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Le Nouvel Obs avec AFP

Publié le

19 mars 2025 à 9h04, mis à jour le

19 mars 2025 à 9h36

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, au Parlement européen, à Strasbourg, le 11 mars 2025.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, au Parlement européen, à Strasbourg, le 11 mars 2025. PHILIPP VON DITFURTH/DPA/SIPA

Temps de lecture : 3 min.

L’Union européenne (UE) donne ce mercredi 19 mars le coup d’envoi d’un plan visant à réarmer le continent d’ici à 2030, face à la menace russe et au risque de désengagement américain.

« Si l’Europe veut éviter la guerre, elle doit se préparer à la guerre », a résumé mardi à Copenhague la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. Plusieurs services de renseignement en Europe sont convaincus qu’une attaque russe aura lieu contre un pays de l’UE avant la fin de la décennie.

Les remises en cause de l’engagement américain en Europe, et particulièrement en Ukraine, après le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche ont aussi agi comme un électrochoc. Il est donc impératif de « réarmer l’Europe », comme l’ambitionne un plan du même nom présenté le 4 mars à Bruxelles.

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Les dépenses militaires des Vingt-Sept ont augmenté de plus de 31 % depuis 2021, pour atteindre 326 milliards d’euros en 2024. « C’est mieux, mais ce n’est pas suffisant », a affirmé Ursula von der Leyen.

Un objectif de 800 milliards d’euros pour l’Europe de la défense

La Commission européenne présente ce mercredi en milieu de journée un « livre blanc » pour la défense, sorte de mode d’emploi à destination des Etats membres pour les aider à renforcer les capacités de défense du continent.

On y retrouve les grandes lignes du plan dévoilé il y a deux semaines par Ursula von der Leyen avec un objectif affiché de 800 milliards d’euros pour mettre l’Europe de la défense en ordre de marche. Un montant ambitieux, mais dont la mise en œuvre dépend surtout de la bonne volonté des Etats membres de l’UE, soulignent des diplomates à Bruxelles.

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La Commission européenne veut ainsi permettre aux Etats membres de consacrer jusqu’à 1,5 % de leur produit intérieur brut (PIB) pendant quatre ans à des dépenses militaires, sans crainte d’enfreindre les règles budgétaires qui encadrent les déficits publics.

Cela devrait permettre de mobiliser sur cette période jusqu’à 650 milliards d’euros, selon la Commission européenne. Les 150 milliards restants seront mis à disposition des Etats membres sous forme de prêts.

Acheter « davantage européen »

Chaque pays devra d’ici fin avril demander une exemption de ces règles budgétaires, selon un projet de conclusions de ce « livre blanc », dont l’AFP a obtenu une copie. La Commission veut aller vite et décider d’ici fin juillet d’accorder ou non cette exemption, en fonction des dépenses proposées, selon un responsable européen. Pas question en effet que cet assouplissement des règles budgétaires soit utilisé pour financer des dépenses non militaires, selon ce responsable.

Les responsables de la Commission veulent aussi que les Vingt-Sept adoptent au plus vite le texte servant de base aux prêts de 150 milliards d’euros. Il doit permettre de financer, en commun, des achats et des projets d’investissement en Europe.

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Il s’agit, a assuré Ursula von der Leyen, d’acheter « davantage européen », au moment où la très grande majorité des investissements en matière de défense se fait en dehors de l’Union européenne. « Le contenu européen est important. Au moins 65 % des pièces contenues dans tel ou tel armement doivent être d’origine européenne », a-t-elle souligné mardi à Copenhague.

Les dirigeants de l’UE ont déjà donné leur feu vert à ce plan proposé par Ursula von der Leyen lors d’un sommet extraordinaire la semaine dernière.

Discussions autour d’un grand emprunt commun

Plusieurs Etats membres souhaitent toutefois aller plus loin et suggèrent qu’un grand emprunt soit lancé, comme cela avait été le cas lors de la pandémie de Covid. L’UE avait alors emprunté 800 milliards d’euros. Les besoins ont cette fois été estimés à 500 milliards d’euros, mais la Commission européenne a jusqu’à présent refusé de s’engager dans cette voie. « Pour en parler, il faut un gouvernement en Allemagne », fait valoir un diplomate européen.

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Le futur chancelier Friedrich Merz a fait voter mardi un plan massif d’investissements pour réarmer et moderniser l’Allemagne, qui n’a peut-être pas encore dit son dernier mot sur cette idée d’emprunt commun.

La Commission européenne a également identifié les secteurs stratégiques dans lesquels les investissements doivent avoir lieu en priorité. Il s’agit surtout de combler les lacunes de l’industrie de défense en matière de munitions, de défense antiaérienne, de drones, ou encore de missiles à longue portée. Le plan « Réarmer l’Europe » prévoit aussi d’associer plus étroitement l’industrie ukrainienne de défense à celle des pays de l’UE.