Le jeune label couture Khosrov investit l’Europe, en partant de Milan

Khosrov, un nouveau nom à retenir dans le panorama de la mode. Depuis quelque temps, les créations couture de ce jeune label fondé par Khosrov Melkonyan se font noter de l’autre côté de l’Atlantique. Surtout sur la Côte ouest, à Los Angeles, où il est implanté et habille les célébrités, de Cardi B à Dakota Fanning. Il a attiré l’attention lors des derniers Grammy Awards en faisant endosser à la chanteuse Dawn Richard une robe carmin en forme d’arbre rehaussée de spectaculaires branches feuillues. Le designer s’attaque désormais au marché européen, en partant de l’Italie, où il s’est installé y déplaçant toute sa production, tandis qu’il débute dans la distribution wholesale chez Antonia.

L’un des modèles proposés chez Antonia, où le label s’adresse pour la première fois à une audience élargie – Khosrov

Avec ses créations délicates et aériennes à la Alber Elbaz, affichant les mêmes bords francs et drapés typiques du couturier, le designer de 34 ans, natif de Los Angeles et d’origine arménienne, a séduit d’emblée la titulaire de la célèbre boutique milanaise, qui le met en avant pendant toute la Fashion Week de Milan, en lui offrant une grande visibilité dans son nouveau magasin situé dans le Quadrilatère du luxe, sur la Via Sant’Andrea et le Corso Venezia.

“Dans ce panorama de moindre créativité de la part des marques des grands groupes, un créateur qui aborde le prêt-à-porter à partir de la couture est toujours intéressant à proposer. J’aime en particulier ce mélange entre ses origines arméniennes, avec une culture et une identité artisanale, et l’énergie et la vibe d’une ville comme Los Angeles”, nous confie Antonia Giacinti, qui va proposer différentes créations Khosrov déclinées dans diverses couleurs exclusives pour sa boutique, dont une minirobe à 2.000 euros et un modèle plus long à 2.990 euros, en tissu crépon.

Très jeune, Khosrov Melkonyan a su qu’il voulait dessiner et créer. Habile de ses mains, passionné de broderies et de couture, il réalise ses premières robes à 16 ans. Il fait ses classes chez Rodarte, avant de se transférer à Londres, où il enchaîne les stages chez le label de streetwear haut de gamme KTZ, puis chez Gareth Pugh, tout en se diplômant au London College of Fashion. Son visa expirant, il rentre à Los Angeles, où il travaille comme directeur artistique de l’agence de mannequins Storm Model Management, ainsi qu’avec le photographe Nick Knight.

Mais le designer souhaite revenir en Europe pour intégrer une maison de luxe. Alors qu’il fait sa tournée des griffes, son portfolio en main, survient la pandémie et éclate dans la foulée la guerre du Haut-Karabagh, qui le pousse à créer et vendre des bandanas pour envoyer l’argent récolté à la communauté arménienne. De là germe en lui l’idée de créer un projet plus abouti lui permettant de valoriser davantage son héritage arménien.

KhosrovMelkonyan – DR

“C’est ainsi que j’ai fondé ma maison en 2022.  Elle est autofinancée par ma famille et par les revenus de la clientèle couture, que j’ai développée ces deux dernières années. J’ai la chance d’avoir des clientes influentes”, nous indique Khosrov Melkonyan, rencontré dans le showroom milanais de Livia Gregoretti, qui distribue le label à partir de cette saison automne-hiver 2025/26.

Depuis 2024, le styliste est épaulé pour toute la partie opérationnelle et de gestion de la marque par Gilles Assor, qui intervient en consultant. Ce manager vétéran du luxe, qui a occupé différents postes à responsabilité, l’aide notamment à structurer l’architecture des collections et de son offre, qui s’adresse désormais aussi bien au VIC, qu’aux clientes privées ou aux revendeurs wholesale, avec les débuts de Khosrov dans ce canal cette saison, pour l’instant chez Antonia. L’idée, nous explique le créateur, est “d’avoir dans chaque pays un magasin multimarque top. Nous visons quinze pays. Nous ne voulons pas nous développer à tout va. Notre identité couture, sophistiquée et de qualité, doit rester”.

Khosrov Melkonyan a débuté avec des créations couture à l’apparence simples et classiques avec leur silhouette fluide et longiligne, réalisées en chiffon, crêpe ou mousseline de soie, mais recélant une grande maîtrise dans la construction et des détails recherchés comme certains plissés minutieux ou ornements quasiment invisibles. A l’image de ce fourreau noir en soie tout simple, qui s’ouvre dans le dos sur un corset, ton sur ton.

“La couture me permet de donner libre cours à ma créativité en puisant dans mes racines. J’ai voulu créer un monde où la femme puisse exister avec une certaine force mais aussi une féminité sensuelle”,  glisse-t-il.

Le créateur mise sur un savoir-faire couture – Khosrov

Son offre de prêt-à-porter, qui s’apparente davantage à de la semi-couture, fait la part belle également aux tenues de soirée et pour tapis rouge, avec des prix allant de 1.600 à 3.000 euros. S’y insère aussi de la maille, via de longues robes ajourées ou des gilets.

Les tenues à l’esprit hollywoodien se distinguent par divers détails subtils inspirés de la culture arménienne, que cela soit dans la forme d’une robe rappelant les costumes religieux, dans certaines menues décorations inspirées des robes traditionnelles, ou dans des motifs géométriques typiques du pays ou encore dans des dessins trouvés dans d’anciens livres religieux reproduits en jacquard. Le mouvement du vêtement est important aussi, car il rappelle les nombreuses danses arméniennes. 

L’entreprise compte une dizaine de personnes. Khosrov Melkonyan peut s’appuyer sur une équipe forte d’une grande expertise, ayant travaillé dans les ateliers de couture des grandes maisons. “Pour une marque jeune et petite comme la mienne, la qualité de notre travail et de notre savoir-faire nous permet d’obtenir un résultat final de haut niveau”, souligne le designer, qui se partage désormais entre l’Italie et la Californie.

“En octobre 2022, j’ai décidé d’installer mes ateliers dans la Péninsule, car tout y est produit et sourcé”, conclut le jeune homme qui s’est transféré à Florence, où est produite la maille ainsi qu’à Padoue. Il a implanté son atelier de couture et son studio à Bologne, tandis que la semi-couture avec le showroom et la communication sont à Milan.