La Belgique conserve, pour la deuxième année consécutive, la dernière place parmi les pays d’Europe du Nord en matière de ponctualité des paiements d’entreprise.

Selon la dernière Payment Study publiée par Altares Dun & Bradstreet, 61,9 % des entreprises belges ont payé leurs factures en retard au quatrième trimestre 2024.

Malgré une légère amélioration dans d’autres pays de la région, les retards de paiement restent structurellement élevés en Belgique. À titre de comparaison, le Danemark affiche 94,2 % de paiements dans les délais, suivi par la Pologne (87,5 %) et la Russie (81,3 %). En Belgique, la part de factures réglées avec plus de 90 jours de retard atteint 2,4 %, contre 2,3 % en 2023 et 1,6 % en 2022.

Des retards plus fréquents dans les grandes entreprises

La tendance est particulièrement marquée au sein des grandes entreprises belges (plus de 260 salariés), dont seulement 14 % ont payé leurs factures à temps. Ce taux est inférieur à celui des entreprises de taille moyenne (28,5 %) et des petites entreprises (34,5 %). Les micro-entreprises (moins de 5 salariés) restent les plus ponctuelles, bien que leur performance se dégrade : 39,2 % de paiements dans les délais fin 2024, contre 41,7 % un an plus tôt.

« Les grandes entreprises belges éprouvent toujours des difficultés à respecter les délais de paiement. Toutefois, elles ne recourent pas aux retards extrêmes, contrairement aux micro-entreprises, dont 2,5 % dépassent les 90 jours de délai », précise Barry de Goeij, Senior Data Scientist chez Altares Dun & Bradstreet.

Transports, commerce de détail et textile à la peine

Les disparités sectorielles sont également significatives. L’agriculture (44,2 % de paiements dans les délais), les services (42,3 %) et la finance (42,1 %) s’en sortent relativement mieux. À l’inverse, le secteur des transports et de la distribution demeure le plus mal classé, avec seulement 30,2 % de paiements ponctuels.

Le commerce de détail enregistre quant à lui la plus forte proportion de paiements effectués avec plus de 90 jours de retard (4,4 %), un chiffre stable par rapport à l’année précédente.

Le secteur du textile connaît une dégradation marquée de son comportement de paiement. Dans l’habillement et les autres produits textiles, la part de paiements dans les délais est tombée à 35,3 % (-8 points), tandis qu’elle est passée à 31,1 % dans l’industrie textile (-6,7 points). L’étude pointe notamment l’augmentation des coûts (énergie, matériaux, salaires), la concurrence des boutiques en ligne étrangères et une baisse du chiffre d’affaires comme facteurs explicatifs.

Un impact global sur l’économie

Les retards de paiement persistent dans un contexte économique incertain, marqué par des tensions géopolitiques et des risques de guerre commerciale. Cette situation fragilise les chaînes d’approvisionnement et affecte la trésorerie de nombreuses entreprises.

« Les retards de paiement ne concernent pas uniquement les entreprises en difficulté. Ils créent un effet domino sur l’ensemble de la chaîne économique », conclut Barry de Goeij.