Jeudi matin, des milliers de personnes de 55 pays — dont environ 300 Suisses et Suissesses — vont se donner rendez-vous au Caire pour entamer une marche mondiale vers Gaza, la “March to Gaza”. Objectif: casser le blocus israélien et dénoncer l’inaction des Etats face à la situation dans l’enclave palestinienne.

Ces derniers mois, ils étaient des milliers dans les rues, un peu partout dans le monde, à demander un cessez-le-feu à Gaza et la fin du blocus.

Jeudi, un autre type de cortège, celui-ci à l’échelle d’un pays, débutera au Caire, en Egypte. L’initiative “March to Gaza” (“Marche vers Gaza”), née en Suisse, se décrit comme “un mouvement citoyen, apolitique et indépendant” sur son site internet.

Alors qu’une caravane est déjà en route depuis la Tunisie (voir encadré), et s’il obtient le feu vert des autorités égyptiennes, le cortège devrait rejoindre la ville d’Al Arish, d’où la marche partira dimanche. Il s’agira ensuite de parcourir les 50 kilomètres jusqu’au poste-frontière de Rafah, au sud de la bande de Gaza.

On sait bien qu’on ne va pas rentrer à Gaza et casser le siège comme ça

Aline, coorganisatrice de la “March to Gaza”

Le mouvement indique qu’il ne forcera “aucune barrière, aucune frontière” et qu’à son arrivée le but est “de négocier l’ouverture du terminal de Rafah avec les autorités égyptiennes”, les diplomates et les ONG notamment.

Trois Suisses témoignent

Mais les participants et participantes de Suisse ne se font pas trop d’illusion. “On sait bien qu’on ne va pas rentrer à Gaza et casser le siège comme ça”, admet Aline, l’une des organisatrices de la “March to Gaza”. “L’idée, c’est de montrer qu’on est là en solidarité avec le peuple palestinien”, ajoute-t-elle encore.

Si Aline, une chercheuse installée à Genève, a l’habitude de participer à des manifestations, c’est la première fois qu’elle s’implique autant. La veille de son départ, elle emporte le minimum: sac de couchage, tente, une batterie solaire, ainsi que les drapeaux palestinien et suisse.

A chaque mission [à Gaza], c’était pire, et à chaque mission, nous avions moins de matériel

Hicham El Ghaoui, médecin et coorganisateur de la “March to Gaza”

Hicham El Ghaoui, lui aussi, se sentait de plus en plus impuissant. Ce médecin valaisan s’est pourtant déjà rendu plusieurs fois dans la bande de Gaza pour venir en aide à la population.

“Une fois, une deuxième fois, une troisième fois: à chaque mission, c’était pire, et à chaque mission, nous avions moins de matériel”, se souvient le coorganisateur depuis son domicile.

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Pour moi, c’est très important d’être en mouvement (…) pas comme nos politiques muets et complices

Frédéric Choffat, réalisateur genevois

Certains, comme le cinéaste genevois Frédéric Choffat, ressentent aussi un devoir moral qui les pousse à agir. “Pour moi, c’est très important d’être en mouvement (…) pas comme nos politiques qui sont muets et complices”, expliquait-il juste avant le départ de son vol, mercredi matin.

Ce sentiment d’urgence face à ce qu’il considère être un génocide pourrait se heurter à l’intransigeance de l’Egypte. Alors qu’elles sont pressées par Israël de bloquer le convoi, les autorités égyptiennes n’ont toujours pas communiqué leur position concernant la tenue de la marche. D’après les organisateurs suisses, des participants auraient déjà été refoulés à l’aéroport du Caire.

>> Ecouter aussi Le Point J qui traite de la mobilisation pour la cause palestinienne : Pourquoi la cause palestinienne mobilise-t-elle autant la jeunesse ? / Le Point J / 15 min. / hier à 17:01

Sujet TV: Léo Wadimoff

Article web: Doreen Enssle avec agences