Eric Schmidt, ex-PDG de Google, a conclu un accord avec Kiev pour livrer des drones intercepteurs conçus par sa société Swift Beat. L’objectif est de contrer les attaques russes par drones Shahed grâce à une technologie IA déjà testée avec un taux d’interception supérieur à 90 %.

Eric Schmidt, ancien PDG de Google et homme d’affaires américain, a signé un mémorandum avec Kiev permettant la livraison de “centaines de milliers” de drones intercepteurs en Ukraine, rapporte le Corriere della Sera.

L’objectif ? Créer un “bouclier anti-drones terrible pour la Russie” capable de contrer les vagues massives de drones Shahed lancées par Moscou, tout en réduisant drastiquement le coût de leur interception

Plus de 90 % de drones Shahed abattus

Trois types de drones sont en train d’être développés par Swift Beat, la société d’Eric Schmidt, indique le site Militarnyi : des drones intercepteurs, des drones de frappe ainsi que des drones kamikazes FPV, tous équipés de systèmes IA et de technologies sans pilote.

Selon l’analyste géopolitique spécialiste de l’Europe centrale et de l’Est, Ulrich Bounat, l’intégration d’un système l’IA pourrait changer l’équation : “Elle pourrait aider à mieux identifier les cibles, à mieux résister au brouillage, et, si jamais le signal était brouillé, le système pourrait alors devenir autonome, une fois la cible désignée, pour aller s’abattre dessus”.

Les premiers essais sont spectaculaires : plus de 90 % de drones Shahed abattus lors des tests, un chiffre confirmé sur le terrain, puisque l’Ukraine valide ses matériels directement en conditions réelles : “Les Ukrainiens testent et améliorent en direct, avec des boucles de développement très courtes”, précise le spécialiste. Le matériel est rapidement déployé, puis amélioré.

Un bouclier qui pourrait rétablir l’équilibre ?

L’accord avec Eric Schmidt ne porte pas seulement sur la technologie, mais sur la capacité de production industrielle. L’objectif : livrer des centaines de milliers de drones à Kiev dans les prochains mois. Si ce déploiement massif réussit, l’Ukraine pourrait rétablir l’équilibre face aux nouvelles vagues d’attaques russes, qui comptent parfois jusqu’à 500 à 600 drones Shahed par nuit.

Ces frappes ont récemment doublé le taux de pénétration du bouclier ukrainien, passé de 5 % à près de 15 % : “Ce système devrait ramener la protection au niveau antérieur, avec 95 % d’interceptions”, estime l’analyste géopolitique.

Changement de paradigme militaire

Cette collaboration illustre une évolution plus large : l’entrée des géants de la tech dans la guerre. Eric Schmidt qui soutient l’Ukraine depuis 2022 et voit dans ce projet à la fois un acte politique et une opportunité industrielle : “S’il peut dire demain que ses drones interceptent 90 % des Shahed, il trouvera forcément des acheteurs”, analyse Ulrich Bounat.

Pour Kiev, cette alliance s’inscrit dans une stratégie assumée : compenser son déficit de masse par la technologie : “Les Russes misent sur la quantité, parfois avec du matériel encore rudimentaire. L’Ukraine n’a pas cette masse et cherche à prendre l’avantage par la qualité”, explique le spécialiste de l’Europe centrale et de l’Est.

Ce “bouclier de drones” ne suffira pas à lui seul à renverser “l’équilibre aérien”, tempère Ulrich Bounat. Les avions de chasse et systèmes lourds resteront déterminants pour obtenir un jour la suprématie dans le ciel. Mais il pourrait changer la donne sur le terrain.