Depardieu condamné pour agressions sexuelles : “Une décision historique” • FRANCE 24

Notre invité en plateau Karine Durieux Diebolt. Bonjour, merci d’être sur France 24. Vous êtes avocate spécialiste des victimes de viol et d’agression sexuelle et vous représenter plusieurs plaignantes de Gérard Partieux. On vous doit également ce livre violence sexuelle quand la justice maltraite les leçons du procès pélico aux éditions Sypse. On vous a entendu dans le sujet. Vous voilà en plateau. Qu’est-ce que cette condamnation signifie pour vous ? Qu’est-ce qu’elle porte comme message ? Le premier message, il est à l’attention des victimes, des victimes de Gérard de Pardieu et toutes les autres victimes également. C’est une décision qui est historique parce que à travers ce jugement, le tribunal a reconnu la qualité de victime et que Gérard de Pardieu également est un agresseur sexuel. Donc dorénavant, on ne pourra plus dire que Gérard de Pardieu n’est pas un agresseur sexuel. Et mes premiers mots vont à l’attention des deux victimes qui ont été reconnues aujourd’hui. Mais dans cette affaire de part Dieu, on en a une vingtaine qui ont déclaré des faits d’agression sexuelle et qui n’ont pas été reconnus en qualité de victime parce que les faits sont prescrits. Donc ça interroge aussi sur la question de la prescription dans nos affaires de viol ou d’agression sexuelle en série. Et également, j’ai une pensée particulière pour Charlotte Arnou qui a déposé plainte en 2018 pour des faits de viol. Gérard de Pardieu est mise en examen pour ces faits-là. On a eu des réquisitions définitives l’été dernier qui recommande un renvoi devant la Cour criminelle pour l’effet de viol. Donc il y aurait peut-être un deuxième procès. Ça reste à confirmer. Oui, c’est tout à fait possible. Euh quel message s’envoie aussi au monde du cinéma à l’heure où l’on parle d’un mitou euh du cinéma français ? Euh c’est un message envoyé. Gérard Pardieu, monstre sacré, disait-on, du du cinéma aujourd’hui. L’impunité s’est terminée. Oui, en tout cas, l’impunité de l’artiste est terminée puisque cette décision marque la condamnation d’un des plus grands acteurs du cinéma français et cette affaire rend également visible la culture du viol au sein du cinéma et au au reste incarné par l’un des plus grands acteurs du cinéma français. Donc euh oui, c’est une décision qui est importante aussi et qui devrait être prise en compte par le milieu du cinéma. Aujourd’hui s’ouvre le festival de Cann. J’ai entendu ces derniers temps encore des grands acteurs ou des grandes actrices avoir des mots de soutien à l’attention de Gérard de Pardieu. À commencé par Fanny Ardan. Fanny Ardan, d’autres grands noms tout à fait récemment. J’aimerais j’aimerais qu’il y ait des mots également à l’attention des victimes des victimes de Gérard de Pardieux mais des victimes du cinéma et en l’occurrence c’était des petites mains du cinéma qui étaient victimes de Gérard de Pardieux, c’est-à-dire des techniciennes dans le milieu du cinéma et ces femmes-là doivent être aussi reconnues par ce milieul-là s’il y a des agressions. C’est vrai qu’on est dans un milieu très particulier. On parle du la famille du cinéma euh famille dans lequelle la loi du silence prime sur le reste où le droit du travail n’existe pas sont les conclusion de la commission d’enquête menée par l’Assemblée nationale qui parle d’une machine à broyer les talents. Euh ça fait des années que ça dure. Vous parlez vous-même de culture de viol. Il a fallu cette affaire de par Dieu pour que le voile soit levé entre guillemets. Alors c’est vrai je l’avais plaidé. Il y a eu une omerta du cinéma dans l’affaire de par Dieu puisque sur les 20 femmes qui ont témoigné, on a des faits qui remontent aux années 80. Donc ça signifie qu’il y a eu des décennies d’agression sexuelles. Ça fait 40 ans. Oui, exactement. Au moins 40 ans parce que peut-être qu’il y a d’autres femmes également qui n’ont pas parlé mais en tout cas sur les femmes qui ont parlé, on en a sur plusieurs décennies. Donc ce qui signifie qu’il y a eu une tolérance du cinéma à l’égard de Gérard de Pardieu parce que ces femmes au moment même où les faits ont été commis pour la plupart elles on les ont signalé à leur hiérarchie. Elles ont pas été protégées. Donc il y a un défaut de protection des femmes au sein du cinéma français lorsqu’elles ont été victimes de Gérard de Pardieu. Il y a de toute manière un déséquilibre qui existait entre G1 de Pardieu et les techniciennes ou les victimes qui ont déclaré des faits. Revenons au procès. Le le président du tribunal a regretter, dit-il, la dureté excessive des débats à l’encontre des partis civiles de la part de la défense donc Gérard Pardieu. On a entrevu l’avocat de Gérard de Pardieu qui a été extrêmement virulent lors du du procès, lors des audiences, les traitants, les victimes à la barre de menteuse, d’hystérique. Est-ce que ça c’est habituel dans ce genre de procès ? Al, ça peut arriver mais je dois dire que souvent maintenant les avocats de la défense sont quand même plus délicats que celles qu’on a eu dans cette affaire-là. Donc c’est pour ça que ça a été relevé, c’est parce que euh elle a été euh la défense a été particulièrement virulente et violente à l’égard de nous et à l’égard des partis civiles. Donc, il y a eu ce matin condamnation de la part du tribunal au titre de ce que l’on appelle la victimisation secondaire, c’est-à-dire que les victimes de violence sexuelle ont déjà été victimes d’agression sexuelle et dans un second temps, elles sont également victimes dans le cadre du tribunal de violence dans le cadre de la stratégie de la défense organisée par monsieur Depardieux. Parce que ce que je voudrais dire, c’est que derrière le confrère, derrière l’avocat de la défense, c’est évidemment la stratégie de la défense de Gérin de Pindieu et ça a été une stratégie de la défense qui a été particulièrement offensante, qui a porté atteinte à la dignité des partis civiles et ça a été relevé par le président du tribunal en ce que ça n’avait aucun intérêt pour la manifestation de la vérité. Et d’ailleurs Gérard Pardo a été condamné. Cette notion de victimisation secondaire, pouvez nous en dire davantage ? Est-ce qu’elle est nouvelle ? En tous les cas, c’est une euh c’est une une notion qui apparaît déjà dans la cour européenne des doigts de l’homme depuis quelques années. Euh la France a été euh il y a 2 semaines environ condamné également pour victimisation secondaire pour des affaires de viol qui ont été portées devant la Cour européenne des droits de l’homme. Donc on a déjà eu des décisions le 14 avril dernier de condamnation de la France dans la terminologie même de victimisation secondaire dans le cadre de la jurisprudence des décisions de justice française, je ne crois pas qu’il y ait eu ce terme qui a été repris qui nous vient de la Cour européenne des droits de l’homme mais pour autant il y a déjà de la jurisprudence de la Cour de cassation qui a condamné des stratégies de défense qui ont été particulièrement agressives et viol violente à l’égard des victimes et il a été retenu par la Cour de cassation en France que si la défense est libre de sa stratégie, pour autant elle doit en assumer les conséquences au titre du préjudice moral, du traumatisme qui est occasionné aux victimes dans ce cadre-là. et vous le dites dans votre livre hein sur la base de quatre affaires il me semble dont celui de l’affaire de Giselle Péico euh violence sexuelle voilà quand la justice maltraite la justice encore beaucoup de chemins pour prendre en compte euh et respecter la victime. Est-ce que vous pouvez nous rappeler les les principales difficultés que vous rencontrez ? Ben écoutez, on a une violence institutionnelle qui peut intervenir à tout moment de la procédure, aussi bien au moment du recueil de la plainte. On en a déjà largement débattu dans les médias, mais déposer plainte pour une femme victime de violence sexuelle, ça peut être particulièrement délicat. Ensuite, dans le cadre des auditions, il y a la lenteur de la justice également qui peut être mise en cause. Il y a la répétition des faits et puis il y a aussi une violence qui peut être une maltraitance de prêtoire et ça a été évoqué même par les avocats de Giselle Péico dans le cadre du procès Pélico puisqu’on disait qu’elle qu’elle qu’elle était quoi ? colisé et qu’elle était consentante. Oui. C’est c’est l’inversion de culpabilité. C’est-à-dire qu’en l’occurrence, on avait tout de même un procès qui ne prêtait pas sérieusement à contestation sur la preuve. Euh c’était une femme qui était endormie au moment des faits et pour autant on lui a euh on a cherché à la culpabiliser et à sortir euh de son passé des photos ou des éléments de sa vie privée pour lui retourner et pour essayer de de la faire apparaître comme complice des faits alors qu’il y avait aucun élément sérieux en ce sens-là. Et évidemment que à un moment Giselle Péico même avait dit qu’elle avait le sentiment d’être traitée comme une coupable et que les 50 hommes derrière elle eux se présentaient comme victime. Donc il y a eu une maltraitance de prêtoir qui a été mise en avant dans le cadre de ce procès-là. Et je crois que l’affaire qui nous occupe aujourd’hui également l’affaire de par Dieu et bien est également une affaire qui révèle cette maltraitance de près toi et et toutes ces difficultés-là, elles empêchent aussi les femmes de s’exprimer, de euh donner euh librement euh leurs paroles. Et bien justement, la décision d’aujourd’hui, je crois que c’est une décision d’espoir. Ça veut dire que ça ne marche pas, que ça ne marche pas, que des stratégies de défense très offensantes et qui portent atteinte à la dignité des femmes, ça ne fonctionne pas. Ça desserre même euh la personne qui est mise en cause. Et c’est un message d’espoir pour moi pour les femmes. signifie que peut-être il va y avoir également une évolution dans les droits de la défense, que les avocats vont peut-être être amenés à évoluer aussi dans un sens plus respectueux des victimes parce qu’on peut très bien défendre une personne qui est accusée sans hurler, sans crier, sans essayer d’inverser la culpabilité, sans entrer dans la vie privée de la victime tout en étant respectueux des victimes. Et il y a une balance, un équilibre à trouver entre les droits de la défense et la protection des victimes. Dernière question, est-ce que vous trouvez que la société française est en train d’évoluer sur ces questions ? Est-ce que les mentalités changent ? Est-ce que la parole, les paroles des victimes sont aujourd’hui mieux reçues ? Alors, petit à petit euh progressivement, moi je suis de nature optimiste. Euh donc évidemment, je suis avocate depuis 30 ans, donc il y a une évolution que je peux constater. Euh il 10 ans en arrière, il est vrai que la parole des victimes était moins bien reçue. Donc petit à petit, peut-être avec des affaires comme l’affaire Pélico, l’affaire d’aujourd’hui, l’affaire de par Dieu, on peut aboutir à une évolution dans le traitement judiciaire et dans l’écoute de la parole des victimes à travers ces affaires-là. Merci à.

Reconnu coupable d’agressions sexuelles sur deux femmes, Gérard Depardieu a été condamné mardi à 18 mois de prison avec sursis. Le tribunal a également ordonné son inscription au fichier des auteurs d’infractions sexuelles et prononcé deux ans d’inéligibilité. Me Carine Durrieu-Diebolt, avocate de l’une des deux plaignantes contre Gérard Depardieu, était sur France 24 pour réagir à cette actualité.
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16 comments
  1. Pourquoi certains sont jugés (de plus absents) et d'autres sont en libre circulation sur la place publique et ils n'ont rien🧐…

  2. Il est condamné, très bonne nouvelle. Il va pouvoir continuer de vivre, en Russie ou Ailleurs…selon son choix mais sa vie active , loin des caméras, va sûrement lui , manquer, il a vécu..le " le meilleur " si l on peut dire

  3. En écoutant les propos de Depardieu concernant une fillette montant à cheval dans le documentaire réalisé par Yann Moix en Corée, on prend conscience de la perversité de cet homme.

  4. 👏👏👏 Bonne décision, il l'a pas volé, l'impunité doit cesser ! 🙂 Ce genre de personne toxique est très difficile à identifier et à contrer, mais, pour faire face à l'emprise, aux manipulateurs, aux personnes trop dominantes et au manque de respect en tous genres, il existe des solutions, des techniques, afin de préserver sa dignité et d'éviter que ça n'aille trop loin. En complément, personnellement, je conseille le livre "SE FAIRE RESPECTER", de Nathan Stone. Il y a tout ce qu'il faut savoir, c'est le livre le plus complet pour faire face à des situations toxiques, c'est clair, pas de discours superflu, le top. Il cerne bien tous les aspects et ça peut convenir à tout le monde, c'est ça qui est bien ! 👌

  5. Les titres péripataclics , on fait le buuzzz comme des oiseaux de morts mais en fait, il n'a rien… du sursis, vous créez sciemment de la mésinformation !

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