L’Europe doit s’adapter à un «changement de paradigme» du commerce mondial, a souligné lundi le commissaire européen Maroš Šefčovič au Luxembourg, où se réunissent les ministres du Commerce de l’UE pour répondre à l’offensive lancée par Donald Trump.
La discussion sert à «préparer» la réponse européenne à l’augmentation de taxes douanières américaines. Les 27 veulent aussi s’assurer que les entreprises européennes reçoivent un «soutien adéquat» et «accélérer» des négociations de libre échange avec le reste du monde, a déclaré M. Šefčovič avant le début de cette réunion.
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Lundi au Luxembourg, les Européens entendent afficher leur unité face à cette menace de guerre commerciale avec les États-Unis. Mais le ton sur les possibles représailles européennes diffère selon les Etats membres.
Faut-il cibler la tech américaine ? «Ce serait une escalade extraordinaire à un moment où nous devons travailler à la désescalade», a mis en garde le ministre irlandais des Affaires étrangères Simon Harris, dont le pays dépend fortement des investissements américains, en particulier dans les secteurs pharmaceutique et technologique.
La France et l’Allemagne montrent les muscles
Même si Paris veut «d’abord tout faire pour préférer la coopération» avec les États-Unis, le ministre Laurent Saint-Martin (commerce extérieur) a appelé l’UE à «n’exclure aucune option» sur les biens comme les services américains. «La boîte à outils européenne (…) peut être extrêmement agressive», a-t-il lancé, en mentionnant «l’instrument anti-coercition», qui permettrait notamment le gel de l’accès aux marchés publics européens ou le blocage d’investissements.
Le ministre allemand de l’économie, Robert Habeck, a lui aussi souligné que l’Europe devait être prête à utiliser ce «bazooka» de l’instrument «anti-coercition». L’UE s’est dotée en 2023 de cet instrument qui vise à punir tout pays utilisant des armes économiques pour faire pression sur elle. Jamais utilisé jusqu’ici, il a été pensé comme un outil de dissuasion, à activer après épuisement des voies diplomatiques.
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Donald Trump a lancé une offensive protectionniste sans équivalent depuis les années 1930, avec une série de hausses de taxes douanières, dont 20% pour les marchandises de l’Union européenne.
La Commission européenne essaye de négocier avec Washington tout en préparant des mesures de rétorsion si les discussions n’aboutissent pas.