une très très grande différence.
Je ne comprends pas pourquoi le Canard exagère si souvent les affaires ou les caviarde malhonnêtement alors qu’un article plus factuel permettrait un vrai débat sans l’opportunité au Ministère de répondre sur les points inutiles de l’article.
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