Des internautes accusent Paris et Kiev d’avoir refusé une résolution des Nations Unies contre le néonazisme.
La France s’est effectivement opposée ce mardi à ce texte déposé par la Russie.
Une position identique à celle adoptée par l’ensemble des pays européens depuis l’invasion de l’Ukraine en 2022.

Non contents d’accuser Kiev d’être aux mains de néonazis depuis le début du conflit, les propagandistes russes s’en prennent désormais à l’ensemble des Occidentaux. Dans une publication mise en ligne ce mercredi 18 décembre, un compte que nous avons identifié comme un relais de la propagande russe en France affirme que l’Ukraine, accompagnée de plusieurs pays européens, a “refusé une résolution des Nations Unies contre la glorification du nazisme”. 

Une manière pour ces acteurs de la désinformation de nourrir le récit du Kremlin selon lequel la Russie serait seule en guerre contre les nouvelles formes d’extrémisme.

La France a voté contre la résolution sur la lutte contre la glorification du néonazisme, le 17 décembre 2024La France a voté contre la résolution sur la lutte contre la glorification du néonazisme, le 17 décembre 2024 – Capture d’écran / Les Vérificateurs

L’internaute fait référence au projet de résolution qu’on retrouve sous le nom A/C.3/79/L.2 (nouvelle fenêtre). Initialement déposé par la Russie, la Biélorussie et le Turkménistan, elle porte sur la “lutte contre la glorification du nazisme, du néonazisme et d’autres pratiques qui contribuent à alimenter les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance qui y est associée”. 

Comme l’indique le compte-rendu de l’Assemblée générale disponible en ligne (nouvelle fenêtre), la résolution a été adoptée le 17 décembre en raison du vote 119 pays. Dix se sont abstenus et 53 étaient contre, dont, effectivement, la France, l’Allemagne, les États-Unis ou encore l’Ukraine. Alors comment l’expliquer ? Faut-il y voir une forme d’aveu de la part de ces pays ? 

Une position identique depuis deux ans

Pas du tout. En témoignent les prises de parole des représentants de ces États, filmées le jour du scrutin (nouvelle fenêtre). Après son vote, la représentante ukrainienne a ainsi commencé par “condamner fermement toutes les formes” de racisme. Si elle s’est opposée, explique-t-elle, c’est pour dénoncer “l’hypocrisie du pays agresseur” à l’origine du texte, qui “présente une résolution condamnant l’idéologie même qu’il reflète dans sa guerre contre l’Ukraine. 

“C’est comme un tueur en série qui ferait la leçon sur les vertus de ne pas tuer”, a-t-elle insisté devant l’Assemblée générale. Kiev estimant que Moscou n’a “pas le droit moral” de se présenter comme “garant du combat contre le néonazisme”, elle craint par ailleurs que cette résolution ne soit “manipulée par la Russie” (nouvelle fenêtre)

Raison pour laquelle l’Ukraine a fait voter un amendement (nouvelle fenêtre) à cette résolution non contraignante. À savoir, qu’elle constate “avec inquiétude que la Fédération de Russie a cherché à justifier son agression territoriale contre l’Ukraine en invoquant l’élimination du néonazisme”. “L’intention réelle de cette résolution est de manipuler l’histoire et défendre un prochain discours sur une prétendue victoire contre le nazisme”, a conclu la représentante ukrainienne. 

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Et du côté de Paris ? Interrogée pour en savoir plus sur les motifs derrière son vote, la mission permanente de la France aux Nations Unies nous renvoie vers le discours de la Hongrie, porte-parole de “la position commune des pays de l’Union européenne” lors de ce scrutin. Devant l’Assemblée générale, le représentant hongrois a lui aussi “rejeté catégoriquement l’utilisation inexacte et trompeuse par la Russie du terme dénazification afin de justifier sa guerre contre l’Ukraine”. Aux yeux de l’ensemble des pays européens qui se sont exprimés contre ce texte, le combat contre toute forme d’extrémisme mérite une “discussion sérieuse et significative”, a-t-il plaidé, opposant à cet objectif celui de la Russie qui serait au contraire de “diviser et d’utiliser l’Assemblée générale pour diffuser de la désinformation”. 

Auprès de TF1info, la représentation française rappelle par ailleurs que cette position commune a été décidée “dès le début de l’invasion illégale de l’Ukraine par la Russie”. De fait, chaque année depuis 2012, la Russie soumet le même projet, exhortant à la vigilance face aux formes modernes de la xénophobie. Entérinée annuellement à une large majorité, cette résolution n’a toutefois jamais été votée par la France. Pendant dix ans, le pays s’est abstenu. Depuis 2022, son représentant vote systématiquement contre ce texte dénoncé comme (nouvelle fenêtre)“un discours réducteur et destiné à diviser les Européens”. 

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Felicia SIDERIS