“Avant la signature de l’accord de cessez-le-feu au Liban, la question clé pour les parieurs était de savoir si celui-ci serait signé. Mercredi, la grande question était de savoir quand l’accord serait violé”, ironise Ha’Aretz.
Si l’on en croit les acteurs du conflit, c’est déjà chose faite. “Israël a mené ces deux jours plusieurs attaques contre des cibles au Liban, et cela malgré l’entrée en vigueur, le 27 novembre, d’un accord de cessez-le-feu entre l’État hébreu et le Hezbollah”, écrit L’Orient-Le Jour. “Décrites par l’armée libanaise comme des ‘violations’ de cet accord, ces attaques ont de quoi susciter de nombreux doutes sur la solidité de l’accord de cessez-le-feu”.
“Ce n’est que le deuxième jour du cessez-le-feu et sa fragilité est déjà devenue évidente, avec Israël, d’un côté, et le Liban et le Hezbollah, de l’autre, s’accusant mutuellement dans la journée de l’avoir violé”, renchérit El País.
L’armée israélienne a confirmé qu’elle avait mené jeudi sa première frappe aérienne sur le Liban depuis le début de la trêve, en visant un entrepôt de roquettes dans le sud du pays.
Les autorités libanaises ont également signalé “des incidents dispersés d’attaques de mortier, de frappes et de tirs israéliens qui ont blessé deux personnes qui tentaient de retourner dans le sud du Liban”, selon CBS News. “Les médias d’État libanais ont déclaré que les blessés étaient des civils, tandis que l’armée israélienne les a décrits comme des suspects ayant violé les termes de la trêve”.
La trêve tient en dépit des violences
Le Premier ministre Benyamin Nétanyahou s’en est expliqué jeudi à la télévision. “J’ai parlé de cessez-le-feu, pas de fin de la guerre. Si les lignes rouges de l’accord sont franchies, nous entrerons dans une guerre à grande échelle”, a-t-il déclaré. Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a quant à lui promis qu’Israël réagirait “durement” à toute violation de l’accord de cessez-le-feu.
Ces menaces sont dans la droite ligne de ce que “l’armée et le gouvernement israéliens déclaraient avant même l’entrée en vigueur de l’accord de cessez-le-feu, à savoir qu’Israël ferait respecter la trêve par le feu. Et qu’il ne permettrait pas au Hezbollah de se déplacer librement dans le sud du Liban” ou de “se réarmer”, note Al-Jazeera.
“C’est l’interprétation qu’Israël a retenue de l’accord”, même si le texte signé “n’inclut pas le droit de l’État hébreu à faire respecter le cessez-le-feu”, insiste la chaîne qatarie, qui craint que “ce genre d’incidents” ne se multiplient dans les prochaines semaines.
“Ces explosions de violence, qui ne semblent pas avoir fait de victimes graves, reflètent la nature précaire du cessez-le-feu”, reconnaît CBS News. Mais la chaîne américaine souligne qu’en dépit de ces soubresauts, “la trêve semblait tenir jeudi, alors que les troupes libanaises commençaient à se déployer dans certaines parties du sud du Liban, dans l’est de la vallée de la Bekaa et dans la banlieue sud de Beyrouth, où le Hezbollah a basé ses opérations”.
Pas de combats à grande échelle
Un avis partagé par le New York Times, qui prend acte de l’attaque israélienne de jeudi, “la première du genre depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu”, mais souligne que “malgré un échange de reproches entre les deux parties à l’accord – Israël et le Liban – aucun des deux combattants de la guerre, Israël ou le Hezbollah, ne semblait vouloir reprendre immédiatement les combats à grande échelle”.
“Après des mois d’avions de chasse et de roquettes dans le ciel et d’explosions au sol, le calme régnait jeudi sur une grande partie du Liban et du nord d’Israël”, observe le quotidien new-yorkais.
Mais pour combien de temps ? Ha’Aretz n’est guère optimiste. “En Israël, on a la certitude absolue que le cessez-le-feu sera violé. Si ce n’est pas dans les deux prochains mois, alors certainement dans quelques mois ou dans un an”, écrit le quotidien.
“L’hypothèse de base est que le Hezbollah fera tout son possible pour reconstituer ses rangs avec des combattants et des commandants sur le terrain, réapprovisionner ses dépôts d’armes et de munitions, et finalement déborder à nouveau dans le sud du Liban pour rétablir l’équilibre de dissuasion contre Israël”, explique le titre israélien.