Vous habitez Erpent. La distance ne vous effraie pas ?
Je mets 1 h 10, par la N 4, pour venir à Athus en voiture. Jusqu’à présent, je n’ai eu aucun ralentissement. À vrai dire, je pense que j’arrive plus vite ici qu’à Bruxelles-Centre.
Vous êtes entré en fonction le 1er avril. Que connaissiez-vous de cette région ?
L’Outlet est très connu (rires). La réputation d’Athus est connue jusqu’à Namur, la police est une grande famille. On retrouve dans cette zone d’importance plus modeste que celle de Namur, des problématiques très similaires.
C’est-à-dire ?
En matière de deals de rue, de bande de motards… Il y a d’autres matières que j’ai découvertes et qui m’intéresse, comme la coopération transfrontalière et l’organisation d’opérations conjointes que j’ai commencé à découvrir à la DCA (lire ci-dessous). Il y a la proximité des trois frontières, avec le passage de certains profils qui commettent leurs exactions sur notre territoire puis qui repassent de l’autre côté de la frontière.
Heureusement, vous avez le droit de passer les frontières pour poursuivre des suspects…
Il y a des accords qui ont été signés. En résumé, en cas de flagrant délit, nous avons le droit de poursuivre sur le territoire français ou grand-ducal (NDLR: et vice-versa), avec l’obligation de les aviser le plus rapidement possible pour leur permettre de venir en renfort et de reprendre la poursuite.
Quelles seront vos priorités ?
Je viens d’un autre arrondissement judiciaire, d’une autre province, ma priorité est d’appréhender la culture de travail de la zone de police et de son environnement. Je me donne six mois pour le faire. Je compte continuer le travail entamé, avec un regard nouveau peut-être, en répondant aux attentes des autorités. Et améliorer la communication interne à la zone, et externe.
Certains reprochent aux policiers de ne pas avoir le temps de traiter certaines problématiques, comme la lutte active contre les déchets sauvages par exemple…
Il y a une cellule dédiée à cette problématique qui est très active. Son travail permet d’obtenir très régulièrement des identifications et des poursuites. On ne peut pas être partout. Les moyens humains sont limités. Avec une centaine d’hommes, on traite moins de dossiers qu’avec 450 personnes, comme sur la zone de Namur. Parfois le citoyen ordinaire peut avoir l’impression que les problématiques traitées par la police ne le concernent pas, mais travailler activement à la réduction de la criminalité, cela se ressent dans les rues et dans le sentiment de sécurité.
Le cadre de la zone est-il complet ?
Au niveau des inspecteurs et inspecteurs principaux, oui, il est en train de se compléter. Par contre, il manque deux commissaires. Nous n’en avons que deux sur quatre. Le cadre officier a besoin d’être renforcé, mais il est difficile de recruter vu le positionnement de la zone par rapport au reste du pays.
Et former en interne ?
Le problème est que pour le cadre officier, il faut suivre une année académique de formation à Bruxelles. C’est là que se trouve l’école des officiers. Apparemment, cette année, il n’y a aucun policier de la province de Luxembourg.
Les zones de police de Bruxelles vont fusionner, pensez-vous que la zone de police Sud-Luxembourg devrait elle aussi fusionner avec une autre zone à moyen ou plus long terme ?
La société se complexifie, les tâches confiées aux services de police deviennent de plus en plus pointues, avec une charge administrative très lourde. Le modèle initial de la réforme des polices n’est peut-être plus en phase avec la société actuelle. Je pense qu’il y a matière, dans un premier temps, à renforcer les collaborations entre les zones.
Une carrière tournée vers l’intervention
Policier ? Un rêve d’enfant qui ne l’a pas quitté au cours de son adolescence. “Je me voyais militaire, gendarme ou policier”, confie Sébastien Libertiaux. Marié, papa de deux grands enfants, le commissaire divisionnaire de 55 ans a transmis le virus à son fils, lui aussi devenu policier.
La carrière du Namurois s’est essentiellement déroulée dans le domaine de l’intervention. Il est entré à la police en 1991, à la Ville de Namur, dans le service intervention. Huit ans plus tard, il exerçait déjà une fonction de chef d’équipe. En 2004, il intègre le groupe d’intervention spéciale, prémices de l’actuelle unité d’assistance spéciale. En clair et en résumé, la mission de ce groupe est de pouvoir intervenir dans l’urgence. En 2015, Sébastien Libertiaux, devenu entre-temps commissaire, repasse au service d’intervention de la zone de police de Namur, comme chef de service cette fois, puis il devient adjoint au directeur des opérations, consolidant encore son expérience dans le domaine de l’intervention d’urgence, mais aussi dans la gestion des manifestations. Puis en 2023, il devient directeur des opérations au sein de la direction de coordination et d’appui (DCA) de la police fédérale de Namur, jusqu’à son arrivée à la zone de police Sud-Luxembourg, comme chef de corps, où il succède à Philippe Deneffe, un autre namurois, parti à la retraite. Une fonction qu’il considère comme “la cerise sur le gâteau” d’une carrière longue déjà de 33 ans.