En intégrant de facto des soldats nord-coréens dans la guerre en Ukraine, la Russie a internationalisé encore plus ce conflit qu’elle se refuse à appeler une guerre. Est-ce vraiment le début d’une nouvelle guerre froide, qui opposerait un “axe anti-occidental” à la Russie ? C’est en tout cas un tournant géostratégique plutôt que militaire.

Un tournant qui inquiète l’Ukraine : si Kiev ne ménage pas ses efforts pour s’attirer les bonnes grâces de ses éventuels alliés asiatiques, le risque est grand de voir la Russie consolider plus rapidement ses liens en Asie, s’inquiète ainsi Korsounskiy, ambassadeur au Japon, dans un article du site d’information ukrainien Lb.ua : “Les accords et les arrangements bilatéraux existant entre la Russie, la Corée du Nord, l’Iran et la Chine constituent déjà le prototype d’une future alliance militaire.” Avant de mettre en garde : “Plus la guerre dure et plus l’Ukraine reste en dehors de l’Otan, plus il est possible que l’on assiste à l’apparition d’un nouveau ‘pacte de Varsovie’ dans le camp adverse, qui aura simplement une autre capitale pour nom.”

De fait, face à l’“immense pression stratégique” qu’elles subissent, la Russie et la Corée du Nord “s’efforcent de restaurer les blocs de l’époque de la guerre froide – avec un ‘triangle du Nord’ dans lequel elles ont la ferme intention d’attirer la Chine”, décrypte de son côté l’historien chinois Feng Yujun, spécialiste de la Russie, dans un récent article repris sur le site d’analyse Ai Sixiang. Or, poursuit-il, “compte tenu de ses propres intérêts stratégiques, Pékin ne veut surtout pas d’une nouvelle guerre froide et ne rétablira pas d’alliances militaires” avec ses deux voisins pestiférés.

Certes, Pékin voit sans nul doute d’un mauvais œil ce partenariat. Il n’empêche, la Chine reste un pays ami de la Russie. C’est pour y voir clair dans ces alliances, qu’elles soient militaires ou commerciales, que nous avons conçu cette carte.