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Sur le principe, c’est une bonne idée, mais pour l’instant, la faisabilité me semble très compliquée”

Récemment, le ministre de la Défense, Theo Francken, a dévoilé les contours de ce projet ambitieux. “J’ai déjà reçu de nombreux emails. Les jeunes de 18 à 25 ans peuvent devenir réservistes et servir le pays pendant 12 mois, sans problème, et ce sera rémunéré”, affirme Theo Francken. “Le service sera payé environ 2.000 euros nets par mois”, précise-t-il.

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Par la suite, le ministre de la Défense enverra dès le mois de novembre une lettre aux 120.000 jeunes de 18 ans pour les inviter à rejoindre ce service militaire volontaire.

Les candidats intéressés passeront des tests sportifs et psychologiques au printemps 2026, avant un début effectif en septembre de la même année.

Si l’idée d’un service militaire volontaire séduit sur le papier, sa mise en œuvre pose de sérieux défis. Wally Struys, professeur émérite à l’École royale militaire et spécialiste des questions de Défense, se montre sceptique : “Sur le principe, c’est une bonne idée, mais pour l’instant, la faisabilité me semble très compliquée”, tranche-t-il.

Des limites budgétaires

Le problème ? Un manque criant de moyens. “Former ces militaires nécessite du personnel encadrant, des infrastructures et du matériel. Or, aujourd’hui, nous n’avons ni les instructeurs, ni les casernes, ni le budget pour absorber ces nouvelles recrues”, explique-t-il.

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Aujourd’hui, beaucoup trop de casernes sont dans un état de vétusté avancée et on manque déjà d’infrastructures pour les recrues”

Selon lui, rassembler 500 volontaires dans un seul bataillon serait une illusion (NdlR : les places de ce service militaire volontaire sont limitées à 500). “Il faut les répartir dans différentes unités, mais encore faut-il avoir les moyens de les accueillir.”

Même en supposant que ces 500 volontaires rendent la Défense plus attractive et que certains décident de poursuivre une carrière militaire, la question des ressources reste entière.

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“Si on parle d’un afflux de 4.000 jeunes par an comme le demande le plan de recrutement de la Défense, il faut prévoir leur hébergement, leur formation et leur encadrement. Or, aujourd’hui, beaucoup trop de casernes sont dans un état de vétusté avancée et on manque déjà d’infrastructures pour les recrues, rapporte un instructeur de la Défense. De plus, après six semaines, certains abandonneront, jugeant la discipline trop dure. D’autres se rendront compte, après quelques mois, qu’ils seront envoyés à l’étranger pour de longues missions, loin de leur famille”.

Au-delà du volontariat, il rappelle que l’armée belge fait déjà face à un autre défi : le renouvellement de ses militaires professionnels. “Le grand baby-boom des années 50 appartient au passé, et beaucoup de militaires approchent de la retraite. Entre les prévisions budgétaires et les décisions à prendre en matière de pensions, une vague de départs risque encore d’affaiblir les effectifs”, souligne Wally Struys.

En somme, si l’ambition est louable, la réalité du terrain semble bien plus complexe.