Euro 2025 –

Mélissa Mettraux, la discrète étoile montante du football suisse

Mélissa Mettraux, jeune footballeuse de 15 ans, debout sur un terrain de football à Poliez Pittet, juillet 2025.

Durant l’été, Mélissa Mettraux retrouve le terrain de Poliez Pittet. Là où tout a commencé.

Marie-Lou Dumauthioz

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En bref:Mélissa Mettraux s’entraîne au centre national de formation à Bienne depuis 2023.L’ailière gauche de 15 ans rejoindra les Young Boys pour la saison prochaine.La jeune Vaudoise s’entraîne actuellement avec les garçons d’Yverdon Sport.

Les exclamations des jeunes joueuses se mêlent au bruit de leurs foulées heurtant le ballon. Sur la pelouse de la Tissot Arena à Bienne, elles sont une quinzaine à s’échauffer, toutes vêtues du rouge des maillots de l’équipe nationale.

Du haut de ses 15 ans, Mélissa Mettraux, cheveux attachés d’une queue-de-cheval serrée, observe depuis la ligne de touche. Pas d’entraînement pour l’ailière gauche aujourd’hui: elle a disputé un match la veille. Pourtant, cela ne l’a pas empêchée de lacer ses crampons, comme si elle était prête à réagir au moindre appel.

Habitante de Poliez-Pittet, la jeune fille se trouve aujourd’hui à Bienne parce qu’elle a intégré en début d’année le centre de formation national. Une structure qui rassemble les jeunes talents du pays qui ont entre 12 et 15 ans, en vue de les préparer à rejoindre l’élite du foot suisse. Et les sélections sont particulièrement exigeantes: au fil de plusieurs étapes éliminatoires, un large groupe de candidates est progressivement réduit à une dizaine de joueuses, choisies chaque année par les entraîneurs des équipes nationales. «C’était stressant», se souvient Mélissa Mettraux. «Mais j’ai su gérer ça», nuance-t-elle timidement.

Mélissa fait partie des 21 jeunes étoiles montantes du football féminin suisse. Elle a apprivoisé le ballon rond dès l’âge de 5 ans, dans le jardin de ses parents. Dix ans plus tard, elle porte les couleurs de l’équipe que de nombreuses jeunes joueuses rêvent de revêtir.

Des entraînements intenses

Au bout du fil, à quelque 80 kilomètres de Bienne, sa maman, Rachel Mettraux, décroche aussitôt: «Je réponds rapidement au téléphone parce qu’avec ma fille si loin, j’ai tendance à m’inquiéter.» Comme ses coéquipières, Mélissa loge chez une famille d’accueil. Le matin, elle va à l’école, et l’après-midi, elle s’entraîne. «C’est une excellente opportunité, et j’ai une confiance totale en l’Association suisse de football pour s’occuper d’elle», ajoute Rachel Mettraux.

À 5 ans déjà, Mélissa rejoint le Mouvement du Centre, l’école de foot de Poliez-Pittet et des villages alentour. Mais c’est lorsqu’elle est sélectionnée chez les M10 du Lausanne-Sport que la joueuse amorce véritablement sa jeune carrière. Une étape charnière qui a permis aussi bien à elle qu’à sa famille de comprendre que «c’était du sérieux», comme l’explique sa maman avec fierté.

Brillante sur le terrain, et passant sélection après sélection sans difficulté, la jeune fille s’entraîne depuis l’été 2024 au Yverdon Sport. Là-bas, elle joue aux côtés des garçons, comme c’est souvent le cas pour les jeunes joueuses. Habituée à être l’une des rares filles dans son école de foot, Mélissa n’y voit aucun inconvénient. «Les entraînements sont plus intenses qu’avec les filles», explique-t-elle. Pour sa mère, «évoluer avec les garçons reste la meilleure manière de la faire progresser».

«Avec les garçons, c’est différent»

Son entraîneur de l’équipe de Suisse des moins de 16 ans, Kaan Kahraman, vante les bienfaits de sa formation parmi les jeunes Yverdonnois: «Mélissa a l’habitude de devoir réagir rapidement au jeu, de montrer une grosse présence physique et de ne pas craindre le contact.»

La junior continue d’évoluer dans le Nord-Vaudois pour les matches du week-end. Mais c’est dorénavant à Bienne, avec l’ASF, qu’elle passe la majeure partie de son temps en semaine. La jeune fille glisse pouvoir «parler de plus de choses» avec ses entraîneures dans sa nouvelle équipe. «Avec les garçons, c’est quand même différent. Ils comprennent moins ce que tu vis et ce que tu ressens.»

Du haut de son jeune âge, Mélissa fait déjà face à un mode de vie exigeant et chargé. Malgré la pression, elle garde la tête froide sur le terrain comme en dehors. «Je ne suis pas trop du genre à vouloir me mettre en avant, mais cela ne me dérange pas non plus de me retrouver sous le feu des projecteurs», appuie-t-elle. Une force tranquille, portée par une ambition claire et saine «d’aller toujours plus haut», affirme sa mère.

Mélissa Mettraux, jeune footballeuse de 15 ans, devant un but de football à Poliez Pittet, juillet 2025.

Mélissa Mettraux s’apprête à rejoindre l’un des meilleurs clubs du pays.

Marie-Lou Dumauthioz

À YB sur les traces de Beney et Luyet

À l’aube d’une étape décisive de sa jeune carrière – celle du passage au niveau adulte – Mélissa avance avec la sérénité de celles qui savent ce qu’elles veulent. Elle rejoindra, dès cet été, Young Boys, qui vient d’être sacré champion de Suisse.

Ainsi, la jeune romande marche dans les pas de ses aînées valaisannes, Naomi Luyet et Iman Beney, toutes deux formées au centre de Bienne quelques années plus tôt, avant de décrocher leur premier contrat professionnel dans la capitale. YB a remporté le championnat cette saison. Un succès qui a permis à Luyet d’être recrutée par Hoffenheim en Bundesliga, tandis que Beney a rejoint Manchester City en Angleterre. Des trajectoires qui font rêver.

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À son tour, Mélissa espère vivre un parcours similaire et briller aussi un jour sous le maillot de la Nati. D’ailleurs, la jeune attaquante affiche, comme bon nombre de ses coéquipières, une ambition européenne: «J’aimerais forcément aussi évoluer en Ligue des champions. Pourquoi pas à Paris ou à Barcelone?» Et si l’avenir de la Vaudoise reste à écrire, le ballon semble déjà lui indiquer la direction.

Une marge de progression

Depuis cet hiver, la jeune joueuse dispute ses premières rencontres au sein de l’équipe nationale des moins de 16 ans, alors même que la plupart de ses coéquipières ont une année de plus qu’elle. «Mélissa peut faire la différence par sa force mentale, lorsqu’elle est sur le terrain. Elle amène beaucoup d’énergie. Elle est très résiliente», renchérit Kaan Kahraman. Le coach soleurois pointe du doigt la belle marge de progression de Mélissa. «Elle peut se permettre de prendre plus de liberté et davantage se lancer dans des dribbles», explique-t-il.

La native de la région d’Échallens est bien consciente que rien n’est acquis. «Tout ce qu’on peut lui souhaiter, c’est d’aller au bout de son rêve», glisse avec émotion sa maman. Et sa passion, Mélissa la vit jusqu’au bout. Elle profite de toutes les occasions pour toucher au cuir. Dans sa deuxième famille à Bienne, elle «joue souvent au foot avec mon frère d’accueil». Modeste, elle ne nous avouera pas qu’elle gagne à chaque fois.

Cap sur l’Euro 2025

De retour à la maison, à Poliez-Pittet. Si Mélissa échange rarement quelques passes avec ses parents, sa grande sœur Laurine, elle, a fini par la suivre dans sa passion. Encouragée par sa petite sœur à se mettre au foot, Laurine Mettraux évolue actuellement au Yverdon Sport féminin, avec les M20 depuis le début de l’année. Une affaire de famille qui reste difficile à suivre depuis le bord des terrains pour ses parents. «Je travaille un samedi matin sur deux et mes filles jouent chaque week-end. On ne peut pas assister à tous leurs matches», regrette Rachel.

Mais toute la famille Mettraux est au rendez-vous pour encourager la Nati lors de l’Euro 2025, qui anime la Suisse depuis le 2 juillet. Mélissa espère bien y participer un jour. «Ce serait génial de la voir porter le maillot de l’équipe nationale. Et si cela arrive, je vous assure que je ne serai pas derrière mon poste de télévision. Je la suivrai depuis les gradins du stade», lance fièrement sa maman. En attendant, la jeune attaquante continue de tracer son chemin sur les terrains helvétiques.

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