Dépénalisation des drogues au Portugal : le bilan vingt ans après

by cerank

6 comments
  1. Morceaux choisis :

    C’est quoi la dépénalisation :

    >Depuis le 1er juillet 2001, date d’entrée en vigueur de la loi du 29 novembre 2000, les consommateurs sont ainsi considérés avant tout comme des malades, plutôt que comme des délinquants, qu’il s’agit d’orienter vers une prise en charge en cas de dépendance. Le parti pris de cette politique est d’encourager les personnes consommant des drogues à engager un parcours de sortie de la dépendance, en faisant de l’interpellation un tremplin vers les soins.

    >Contrairement aux idées reçues, la dépénalisation ne lève pas l’interdit lié aux drogues mais propose une réponse graduée aux consommateurs. L’usage et la détention pour la consommation personnelle ne constituent plus un délit passible de prison, mais exposent à des sanctions administratives : amende, admonestation ou suspension de droits, comme le retrait du permis de conduire. Cependant, si l’usager accepte les soins, l’exécution de ces sanctions peut être suspendue.

    Quels ont été les résultats :

    >La réforme de 2000 a produit des résultats rapides dans les dix années suivant sa mise en œuvre : au-delà du recul logiquement attendu des condamnations et des incarcérations pour des affaires de stupéfiants, tous les indicateurs sanitaires ont été améliorés (baisse conjointe de la mortalité par surdose de drogues injectables, des décès de sida et des nouveaux cas de VIH) avec, à la clé, une baisse du coût social lié aux drogues.

    >La consommation de drogues illicites autres que l’héroïne est restée stable, déjouant la crainte d’un effet de report vers d’autres produits. Cependant, ces progrès ont ralenti dans la seconde décennie suivant la réforme (regain de la mortalité par surdose et de la consommation de cannabis), du fait du changement du contexte politique, social, économique et budgétaire du pays après la crise financière de 2008.

    >Néanmoins, aujourd’hui, le Portugal se trouve dans une situation plus favorable qu’en 2000 au regard de l’usage de drogues. Au sein de l’Union européenne (UE), il enregistre, vingt ans après sa réforme, les niveaux de consommation de drogues parmi les plus bas chez les jeunes (15-34 ans), quel que soit le produit, et le taux de mortalité liée aux drogues le plus faible, cinq fois inférieur à celui de 1999 (six décès pour un million d’habitants, contre 34).

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  2. Comme quoi pas forcément besoin de réaliser, pour certains sujets, des théories longues sur un possible futur après la mise en place / suppression de celle ci

    – Suffit de regarder nos voisins

  3. J’avais déjà lu qu’à l’époque une majorité de portugais ne voulais pas de cette loi, ils étaient nombreux à voir d’un mauvais œil de possibles “salles de shoots” ouvrir à côté de chez eux.
    20 ans plus tard, ils ont demandé aux portugais de s’exprimer sur le sujet, et la majorité approuvait cette décision.
    En vingt ans, ils ont prouvé que ce qui “rend accro” est ta situation sociale, plus que le principe actif de la drogue. Être accompagné, écouté et soutenu, te (en grande majorité) permet de te sevrer

  4. Le Portugal, ce petit pays… qui a une politique sur les drogues originales (je crois qu’on peut le dire), et qui donne… de sacrés résultats ! Content de lire un article là dessus. J’avais entendu parlé de leur politique il y à quelques années déjà. Impressionnant.

  5. Chouettes résultats, malheureusement, l’intrication entre les réseaux de trafic de stup et les cercles de pouvoirs entrave la capacité de la France de raisonner purement en termes de santé publique.

    Attention, je ne suis pas en train de dire que nos dirigeants/élus sont directement impliqués dans les réseaux mafieux. En revanche, le blanchiment de l’argent des trafics est directement connecté à la fraude fiscale (ce sont des vases communiquants co-dépendant), donc par X intermédiaires interposés, l’influence des réseaux sur notre politique est réelle.

    On pourrait comparer ce phénomène, de loin, avec les nombreux cas de violation des droits de l’Homme chez nos partenaires économiques. Par exemple il est évident que la France ne sponsorise pas directement l’exploitation/le génocide des Ouighours, mais on peut difficilement nier qu’on n’en tire pas profit à travers le business qu’on fait avec la Chine. Tout comme on trouvera toujours des excuses pour continuer comme si de rien était avec la Chine, on trouvera des raisons de ne pas évoluer sur les drogues…

  6. On a ce genre d’exemple et les résultats de politiques type safe supply en Suisse ou au Canada mais même dans les cercles les plus ouverts à gauche quand on dit que offrir un accès légal et encadré par l’État a des substances comme l’héroïne serait une excellente chose en terme de santé publique on ce fait littéralement insulter.

    C’est fou que même au sein de la gauche radicale en France on comprenne pas que encadrer l’accès et l’usage de substances, surtout lorsque elles sont particulièrement addictives, est une nécessité en terme de santé publique.

    Déjà que dans notre pays de cons les gens sont opposés à la délivrance de la methadone et du subutex on a encore énormément de progrès à faire avant d’avoir des politiques saines et responsables vis a vis des drogues.

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