Jusqu’en 1839, le Grand-Duché et la province de Luxembourg formaient un seul territoire, qui a appartenu successivement aux Pays-Bas méridionaux, puis à l’Empire français et enfin au Royaume uni des Pays-Bas. Cette année-là, la partie francophone du Luxembourg a été cédée à la Belgique, tandis que le Grand-Duché est resté sous la souveraineté du roi des Pays-Bas.
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Malgré cette séparation, la province de Luxembourg et le Grand-Duché conservent encore aujourd’hui une proximité très prégnante. Que ce soit en termes de langue, de culture, mais aussi et surtout de relations économiques, les liens sont encore très nombreux. Ce n’est toutefois pas toujours le cas de la coopération transfrontalière.
En gestation depuis 2021, le projet de deux zones fonctionnelles transfrontalières (ZFT) Luxembourg-Wallonie Nord et Sud, officiellement lancé il y a un an, doit permettre de booster cette coopération entre les deux pays.
Cinq projets validés
En quelques mots, dans ces zones réunissant des communes belges et luxembourgeoises, des projets plus locaux, devant améliorer les conditions et le cadre de vie des citoyens, verront le jour. La zone nord comprend, côté belge, des communes telles que Gouvy, Bastogne, Libramont, Habay, Martelange ou encore Attert. Côté luxembourgeois, Wiltz, Troisvierges, Redange ou encore Boulaide ont marqué leur accord. Dans la zone sud, toujours côté belge, on retrouve Arlon, Etalle, Virton, Aubange ou encore Messancy; côté luxembourgeois: Steinfort, Pétange, Mamer ou Käerjeng. Bref, des communes voisines qui sont toutes demandeuses de synergies entre les deux Luxembourg.
Voici les communes faisant partie, de part et d’autre de la frontière, des deux zones fonctionnelles transfrontalières. © PHOTO: Idelux
Ce mardi 18 mars, l’heure était à l’annonce des différents projets transfrontaliers ayant été approuvés et qui fleuriront au cours des prochaines années. Des annonces faites en présence de plusieurs personnalités politiques des deux pays, dont Adrien Dolimont, ministre-président wallon, et Claude Meisch, le ministre de l’Aménagement du territoire.
Le premier projet concerne la création d’une liaison cyclo-piétonne entre l’école de Barnich-Sterpenich et la gare de Kleinbettingen. Ce projet desservira aussi deux écoles et s’intégrera au réseau cyclable luxembourgeois. Les communes d’Arlon et de Steinfort financeront le projet, épaulés par un soutien européen à hauteur de 60%, un peu plus d’un million d’euros donc.
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Toujours dans le sud de la province et du Luxembourg, un pont transfrontalier verra le jour au-dessus de l’Eisch et des liaisons seront réalisées entre les réseaux cyclables belgo-luxembourgeois. Ainsi, un chemin cyclo-piéton devrait être implanté au nord de la localité de Clémency. Celui-ci assurera une liaison directe entre la piste cyclable de l’Attert et le réseau belge à hauteur de l’entité de Sélange.
Là encore, le projet sera cofinancé par les communes de Messancy et de Käerjeng, ainsi qu’un soutien à hauteur de 60% du fonds européen, soit environ 225.000 euros.
Des synergies entre deux parcs dédiés aux cinq sens
Dans la ZFT Nord, un projet transfrontalier nommé «Discovery SenStory» ou «DSENS» et lié au tourisme a été approuvé. Concrètement, il a pour objectif de valoriser la thématique de l’expérimentation sensorielle, présente dans les deux pays. En Belgique, c’est le centre pédagogique et récréatif Houtopia à Houffalize qui assure cette tâche. Et côté luxembourgeois, le centre Parc Sënnesräich à Lullange (Wincrange) propose également une immersion similaire au travers des cinq sens.
L’idée serait ainsi de générer un flux touristique en assurant une promotion et une communication commune des deux sites, par exemple en créant une attraction touristique transfrontalière, du type chasse au trésor, et nécessitant de se rendre dans les deux centres. Il est également question d’un événement transfrontalier annuel sur l’expérience sensorielle.
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Le projet «Voies d’Eau-trefois» vise quant à lui une valorisation touristique de l’artisanat et de l’industrie d’hier, liés à l’eau. L’objectif est notamment de mettre en valeur le passé industriel commun avec, par exemple, l’installation d’une scénographie à Wiltz sur ce thème. Ou encore l’installation d’une vieille locomotive à Bastogne, au sein de laquelle les visiteurs pourront faire un bond en arrière, du temps où la ville était connectée au rail et où de nombreux travailleurs bastognards se rendaient déjà au Luxembourg pour y travailler dans les usines.
Créer des synergies entre les deux systèmes de santé
Enfin, dernier projet validé, et non des moindres, l’initiative «WaLuxSanté». Le projet veut renforcer la coopération transfrontalière en santé dans l’espace frontalier rural Wallonie-Luxembourg, en tirant notamment profit de l’accord-cadre en matière de soins entre la Belgique et le Luxembourg, signé il y a environ deux ans. Les enjeux sont nombreux: réduire l’effet frontière en matière de santé, créer des synergies entre les deux systèmes de santé et surtout, répondre aux défis des systèmes de santé et de l’accès aux soins dans les espaces ruraux.
Notons que sept autres projets ont été déposés en février dernier (trois pour la ZFT Sud et quatre pour la ZFT Nord). Ils couvrent des thématiques variées, telles que la mobilité, la santé, le cycle de l’eau, la biodiversité, l’économie. Actuellement en cours d’instruction, ces projets seront soumis pour analyse et décision aux Comités décisionnels, le 22 mai pour la ZFT Nord et le 3 juin pour la ZFT Sud.