Publié19. juin 2025, 07:00
Luxembourg: Une alliance OGBL-LCGB? L’ALEBA ne veut pas de «pensée unique»
Les syndicats OGBL et LCGB doivent annoncer qu’ils vont s’unir, concrètement. Le paysage syndical du pays doit-il voir en cette avancée historique une menace?


60% des électeurs estiment que l’appel de l’OGBL et du LCGB à manifester le 28 juin est positif.
Editpress/Alain Rischard
Les deux grands syndicats luxembourgeois, l’OGBL et le LCGB, ont annoncé la création d’une structure commune, appelé «Union des syndicats OGBL et LCGB», regroupant les forces des deux représentations des travailleurs. Une première dans le paysage syndical luxembourgeois, qui fait réagir. Et notamment l’ALEBA, d’abord «1er syndicat des banques», ouvert désormais à l’ensemble des professionnels du pays. «Même s’ils avaient nié vouloir en arriver là ces derniers temps, en coulisses on entendait cette possibilité d’alliance», confie son président, Roberto Mendolia, qui refuse d’y voir «une menace» pour son syndicat et les autres, au contraire, et encore moins «une guerre politico-politique».
L’alliance est historique, mais en effet pas surprenante. Depuis le début d’année déjà, OGBL et LCGB avaient enclenché ce qu’ils nomment eux-mêmes «un front syndical tout à fait inédit», pour faire face aux «attaques à répétition du gouvernement à l’encontre des acquis et droits sociaux des salariés et pensionnés». À l’époque, la grande manifestation nationale du 28 juin semblait loin, mais elle approche et l’annonce de l’alliance prend sens.
Mercredi soir, le Politmonitor mettait même en lumière les tensions actuelles, relevant que 60% des électeurs estiment que l’appel de l’OGBL et du LCGB à manifester le 28 juin est positif. 55% des personnes interrogées estiment que le gouvernement ne respecte pas suffisamment la position des syndicats.
Fin du «fameux modèle social luxembourgeois»
Au Luxembourg, malgré l’augmentation du nombre de salariés, la part des syndiqués parmi les salariés résidents a diminué de plus d’un tiers au cours de la dernière décennie, pour s’établir à 25% entre 2010 et 2020. Reste que l’OGBL et le LCGB rassembleront, à eux deux, plus de 70% du total des membres d’une organisation syndicale, selon le Statec. Une alliance qui pourrait donc peser 125 000 adhérents. «Il y a de la place pour tout le monde, relève le président de l’ALEBA. On n’est même pas assez, nous représentons tous 150 000 personnes à la louche sur 450 000 travailleurs».
Ce front syndical est né quand «le gouvernement actuel a décidé de rompre définitivement avec le fameux modèle social luxembourgeois», expliquent les deux entités qui s’unissent. Les dossiers du travail dominical, des retraites, des salaires et des «conditions de travail en général» sont plus que jamais sur la table. «Le front syndical OGBL-LCGB s’est engagé à empêcher par tous les moyens nécessaires que les acquis sociaux, pour lesquels les syndicats ont lutté et œuvré pendant plus d’un siècle, ne soient anéantis par une politique qui s’annonce désastreuse sur le plan social».
«Pas de pensée unique»
Du concret, sur l’action et l’opérationnel, doit être communiqué vendredi. «Nous n’avons aucune proposition qui va dans le sens d’une alliance avec eux, et de toute façon notre base veut que l’on conserve l’indépendance qui est dans notre ADN. Pas de pensée unique», pique toutefois Roberto Mendolia. L’ALEBA manifestera néanmoins aux côtés de l’OGBL et du LCGB le 28 juin.
De son côté, la Confédération générale de la Fonction publique (CGFP), autre syndicat fort au Grand-Duché, n’a pas souhaité mercredi commenter cette annonce. «Étant donné que les détails de l’union entre l’OGBL et la LCGB ne sont pas encore connus à l’heure actuelle, le bureau exécutif a décidé de ne pas prendre position à ce sujet pour le moment».
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