Keystone-SDA

Le Cambodge a réclamé vendredi un “cessez-le-feu immédiat” et “inconditionnel” avec la Thaïlande lors d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU sur les affrontements entre les deux voisins. Les combats ont fait au moins 16 morts en deux jours.

(Keystone-ATS) Ce différend frontalier couve de longue date et a dégénéré jeudi en affrontements d’une violence jamais vue depuis 2011, impliquant des avions de combat, des chars d’assaut, des troupes au sol et des tirs d’artillerie.

« Le Cambodge a demandé un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et nous avons également appelé à une résolution pacifique du conflit », a déclaré l’ambassadeur du pays à l’ONU, Chhea Keo, à l’issue de cette réunion à huis clos. Les deux pays s’accusent mutuellement d’avoir ouvert le feu en premier et défendent leur droit à se défendre.

« Comment peuvent-ils [les Thaïlandais, ndlr] nous accuser, nous un petit pays avec une armée trois fois plus petite, sans force aérienne », d’attaquer « un grand voisin », a fait valoir M. Keo.

La Thaïlande fait état pour l’heure de 15 morts, le Cambodge d’un mort. Plus de 138’000 personnes ont été évacuées des régions frontalières de la Thaïlande, selon le ministère thaïlandais de la santé.

Appel à la retenue

Le Conseil de sécurité a de son côté « appelé les deux parties à la retenue et à une solution diplomatique. C’est ce que nous demandons aussi », a dit M. Keo. Aucun autre participant à cette réunion d’urgence demandée par le Cambodge n’a souhaité s’exprimer.

Vendredi, les tirs d’artillerie étaient encore audibles du côté cambodgien de la frontière. Mais la Thaïlande a laissé la porte ouverte à des négociations, avec la Malaisie comme possible intermédiaire.

« Nous sommes prêts, si le Cambodge souhaite régler cette question par la voie diplomatique, de manière bilatérale ou même par l’intermédiaire de la Malaisie. Nous sommes prêts à le faire. Mais jusqu’à présent, nous n’avons reçu aucune réponse », a déclaré à l’AFP le porte-parole du ministère thaïlandais des affaires étrangères, avant la réunion à l’ONU.

La Malaisie préside actuellement l’association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), dont la Thaïlande et le Cambodge sont tous deux membres.

Un peu plus tôt, le premier ministre thaïlandais par intérim, Phumtham Wechayachai, avait prévenu que l’aggravation des affrontements pourrait conduire à « une guerre ».

Ces combats constituent une escalade majeure dans le conflit de longue date entre le Cambodge et la Thaïlande, au sujet de leur frontière commune de 800 kilomètres. Les deux voisins contestent son tracé, défini durant l’Indochine française.

Une décision de la Cour internationale de justice de l’ONU en 2013 a réglé le problème pendant plus d’une décennie, mais la crise actuelle a éclaté en mai lorsqu’un soldat cambodgien a été tué lors d’un échange nocturne de tirs dans la zone du « triangle d’émeraude ».