Ce décès survient alors que plus de 130 cas ont été recensés depuis le début de l’année au Texas et au Nouveau-Mexique, et une poignée d’autres ailleurs dans le pays. Au Texas, deuxième Etat le plus peuplé du pays, près de vingt personnes ont été récemment hospitalisées, et «toutes étaient non vaccinées», a précisé Lara Johnson, médecin-chef de l’hôpital pour enfants de Lubbock, lors d’une conférence de presse mercredi après-midi.
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La gravité de la situation minimisée par Robert Kennedy Jr.
Interrogé sur le sujet lors d’une réunion gouvernementale, le nouveau ministre américain de la Santé, Robert Kennedy Jr., a déclaré que «deux personnes» étaient mortes. Contactés par l’AFP, les ministères de la Santé du Texas et du Nouveau-Mexique ont dit ne pas être au fait du deuxième décès évoqué par le ministre. Ce dernier a par ailleurs minimisé la gravité de la situation, assurant qu’elle n’était «pas inhabituelle». «Nous avons des épidémies de rougeole chaque année», a-t-il déclaré, disant toutefois «suivre l’évolution de la situation».
Alors que la rougeole avait été déclarée éradiquée du pays en 2000 grâce à la vaccination, les contaminations sont reparties à la hausse ces dernières années, à la faveur de la baisse des taux de vaccination enregistrée depuis la pandémie de Covid-19.
Une situation qui inquiète fortement les professionnels de santé, notamment du fait des positions antivaccins de Robert Kennedy Jr. «C’est un virus mortel», a rappelé Lara Johnson, évoquant les complications respiratoires et neurologiques qu’il peut causer. Et de confier: «quand j’ai obtenu mon diplôme de médecin en 2002, j’étais persuadé que je ne verrais jamais d’épidémie de rougeole, à moins que je ne choisisse de travailler à l’étranger.»
Pour Amesh Adalja, spécialiste en maladies infectieuses à l’université de Johns Hopkins, «ce n’était qu’une question de temps» pour que les Etats-Unis n’enregistrent à nouveau des morts de la rougeole. Ces décès devraient «nous rappeler qu’il y a une raison pour laquelle le vaccin a été mis au point et qu’il représente une réelle utilité pour les individus», insiste-t-il auprès de l’AFP.
Recul de la vaccination des enfants
Avant la mise au point de ce vaccin au début des années 1960, la maladie tuait des centaines d’enfants chaque année aux Etats-Unis, et continue de faire des dizaines de milliers de morts à travers le monde. Le dernier décès lié à la rougeole enregistré aux Etats-Unis remonte à 2015, lorsqu’une femme de l’Etat de Washington est décédée d’une pneumonie causée par le virus. Elle était vaccinée mais était sous traitement immunosuppresseur.
Malgré ce risque, de plus en plus d’Américains décident de ne pas faire vacciner leurs enfants contre cette maladie, sur fond de défiance croissante à l’égard des autorités sanitaires. La proportion d’enfants en maternelle vaccinés contre la rougeole − pourtant obligatoire − est ainsi passée de 95% en 2019 à moins de 93% en 2023 aux Etats-Unis, avec de fortes variations régionales.
Au Texas, deuxième Etat le plus peuplé du pays, comme dans de nombreux autres Etats américains, les parents peuvent invoquer par exemple une raison religieuse pour obtenir une dérogation. «Vous pouvez simplement dire que vous n’êtes pas d’accord», expliquait récemment à l’AFP Terri Burke de l’association Immunization Partnership, qui promeut la vaccination au Texas.
285 cas de rougeole aux Etats-Unis en 2024
La plupart des cas de rougeole recensés au Texas cette année l’ont été dans un comté à la large population mennonite, communauté religieuse ultraconservatrice.
En 2024, 285 cas de rougeole ont été recensés dans le pays, selon les autorités fédérales, contre 59 en 2023. Un nombre élevé mais moindre que les 1274 cas recensés en 2019 lors d’une épidémie au sein des communautés juives orthodoxes de New York et du New Jersey, non vaccinées.