Alors que le manque d’eau et la chaleur deviennent de sérieuses menaces pour l’arboriculture suisse, des scientifiques testent les essences adaptées au climat de demain. Aux côtés des pommes et des poires, goyaves, grenades ou pistaches pourraient bientôt pousser dans nos vergers.
Dans le cadre d’un premier test, Alexandre Monod, maître d’enseignement HEPIA, a sélectionné 60 variétés issues de l’Asie aux Etats-Unis dans le but d’observer laquelle poussera le mieux en Suisse, sans nécessiter trop d’infrastructures.
La culture de l’olivier, par exemple, pourrait prendre son envol en Suisse romande. Une association devrait voir le jour prochainement pour fédérer des producteurs de plus en plus nombreux, séduits par les avantages d’une culture qui s’adapte au changement climatique.
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Plusieurs types de plantations ont déjà fait leur apparition en Suisse ces dernières années, comme la patate douce et même des variétés spécifiques de melon ou de pastèque. Un essai d’Agroscope teste aussi depuis 2019 la culture de riz dans le Seeland, et notamment dans le Vully (FR), avec des rizières inondées organisées en terrasses, comme en Asie.
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La rentabilité, enjeu crucial
L’objectif: anticiper le changement climatique et être prêt dans 10 ou 15 ans, avec des variétés moins gourmandes en eau. Une perspective partagée par la famille Gillard, qui tient le domaine Monteiron à Préverenges (VD).
Un verger d’amandes trône désormais au milieu de leurs autres fruitiers. Mais faire partie des précurseurs demande parfois plusieurs essais: après une année humide, il a fallu tout replanter sur des buttes. “L’amandier n’aime pas du tout l’hydromorphie”, explique Arnaud Gillard. “Avec ces buttes, on crée une pente artificielle qui draine naturellement l’eau.”
Cinq ans plus tard, les arbres se portent bien. Cette année, l’arboriculteur espère une récolte d’un peu plus de 100 kilos. Mais il reste difficile de concurrencer les gros vergers américains. “L’intérêt positif du consommateur, ça fait toujours plaisir. Après, c’est toujours l’enjeu du porte-monnaie. Est-ce qu’il y a vraiment un futur pour l’amande suisse? On verra dans dix ans”, estime-t-il.
Céline Brichet/jop