Tribunal correctionnel de Blois
Tel que l’a souligné la représentante du ministère public, Stéphanie Clément-Bornet, en introduction de son réquisitoire, « il est important d’entendre que les hommes, eux aussi, peuvent être victimes de violences conjugales ». Tel était le cas dans cette affaire examinée par le tribunal le 29 janvier 2025.
Les faits se sont produits le 1er septembre 2024, en Sologne. Dans la plainte qu’il a déposée à la gendarmerie, un père de famille expliquait que, ce jour-là, sa compagne s’était emportée contre lui parce qu’il lui reprochait d’avoir bu. Elle lui aurait asséné des coups de pied et de poing, ainsi que des gifles, puis l’aurait frappé avec un câble d’aspirateur alors qu’il tentait de la maîtriser. Un certificat médical fait état de lésions justifiant un jour d’incapacité totale de travail (ITT).
Présentes dans la maison au moment des faits, les filles du couple, âgées de 2 et 6 ans, auraient tout entendu. L’enquêteur spécialisé qui a reçu l’aînée a noté dans son rapport qu’elle s’enfermait et réfléchissait beaucoup avant de répondre aux questions « avec sérieux et gravité ». Elle a évoqué des disputes récurrentes entre ses parents et expliqué que sa mère criait souvent, avait tendance à casser des objets et pouvait s’en prendre physiquement à son père sans raison.
« Une relation délétère et toxique »
À la barre, la mise en cause, âgée de 33 ans, a reconnu les faits. « Je ne suis pas devenue comme cela du jour au lendemain. Il a eu des paroles blessantes, mais je sais que ça n’excuse pas mon comportement. Je regrette ce que j’ai fait. Cela ne se reproduira jamais », a-t-elle déclaré, en expliquant avoir entamé des soins auprès d’un psychiatre addictologue. Aujourd’hui, le couple est séparé et la situation s’est apaisée.
En défense, Me Jean-François Herrault a demandé au tribunal de « mettre les choses en balance », évoquant « une relation délétère et toxique » au sein de laquelle l’homme aurait lui aussi sa part de responsabilité.
Après en avoir délibéré, le tribunal a suivi les réquisitions du parquet en condamnant la trentenaire à six mois de prison assortis d’un sursis probatoire et à effectuer un stage de sensibilisation aux violences conjugales. Elle devra également verser un total de 2.000 € de dommages et intérêts à son ex-compagnon et à leurs filles, représentés par Me Sandrine Audeval, et rembourser leurs frais d’avocat à hauteur de 500 €.
En cas d’urgence : appelez le 17 ou le 112 depuis un portable, le 39.19 pour les femmes, 119 pour les enfants et adolescents, le 114 par SMS. Les victimes peuvent aussi se signaler discrètement auprès des pharmacies.