Hier, 16h06
La Corée du Sud a affirmé mercredi que les soldats nord-coréens avaient droit à la citoyenneté sud-coréenne, après la publication par un journal de l’interview d’un soldat capturé en Ukraine déclarant qu’il envisageait de demander l’asile en Corée du Sud.
«Les soldats nord-coréens sont constitutionnellement considérés comme nos ressortissants,» a commenté un responsable du ministère des Affaires étrangères sud-coréen en réagissant à l’entretien.
«Respecter la volonté individuelle concernant le rapatriement des prisonniers est conforme au droit international», a déclaré ce responsable resté anonyme.

Un soldat sud-coréen garde un bâtiment de conférence de la Commission d’armistice militaire de l’ONU à Panmunjom, zone démilitarisée.
AFP
«Les individus ne doivent pas être rapatriés vers des endroits où ils risquent d’être persécutés contre leur gré», a ajouté ce responsable, précisant que Séoul «fournira la protection et le soutien nécessaires».
Le journal Chosun Ilbo de Séoul a publié mercredi l’entretien d’un soldat nord-coréen décrivant les combats «brutaux» sur la ligne de front en Ukraine. Des renseignements occidentaux font état de la présence de plusieurs milliers de soldats envoyés par la Corée du Nord.
A l’isolement
Le soldat, que le journal appelle Ri, est toujours en détention en Ukraine et l’interview a été réalisée depuis des cellules d’isolement dans un centre de détention dont la localisation est restée secrète.
Un journaliste du service international de Chosun a déclaré à l’AFP mercredi que la tenue de l’interview avait été facilitée par les autorités ukrainiennes.
Ri a déclaré au quotidien qu’il était désormais «à 80 % décidé» à «demander le statut de réfugié et à aller en Corée du Sud».
Les agences de renseignement sud-coréennes et occidentales ont estimé que plus de 10’000 soldats nord-coréens avaient été envoyés en Russie l’année dernière pour l’aider à résister à une offensive ukrainienne surprise dans la région frontalière de Koursk.
Ri – visiblement blessé – a déclaré que de nombreux soldats nord-coréens de son unité avaient été tués par des drones et des tirs d’artillerie. «Tous ceux qui ont rejoint l’armée avec moi sont morts», a-t-il dit.
«Quand je suis finalement entré dans la bataille, c’était vraiment brutal. Avant cela, je n’avais jamais vu des gens mourir», a poursuivi Ri auprès du quotidien.

Un soldat en détention vêtu d’un uniforme militaire est assis sur un lit superposé dans une cellule austère en Ukraine.
AFP
Pas de capture
Lorsque les journalistes lui ont demandé si les soldats nord-coréens avaient reçu l’ordre de se tuer plutôt que d’être capturés, comme l’ont rapporté les services de renseignement occidentaux, Ri a acquiescé.
«Dans notre armée populaire, être capturé revient à faire défection. Certains se sont suicidés pour éviter d’être capturés. J’aurais peut-être dû le faire, si j’avais eu une grenade avec moi», a-t-il regretté.
L’interview a également présenté un autre soldat appelé Baek. Les deux ont déclaré avoir été déployés dans la région de Koursk en Russie l’année dernière.
En janvier, l’Ukraine a déclaré que des enquêteurs interrogeaient deux soldats nord-coréens blessés après leur capture à Koursk, affirmant qu’ils avaient fourni «des preuves indiscutables» que des Nord-Coréens combattaient du côté russe.
L’AFP a demandé des interviews avec les soldats capturés, mais les autorités ukrainiennes qui les détiennent n’ont pas répondu.