« Reconnaissez-vous les faits ? », demande le président de la Cour d’assises spéciale de Paris. À la question classique posée à un accusé, Abdelhakim Sefrioui, 65 ans, répond par une déclaration solennelle : « Tout d’abord, je viens apporter mes condoléances pour la famille de M. Paty, dont je partage la peine, débute-t-il. Cela fait quatre ans que j’attends ce moment-là, pour lever l’injustice implacable qui s’est abattue sur moi. Pour laver mon honneur, qui fait que mon nom est lié à ce crime barbare que tout mon être rejette. » Droit dans le box, le regard fixé sur ses juges par-dessus ses lunettes, l’homme à la barbe blanche dit « faire confiance à la cour pour démontrer son innocence » et conclut : « Donc bien sûr, je ne reconnais pas. »
Le ton est donné. Tout au long de son interrogatoire de personnalité, ce jeudi, au procès de l’assassinat de Samuel Paty, Abdelhakim Sefrioui répond de façon sentencieuse, verbeuse et peu souvent directe, tournant parfois autour du pot au point qu’on peine à comprendre ou sans finir sa phrase. « Ce n’est pas hyper clair », lâchera le président Franck Zientara au détour de l’une d’elles, déclenchant des rires étouffés dans la salle.