Deux grands changements, mais toujours plusieurs zones de désaccords. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a rendu public ce mercredi 24 décembre une nouvelle version du plan de paix américain pour mettre fin à la guerre en Ukraine, après d’âpres négociations entre Américains et Ukrainiens. Ces derniers considéraient la première version, présentée le 20 novembre, comme très favorable à la Russie et souhaitaient donc y apporter des modifications.

Dans le nouveau plan, détaillé en vingt points, deux exigences principales de Moscou ont ainsi été retirées. D’une part, il n’oblige plus l’Ukraine à inscrire dans sa Constitution qu’elle renonce juridiquement à sa candidature à l’Otan. « C’est à l’Otan de décider si elle souhaite ou non accueillir l’Ukraine parmi ses membres. Et notre choix est fait », a annoncé Volodymyr Zelensky. L’éventualité d’une adhésion de l’Ukraine à l’Otan est cependant mince, car plusieurs pays membres, dont les Etats-Unis, s’y opposent.

D’autre part, Kiev ne s’engage plus à retirer ses troupes de la région de Donetsk, dont elle contrôle encore 20 % du territoire. Le nouveau document propose un gel du front aux lignes actuelles, et l’ouverture des discussions sur la création de potentielles zones démilitarisées, décrites comme des « zones économiques spéciales ».

Les négociateurs ukrainiens et américains n’ont ainsi pas trouvé de consensus sur l’ensemble du territoire de Donetsk. Volodymyr Zelensky a plaidé pour une « rencontre au niveau des dirigeants afin d’aborder les questions sensibles » avec les Etats-Unis. Pas de consensus non plus concernant la centrale nucléaire de Zaporijjia, la plus grande d’Europe, occupée par la Russie depuis 2022 et située dans le sud de l’Ukraine. Volodymyr Zelensky a expliqué que les Etats-Unis proposent une gestion conjointe entre Moscou, Kiev et Washington, ce qu’il considère « très inapproprié et pas tout à fait réaliste ».

Le président ukrainien, dont le mandat a expiré en mai 2024, s’est par ailleurs engagé à organiser une élection présidentielle « dès que possible » après la signature d’un accord mettant fin aux hostilités. Mais il a rappelé qu’un retrait des troupes ukrainiennes devait être approuvé par référendum par les Ukrainiens, ce qui nécessiterait un cessez-le-feu de 60 jours.

Pêle-mêle, le plan de paix prévoit aussi un mécanisme de surveillance pour contrôler la ligne de contact, « un solide programme mondial de développement pour l’Ukraine », et le maintien d’une armée ukrainienne de 800 000 hommes après le conflit. Il réaffirme la souveraineté de Kiev, et exige de la Russie qu’elle formalise une politique de non-agression envers l’Europe et l’Ukraine dans toutes les lois et documents requis pour la ratification. L’Ukraine, elle, devra demeurer un État non nucléaire, mais deviendra un État membre de l’Union européenne dans un délai à définir.

Le Kremlin n’a pas encore réagi à la nouvelle version du plan de paix américain, mais est en train de « formuler sa position », a indiqué son porte-parole Dmitri Peskov. « Nous aurons une réaction des Russes après que les Américains leur auront parlé », a déclaré Volodymyr Zelensky.

La Russie a jusqu’à présent rejeté toute demande de cessez-le-feu sans accord de règlement du conflit à long terme, estimant qu’une pause dans les combats permettrait à l’Ukraine de se réarmer. Des pourparlers directs entre Russes et Ukrainiens cette année à Istanbul n’avaient abouti à aucun résultat concret hormis des accords d’échange de prisonniers et de dépouilles de soldats tués.