Pendant plus de douze ans, Laurent Solly a incarné Meta en France puis en Europe. Aujourd’hui, il annonce quitter ses fonctions de vice-président Europe, ouvrant un nouveau chapitre de sa vie professionnelle sans encore en révéler la destination.

C’est une page qui se tourne après plus de douze ans passés au cœur de la maison-mère de Facebook, Instagram et WhatsApp. Laurent Solly, le Français aux manettes de la région Europe pour Meta, s’en va. Retour sur une trajectoire ascendante.

Facebook en quête d’un changement de posture

C’est en 2013, dans un contexte de pression fiscale et réglementaire accrue sur Facebook en France, que la direction du réseau social confie à Laurent Solly un rôle stratégique : directeur général (general manager) de Facebook France. Sa mission est de renforcer les relations avec les autorités, de structurer les opérations françaises et d’accélérer la croissance commerciale de la plateforme.

Ancien haut fonctionnaire, fin connaisseur des rouages de l’État et des médias, Laurent Solly apporte à Meta ce qui lui manquait alors cruellement : une lecture politique et institutionnelle du contexte européen. Sous son impulsion, Facebook change de posture : plus de dialogue avec les pouvoirs publics, plus de présence dans les cercles économiques français, et une stratégie assumée de normalisation.

Sur ce plan, son bilan est clair : Meta est devenu un interlocuteur incontournable, presque banal, dans les discussions sur l’économie numérique en France. Une réussite pour l’entreprise, mais qui pose aussi la question de la porosité croissante entre plateformes privées et sphère publique.

Aux manettes de l’Europe du Sud

Grâce à ces succès, en août 2016, il voit son périmètre élargi en devenant directeur pour l’Europe du Sud, couvrant notamment la France, l’Espagne, le Portugal et l’Italie. Un poste qu’il occupera plus de huit ans durant.

Durant cette période, il a notamment participé à l’implantation et au rayonnement du centre FAIR (Facebook AI Research) à Paris, faisant de la France un hub international de recherche en intelligence artificielle. C’est seulement en janvier dernier qu’il est nommé vice-président Europe de ce que l’on nomme désormais Meta, supervisant les stratégies régionales et renforçant l’intégration européenne de l’entreprise.

Un départ symbolique en cette fin d’année

Dans un message largement partagé sur LinkedIn, Laurent Solly a largement remercié ses collègues et les partenaires de Meta, saluant les transformations technologiques et les apprentissages tirés de ses 12 ans chez le géant technologique.

S’il ne dévoile pas encore ses projets futurs, il laisse entendre que “l’aventure à venir sera tout aussi extraordinaire”, suscitant déjà de nombreuses spéculations dans les milieux technologiques et médiatiques.

Une carrière riche et influente

Avant de faire ses armes chez Meta, Laurent Solly a évolué un certain temps dans les sphères politique et médiatiques. Ce diplômé de Sciences Po Paris et de l’ENA s’est d’abord orienté vers une carrière de haut fonctionnaire.

Il entre dans la fonction publique au début des années 1990 et gravite rapidement dans l’administration française : sous-préfet et directeur de cabinet au sein de plusieurs préfectures entre 1996 et 2001, puis, dans les années suivantes, il rejoint EDF, où il est chargé de mission dans la direction coordination groupe puis à la direction des achats. En 2004, il intègre le cabinet de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur puis de l’Économie, où il devient chef de cabinet avant d’être promu directeur adjoint de la campagne présidentielle de 2007.

Ce passage stratégique dans la sphère politique lui confère une forte connaissance des enjeux étatiques et des relations institutionnelles. Avec l’élection de Nicolas Sarkozy en 2007, Laurent Solly ne rejoint pas l’Élysée, mais fait une transition vers le secteur privé. Il entre au groupe Bouygues en mai 2007 avant de prendre des responsabilités à TF1, chaîne emblématique du paysage audiovisuel français. Il occupe plusieurs postes de direction, notamment en pilotant TF1 Publicité — la régie publicitaire du groupe — où il est souvent considéré comme l’un des cadres clés de la stratégie commerciale et de transformation digitale du groupe.

Ce passage par les médias de masse est perçu comme une étape majeure qui le positionne ensuite comme un interlocuteur de choix pour les géants technologiques. Finalement, ses choix de parcours lui valent de s’imposer comme une personnalité incontournable du paysage des affaires et du numérique en France et en Europe. Reste à savoir quelle sera donc la nature de sa prochaine “aventure professionnelle”.