Elle est au cœur de l’actualité depuis une dizaine de mois. La réforme des pensions se précise au Luxembourg, tandis que les syndicats se préparent à une journée de mobilisation pour faire entendre leurs revendications, samedi 28 juin. Publiées mercredi 4 juin, les recommandations de la Commission européenne encouragent le gouvernement à mener sa réforme à son terme.
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Intitulé «Paquet de printemps pour le Luxembourg», cette série de recommandations fait partie du Semestre européen. Né en 2010, des suites de la crise financière, le Semestre vise à coordonner les politiques économiques, fiscales et sociales des États membres de l’Union européenne afin de renforcer la compétitivité et prévenir de futures crises.
En clair, les rapports rédigés par l’exécutif européen permettent d’aligner les différentes politiques nationales aux objectifs de l’UE.
Renforcer la viabilité du système des pensions
Emploi, fiscalité, innovation ou encore éducation, les recommandations effectuées par la Commission européenne au Grand-Duché touchent de nombreux domaines. «Ces recommandations sont à envisager comme des actions concrètes à mener à court terme, dans un horizon de 12 à 18 mois», détaille un officiel senior de la Commission.
Il s’agit du pire scénario européen, et de loin.
Un officiel de la Commission européenne
Parmi elles, on retrouve donc la question de la réforme des pensions. Plus précisément, il est recommandé au Luxembourg de «renforcer la viabilité à long terme du système de retraite».
La Commission a notamment identifié trois axes pour y parvenir, à savoir la limitation des possibilités de retraite anticipée, la croissance du taux de participation et d’emploi des travailleurs âgés de 55 à 64 ans, et l’amélioration des possibilités d’emploi et l’employabilité des travailleurs âgés.
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«La situation du système des pensions est délicate à long terme. Sa viabilité repose sur une croissance infinie du Luxembourg, sans laquelle on court tout droit vers une tragédie. Il s’agit du pire scénario européen, et de loin», souligne un officiel de la Commission.
Accroître l’offre de logements
Si le constat a de quoi alarmer, l’exécutif européen se refuse de hiérarchiser ou prioriser ses différentes recommandations. «Tout est à considérer sur le même plan.» Ainsi, la réforme des pensions, bien que nécessaire, n’est pas plus «urgente» que d’autres directives listées par l’exécutif.
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Sans surprise, on retrouve également dans cette liste la problématique du logement. La Commission recommande au Grand-Duché «d’accroître l’offre de logements et d’atténuer les risques liés au marché du logement».
Elle préconise notamment l’adoption d’une politique globale d’utilisation de sols, une réforme de l’impôt foncier, ou encore un renforcement de la coordination avec l’urbanisme et les transports publics transfrontalier.
Autre recommandation évoquée: l’atténuation des risques liés au marché du logement en supprimant progressivement les incitations fiscales à emprunter.
Dans le volet fiscalité, la Commission attend du Luxembourg qu’il prenne de nouvelles mesures pour lutter efficacement contre la planification fiscale agressive.
Cela passerait notamment par la garantie d’une imposition suffisante des paiements sortants d’intérêts et de redevances aux pays et territoires à imposition faible. «Si le Grand-Duché estime avoir fait suffisamment d’efforts dans ce domaine, ce n’est pas forcément l’avis de nos experts.»
Améliorer l’égalité des chances dans les écoles
Pour améliorer sa compétitivité, le Luxembourg gagnerait à améliorer ses transports publics, «en investissant dans les infrastructures de transport public et les réseaux transfrontaliers», mais aussi à réduire sa dépendance globale à l’égard des combustibles fossiles en «investissant dans l’efficacité énergétique».
Améliorer les performances et garantir l’égalité des chances dans les écoles en adaptant l’enseignement aux besoins des élèves défavorisés et de ceux issus de différents milieux linguistiques.
Recommandation de la Commission européenne
Ces deux aspects sont considérés comme des défis «structurels» au même titre que l’égalité des chances dans les écoles. Selon les observations de la Commission européenne, l’origine sociale affecte plus durement la réussite scolaire des élèves au Luxembourg que dans d’autres pays de l’Union européenne.
Il est ainsi préconisé d’adapter l’enseignement «aux besoins des élèves défavorisés et de ceux issus de différents milieux linguistiques».
Un suivi attentif
Si toutes ces recommandations sont à considérer dans une approche globale, c’est parce que, ensemble, elles permettront au Grand-Duché de faire face à ses différents défis. «Si le gouvernement luxembourgeois s’attend à l’augmentation de l’immigration afin de combler le déficit annoncé du système des pensions, il faut investir sur l’infrastructure, les logements, etc. On ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre», résume un officiel de la Commission européenne.
Maintenant établies, ces recommandations vont faire l’objet de différentes discussions avec les autorités luxembourgeoises, avant d’être adoptées.
Elles seront ensuite soumises à un suivi attentif des experts économiques de la Commission européenne, qui veilleront à leur application dans les années à venir. «Si la réforme des pensions est engagée, même si elle ne ressemble pas en tout point à ce que l’on aurait souhaité, cette recommandation disparaîtra l’année prochaine. Et cela vaut pour tous les sujets.»