L’indignation a gagné le monde universitaire et les défenseurs des droits humains aux Etats-Unis en début de semaine après l’arrestation et le lancement d’une procédure d’expulsion durant le week-end d’une figure des manifestations propalestiniennes à la prestigieuse université Columbia. “La première d’une longue liste”, a prévenu lundi Donald Trump.
La police fédérale de l’immigration a arrêté Mahmoud Khalil, titulaire d’une Green Card de résident permanent et fraîchement diplômé de l’université new-yorkaise, où il s’était érigé ces derniers mois en porte-parole du mouvement contre l’invasion de Gaza. Selon ses soutiens, il a été arrêté dans la nuit de samedi à dimanche dans une résidence étudiante où il rentrait avec sa femme enceinte.
Mahmoud Khalil aurait “mené des activités liées au Hamas”, a accusé sans plus de précision une porte-parole du département de la Sécurité intérieure. “Nous savons qu’il y a d’autres étudiants à Columbia et dans d’autres universités qui ont participé à des activités proterroristes, antisémites, anti-américaines et le gouvernement ne le tolérera pas (…) Nous allons trouver, arrêter et expulser ces sympathisants terroristes”, a menacé de son côté le président.
Mise au pas des universités
La procédure d’expulsion a toutefois été suspendue lundi par un juge new-yorkais dans l’attente d’une audience mercredi.
Dans l’après-midi, plus d’un millier de manifestants se sont rassemblés à Manhattan pour crier leur “honte” de l’université Columbia – qui n’a pas commenté l’arrestation – et des autorités. Et l’arrestation choque bien au-delà du cercle militant: l’organisation de défense des droits humains ACLU a dénoncé son caractère “sans précédent, illégal et anti-Américain”, un “tournant” qui a pour “objectif de faire peur”. L’affaire a fait réagir jusqu’à l’ONU, qui rappelle l’importance du respect de la liberté d’expression, tandis qu’une pétition a recueilli près de 2,2 millions de signatures.
Depuis l’annonce de l’interpellation, “des étudiants nous disent qu’ils ont peur de venir sur le campus”, observe un professeur de Columbia. Mahmoud Khalil est “devenu un prisonnier politique”, estime un autre.
Vendredi dernier, l’administration Trump a fait un exemple de sa politique de mise au pas des universités en annonçant la suppression de 400 millions de dollars de subventions à Columbia, accusée d’inaction face à des “actes antisémites”.
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